En Allemagne de l’Est, au début des années 80, Paul est amoureux d’Anna qui file le parfait amour avec son meilleur copain, Georg.
La jour de ses seize ans, Paul passe un pacte avec Georg.
Après le départ de Georg, il pourra sortir avec Anna à la condition qu’il la lui rende à l’identique, le jour où il reviendra.
Trente années se sont écoulées. Paul a épousé Anna et il a eu avec elle, deux enfants qui ont maintenant autour de seize ans.
Georg réapparaît comme directeur du service d’une Société où travaille Paul. Est-il revenu avec l’intention de reprendre Anna ?
Denis Dercourt ouvre son récit avec une simplification et une rigueur narrative déconcertante.
Georg et Anna sur une moto, Paul sur son vélo, se rendent ensemble sur un lieu de baignade. Paul avoue à Georg qu’il est amoureux d’Anna. Le temps que les deux amis lancent le pacte et que Georg drague une autre fille, Anna sort de l’eau. Elle apprend le départ de Georg, s’en accommode et passe dans les bras de Paul.
Cette précision d’orfèvre avec laquelle Denis Dercourt procède pour lancer son récit, il la conservera tout au long de son film qui pourrait s’apparenter à une partition musicale ou à une suite de figures géométriques.
Ce parti pris de récit presque asséché, au lieu de nuire à la dramaturgie, lui apporte une force et une tension constantes et lui transmet une âpreté qui parfois, contraste avec une photographie toute en douceur.
D’une part Paul, Anna et leurs enfants, une famille qui vit dans la sérénité et d’autre part, Georg et sa compagne Yvonne, un couple machiavélique dont la moindre intention semble être un piège tendu.
Georg parviendra-t-il à déstabiliser Paul sur le plan familial ou sur le plan professionnel et quel rôle s’apprête à jouer Yvonne dans la destruction annoncée ?
Anna n’intéresse plus Georg et Paul va bientôt comprendre qu’un danger menace sa fille qui est la réplique "à l’identique" de sa mère à seize ans.
Denis Dercourt en même temps qu’il est réalisateur de films est un musicien, professeur d’alto et de musique de chambre au Conservatoire de Région de Strasbourg.
Son parti pris narratif lui est sans doute inspiré de son goût pour la musique et pour l’opéra.
Son récit, tout en gardant la même ligne, va crescendo jusqu’à un final glaçant.
Il y a quelque chose du cinéma d’Hitchcock dans ce film de Denis Dercourt qui est surtout une œuvre personnelle et totalement maîtrisée.
Le cinéma allemand lui conviendrait-il mieux que le cinéma français ?
Francis Dubois