Parce qu’il en a fait la promesse à sa femme en 1919, quatre années après la terrible bataille des Dardanelles dans la péninsule de Gallipoli, Joshua Connor, un paysan australien, se rend en Turquie à la recherche de ses trois fils portés disparus.
Malgré les difficultés qu’il rencontre face à la bureaucratie militaire, sa détermination ne faiblit à aucun moment.
Sur son chemin semé d’embûches, il trouvera des alliés en la personne d’Ayshe, la propriétaire de l’hôtel où il séjourne à Constantinople ainsi que dans sa rencontre avec un officier turc qui a combattu contre ses fils.
Ses talents de sourcier aideront Joshua à retrouver le chemin qui le conduira à ses fils à chaque fois qu’il s’égare.
Russel Crowe, metteur en scène (et acteur principal du film) a fait, pour conduire son récit, le choix de l’épopée, de la fresque guerrière, vastes démonstrations attendues entrecoupées de moments d’intimité dont la tonalité trop souvent plaintive finit par faire barrage à l’émotion.
Les scènes de bataille sont filmées avec l’efficacité spectaculaire qu’on attend, jusqu’à saturation
de l’image et d’une bande-son à l’avenant.
Le film de Russel Crowe est-il, de cette façon, dans la tonalité qui sert au mieux ce genre de fresque historique ? Aurait-il gagné à faire preuve de plus de modération dans sa démarche démonstrative ? A adopter un ton plus sobre ?
Certains retrouveront avec plaisir une mise en scène à l’ancienne mêlant l’intime à la reconstitution historique avec, au centre du récit, un personnage dont la détermination est étayée par autant de puissance que de candeur.
Ces spectateurs trouveront dans l’humanité dont font preuve tous les personnages annexes à l’égard de Joshua, de quoi répondre à leur désir de voir sur l’écran une embellie vaste et généreuse dans un monde guerrier et cruel.
D’autres verront dans l’accumulation des obstacles et dans la générosité qui lui fait face, un angélisme qui fausse le récit historique pour privilégier une mise en scène essentiellement visuelle.
L’application avec laquelle Russel Crowe conduit son récit, l’épanchement des sentiments qui viennent en contre partie de la méchanceté de la guerre, le comportement irréprochable d’un père dans le respect de ses promesses et la solidarité que se témoignent trois frères jusque dans la mort
finissent par donner, sur la durée, quelque chose d’artificiel qui aurait à voir avec les codes du conte et ferait oublier que l’histoire repose sur des faits réels.
Savoir-faire ou exercice plat ? C’est au choix.
Francis Dubois