Wahab, un jeune homme, est réveillé en pleine nuit par un coup de téléphone lui apprenant que sa mère, malade d’un cancer, est en train d’agoniser et qu’il doit rapidement se rendre à l’hôpital. Il part dans la tempête de neige pour attraper un bus, s’emporte contre le chauffeur, quitte le bus, marche à pied. Il va à la rencontre de sa mère avec laquelle les rapports ont été chaotiques. La mort de celle-ci le renvoie à l’enfance au Liban, à l’époque de la guerre, quand il avait sept ans et à ses cauchemars.
Dans ce texte écrit par Wajdi Mouawad, on remonte dans la vie du narrateur, des neiges du Québec à l’enfance au Liban, on découvre le secret qui a bouleversé son enfance et son adolescence. Wahab revient sur ses émotions d’enfant, dépassé par une violence qu’il ne comprend pas, ses révoltes et sa rage d’adolescent, ses efforts pour éradiquer la peur et apprivoiser la mort. On est comme dans un conte où se mêlent le réalisme et le fantastique, la poésie et le merveilleux, l’intime et les traumatismes de l’Histoire.
- Théâtre : un obus dans le coeur
La mise en scène est sobre : un banc, siège de bus ou d’hôpital, Wahab qui enfile la cagoule de son pull ou la retire, s’emmitoufle dans un pardessus ou l’enlève et l’on passe d’un lieu et d’un âge à l’autre. Des images vidéo floues comme dans les souvenirs évoquent l’enfance, l’ailleurs. Des bruits de klaxon suffisent à nous transporter dans les rues populeuses du Moyen-Orient. Gregori Baquet est Wahab, ce bloc de douleur et de rage. Il est excellent, il a d’ailleurs obtenu le Molière 2014 de la révélation masculine pour ce rôle. On est suspendu à ses lèvres et, comme le narrateur du texte, « on se précipite sur les mots et on les boit avidement ».
Micheline Rousselet
Tous les lundis à 21h15 jusqu’au 20 avril. Du mardi au samedi à 19h30 du 2 au 27 juin
Théâtre Les Déchargeurs
3 rue des déchargeurs, 75001 Paris
Réservations (partenariat Réduc’snes tarifs réduits aux syndiqués Snes mais sur réservation impérative) : 01 42 36 00 50