Face à l’horreur et à la douleur, le besoin de solidarité, d’entre-aide, d’échanges est important, vital. Cela commence bien entendu par prendre des nouvelles de ses proches, de ses amis, de ses collègues de travail. Les offres d’hébergement pour la nuit de vendredi à samedi qui ont fleuri sur le net procèdent de cette capacité humaine à la solidarité.
Puis, pour les enseignants, très vite, est venue la question de la journée du lundi, du moment où l’on va retrouver ses classes, ses élèves. Et les souvenirs douloureux ou amers de l’immédiat « après Charlie » ont resurgi.
Tous les témoignages sur la vie des établissements scolaires depuis lundi montrent la nécessité de réponses collectives, la demande d’espaces et de temps pour le débat, le dialogue. La multiplication, pendant tout le week-end, d’échanges sur les réseaux sociaux, mais aussi sur des listes de diffusion pour partager son émotion, son effroi ou sa colère, ou des ressources pour préparer ses interventions dans les classes lundi en est une illustration.
La prolongation de l’état d’urgence pour trois mois ne peut, ne doit pas se traduire par l’impossibilité, pour des raisons de sécurité, de pouvoir construire la pensée collective et porter nos revendications.
A ce titre l’annulation des manifestations, rassemblements ou événements tels que le salon de l’Education, celle des stages de formation continue ne sauraient être le signal de la mise sous l’éteignoir de l’action revendicative. Le SNES-FSU continuera à être auprès des collègues. Pour veiller aux respects des libertés individuelles et combattre toutes les dérives dans la mise en œuvre du plan d’urgence. Pour impulser les nécessaires débats sur l’avenir du second degré et du service public d’éducation.
L’état d’urgence dans l’Education Nationale, c’est aussi et surtout donner les clés aux jeunes pour comprendre, décoder et opposer naturellement la culture et la solidarité à la barbarie. C’est aussi ce défi que les enseignements se donnent depuis toujours.
Voir notre article : L’état d’urgence, quelles conséquences pour le droit syndical ?