Un album qui prend pour titre « Krisis » ne peut que se situer dans les temps mouvants présents. Une référence à la revue des marxistes allemands de l’après première guerre mondiale voulant renouveler le marxisme ? Ou à une figure de rhétorique ? Les deux, peut-être.
L’instrumentation que propose Thierry Mariétan pour son deuxième opus pour le « Petit Label » a tout pour désorienter. Une contrebasse, Mariétan, un violoncelle, Karsten Hochapel associés à un piano, Paul Wacrenier et à un saxophone ténor, Alexandra Grimal pour créer des sonorités nouvelles, pour introduire vers d’autres mondes sans oublier les anciens. Le mariage le plus réussi est une danse séminole, « A seminole dance band », qui permet d’ouvrir les possibilités tout en restant attaché à la nécessité de la danse, du corps qu’il faut faire bouger pour faire pénétrer la musique.
Les compositions de Thierry Mariétan et de Paul Wacrenier suscitent la capacité d’improvisation des musicien(ne)s réunis. Capacité parfois mise en échec par une sorte de précipitation, de volonté de foncer sans assurer les arrières. Ces échecs sont nécessaires. Ils représentent la contrepartie de la création. Les laisser montre que l’héritage du jazz est toujours présent même si cette musique est difficile désormais à cerner. Ses éléments constitutifs se délitent pour, peut-être, ouvrir la porte à de nouvelles formes musicales qui pourraient devenir les prolégomènes de la musique du 21e siècle.
Toutes les références sont ici convoquées. Le free jazz - au début, pour laver les oreilles des sons routiniers -, le bebop, Coltrane, Wayne Shorter, Herbie Hancock et beaucoup d’autres sans oublier Chico Hamilton et ses drôles de groupe alliant violoncelle et guitare.
Alexandra Grimal fait la preuve de sa capacité à s’engager dans des voies pas très fréquentées pour donner à ces musiques la touche nécessaire.
Nicolas Béniès.
« Krisis », Thierry Mariétan, Petit Label, www.petitlabel.com