Le développement de la scolarisation dans le second degré s’est accompagné d’un formidable accroissement du besoin d’éducation touchant de plein fouet les CPE. Leur champ d’intervention s’est élargi et leur charge alourdie, particulièrement à notre époque marquée par l’accroissement des inégalités sociales et des polarisations scolaires. La mobilisation pour le service public de moyens conséquents et adaptés, notamment en personnels est un enjeu majeur pour le système éducatif. Pour ce qui les concerne, les CPE sont confrontés à l’insuffisance patente des dotations en postes d’éducation, mais aussi en postes d’assistants d’éducation, d’assistantes sociales, d’infirmières et de CO-Psy. Cette situation induit d’importantes dérives : effectif d’élèves à suivre trop important, travail « dans l’urgence », tentatives par des chefs d’établissement d’imposer aux CPE des tâches non prises en charge par d’autres catégories, quand ce n’est pas le pur et simple dévoiement de la fonction. Des mesures immédiates devraient permettre à chaque établissement de fonctionner avec des équipes éducatives complètes. La loi de refondation de l’École et de programmation de 2013 reste pourtant très floue sur les créations de postes de personnels non enseignants. La position du SNES-FSU est claire : il convient de combattre ces dérives et d’imposer pleinement et partout la fonction d’éducation telle qu’elle est définie par le statut, qui doit ­s’appliquer y compris dans les établissements dont le chef en nierait le sens et la portée. C’est l’intérêt des personnels, mais surtout des élèves et du service public d’éducation. Un peu d’histoire : Création des CPE – exit le surveillant général • 1970 : Abandon du concept de surveillance générale et création des corps des CE et des CPE sous la pression conjuguée des évolutions de l’école et des conceptions éducatives, des mouvements sociaux de 1968 et de l’action des personnels. Cependant, les CE-CPE « participent [encore] aux responsabilités éducatives des personnels de direction » (statut de 70). • 1972 : Première circulaire de fonction. Les CE-CPE « ont une mission d’animation éducative » et « des tâches de caractère pédagogique » mais aussi « pour tâche particulière de veiller à la sécurité physique et morale des élèves » (circulaire de 1972). Les personnels d’éducation demeurent des auxiliaires des chefs d’établissement, soumis aux mêmes exigences de service. Un nouveau métier – de nouvelles missions • 1982 : Dans la foulée des changements politiques, création de postes et parution sous la pression du SNES et des personnels de la seconde circulaire de fonction qui marque de fait la sortie des CE-CPE de l’équipe de direction, l’apparition du maximum horaire (39h), et une définition nouvelle de la fonction affirmant plus nettement la nature éducative et pédagogique du métier. • De 1982 à 1988 : Les plans d’intégration des MA et des instructeurs dans le corps des CE ont permis la régularisation de la situation des divers « faisant fonction ». C’est un premier pas positif d’affirmation de l’identité professionnelle. • 1986 : Ouverture du premier véritable concours externe qui permet d’accéder aux corps au sortir de l’université et définition d’un contenu de formation initiale. Les CPE dans l’équipe pédagogique • 1989 : Action d’ampleur à l’appel du SNES qui débouche sur un « plan de revalorisation de la fonction enseignante » incluant une relative amélioration de la situation financière des personnels et l’unification des corps d’éducation au niveau CPE. Les CE-CPE entrent de plain-pied dans l’équipe pédagogique (loi d’orientation de 1989 – art. 14, intégrée au Code de l’Education, Décret n°70-738, article 4). Modification du statut qui officialise la sortie de l’équipe de direction et affirme l’orientation pédagogique des fonctions. « Les CE-CPE exercent leurs responsabilités éducatives… » et sont « associés aux personnels enseignants – pour le suivi des élèves et leur évaluation » ; aux personnels enseignants et d’orientation pour le « conseil aux élèves dans le choix de leur projet d’orientation » . • Mars 1992 : Installation sous la pression du SNES de la formation initiale des CPE au sein des IUFM qui marque une étape importante de la professionnalisation du métier. • 1995-1996 : Définition d’un nouveau concours externe, à contenu disciplinaire et universitaire, similaire à un CAPES. • Avril 1996 : Circulaire sur l’organisation du service pendant les congés scolaires dans le respect des missions des CPE, une avancée. • Septembre 2001 : Fin de l’intégration des CE dans le corps des CPE. Aménagement et réduction du temps de travail • Septembre 2002 : Parution des arrêtés et du décret du 4/9/02 (JO du 11/9/02) relatifs à l’ARTT, combat contre l’annualisation du temps de travail qui aboutit aux 35 heures hebdomadaires, toutes tâches comprises. • 2003 : malgré des mouvements de grève d’ampleur, mise en extinction du corps des MI-SE et recrutement par contrat public local des assistants d’éducation. • 2006 : La tentative de faire désigner par le chef d’établissement le CPE appelé à siéger dans les différentes instances (CA, conseil de discipline, conseils de classe) est repoussée. • 2007 : Le ministère remet en cause le schéma de formation des CPE comparable à celui des enseignants, le maintien en IUFM est obtenu grâce à la pression du SNES-FSU. • 2007-2011 – Révision Générale des Politiques Publiques : le non remplacement d’un départ à la retraite d’un fonctionnaire sur deux a pour conséquence l’effondrement des recrutements. Malgré la réouverture en 2010 du concours interne et la légère augmentation des postes au concours externe, la pénurie de CPE titulaires touche toutes les académies. Le corps perd plusieurs centaines de titulaires et le potentiel de titulaires remplaçants s’effondre, le recours aux contractuels est massif. • 2009 : Mise en place des heures à taux spécifique pour l’accompagnement éducatif en collège (30 €). Mastérisation • 2010 : les CPE sont intégrés dans les nouvelles modalités de recrutement et de formation des enseignants. Ce dispositif, outre qu’il supprime l’année de stage, réduit les temps de formation communs avec les professeurs et place directement les stagiaires en situation, réforme unanimement dénoncée. Accélération de l’avancement des 5 premiers échelons de la carrière. L’évaluation en question • 2011 : Un protocole d’inspection présenté par l’Inspection Générale sans concertation avec les représentants du personnels. « Valorisation » selon l’IG de la spécificité éducative du métier ou tentative de le réorienter en contournant la réécriture des textes règlementaires. L’expérience montre l’inadéquation de ce protocole avec les pratiques professionnelles. • 2012 : suppression des décrets sur l’évaluation des enseignants et des CPE suite à l’action des personnels et au changement de gouvernement. Cet décrets faisaient du chef d’établissement l’évaluateur unique avec un poids sur l’évolution de la carrière. Textes unanimement dénoncés. Reprise des recrutements • 2012 : Loi Sauvadet de résorption de la précarité (Loi 2012-347 du 12 mars 2012). Loi utile mais insuffisante pour permettre la titularisation des nombreux contractuels.. Augmentation des postes aux concours internes et externes. Collectif budgétaire qui créé 100 postes de CPE supplémentaires. • 2013 : Concours exceptionnel anticipé et réouverture du concours réservé. Vers une reconnaissance du métier • avril 2013 : Nouvelles modalités d’épreuves du concours pour la session 2014, niveau de recrutement ramené à la 1ère année de Master. • juin 2013 : Augmentation du pourcentage de promotions des CPE à la hors classe de 5 à 7 % comme pour les certifiés. Une mesure de justice revendiquée par le SNES-FSU depuis 2005. Loi d’orientation et de programmation pour la refondation de l’école • Juillet 2013 : Publication du référentiel des compétences professionnelles des métiers du professorat et de l’éducation. La partie commune rapproche ces professionnels impliqués dans le suivi des élèves. La dimension éducative et pédagogique spécifique au CPE trouve sa place dans les huit compétences des CPE. Durant toutes les discussions préalables à la publication, le SNES-FSU a fait entendre ses arguments contre une vision managériale du métier. • De janvier à juin 2014 : À l’ occasion du chantier ministériel sur les missions des personnels, le SNES-FSU a largement contribué par ses nombreux amendements à faire prévaloir l’identité éducative du métier et le travail avec les équipes pédagogiques dans le respect du statut. Chercher les meilleures conditions de vie individuelle et collective et d’épanouissement des élèves comme leur réussite sont des objectifs ambitieux dont la future circulaire devra préciser les responsabilités propres aux CPE et celles partagées avec la communauté éducative. Le positionnement des CPE en tant que concepteurs de leur activité, est conforté. L’organisation de l’équipe de vie scolaire, la contribution à la qualité du climat scolaire, la préparation des élèves à l’exercice de la citoyenneté, à l’autonomie, à leur insertion dans la vie sociale et professionnelle font aussi du CPE un acteur de premier plan de la politique éducative de l’établissement. Après le référentiel de compétences professionnelles en 2013, ce cycle de discussions de 2014 constitue une nouvelle avancée pour le métier de CPE qui devrait aboutir à une circulaire de missions pour la rentrée 2015. Programmation en septembre 2015 de l’alignement du montant de l’indemnité forfaitaire des CPE sur celui de la part fixe de l’ISOE des enseignants Et maintenant ?… Le chemin parcouru depuis quarante ans est considérable. Il doit beaucoup à la détermination des personnels à faire évoluer leur métier au plus près des besoins des élèves. Pour autant, comme le SNES-FSU l’a rappelé dès l’ouverture des discussions, le métier ne peut se concevoir sans lien avec les conditions dans lesquelles il s’exerce. Trop de questions sont encore en suspens, qui vont parfois jusqu’à mettre en cause la faisabilité du métier, en particulier celle du nombre d’élèves pris en charge. Le SNES-FSU demande d’autres rendez-vous sur ces thèmes avec le ministère. Les revendications du SNES-FSU • Des créations de postes pour parvenir à terme à un taux d’encadrement moyen d’un CPE pour 250 élèves (400 collèges sont encore dépourvus de poste…) et répondre aux besoins en remplacement ; dans l’immédiat, le SNES-FSU demande 30 points de NBI par CPE (congrès de Reims) ayant en charge plus de 250 élèves. • L’ARTT ne s’est pas accompagnée des créations de postes nécessaires et après la politique de suppression d’emplois publics, la reprise des recrutements de CPE doit s’amplifier et être programmée dans le cadre d’un plan pluriannuel. • Le refus de toute annualisation du temps de travail et la publication d’un décret portant définition du service hebdomadaire des CPE à 35 heures et cadrant nationalement les missions. Le SNES-FSU demande que les éventuels dépassements exceptionnels ouvrent droit à récupération ou à rémunération (congrès de Marseille, 2014). • Pour les CPE exerçant en REP+, une indemnité équivalente à 1,8 HSA. • L’alignement des « heures à taux spécifique » des CPE sur les HSE. • La suppression de toute participation des CPE à une « permanence administrative » qui n’a aucun rapport avec leur fonction et la limitation de leur présence pendant les congés des élèves à une semaine maximum (pendant les vacances d’été et jouxtant la sortie ou la rentrée des élèves). • Conseil d’administration : le congrès de Strasbourg (2001) s’est prononcé pour la sortie du CPE du CA en tant que membre de droit. • La création d’une agrégation d’éducation (externe, interne, liste d’aptitude) ou d’une équivalence et d’un corps d’inspection d’éducation spécifique. • Une revalorisation de la carrière ainsi que le doublement de la part fixe de l’ISOE et la revalorisation à ce niveau de l’indemnité des CPE (congrès de Reims). • Une meilleure reconnaissance du métier s’est amorcée dans le cadre des discussions ministérielles, une tendance qu’il reste à conforter à tous les niveaux et sur le terrain comme dans la formation initiale et continue.

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