Nous ne trierons pas nos élèves !

Le rapport de l’Inspection générale du ministère de l’Éducation nationale publié le 17 juin est sans appel : les groupes de niveaux tels que les voulait Gabriel Attal ne sont bénéfiques, ni pour les élèves, ni pour les personnels, ni pour notre système éducatif. C’est donc une preuve de plus de l’échec cinglant du « Choc des savoirs » commandé par cet ex-ministre de l’Éducation nationale, occupé d’abord par son avenir politique plutôt que par les intérêts des élèves et de l’École publique.


Ce rapport montre que les groupes de niveau n’ont apporté aucun bénéfice aux élèves en difficulté, qui ne rattrapent pas leurs camarades et les autres se voient mis en compétition, ce qui ne convient pas à tous et toutes. Le risque de creusement des inégalités est bien réel. Il souligne aussi la désorganisation des établissements que le « Choc des savoirs » a entraîné : problème d’emplois du temps, difficultés à trouver des professeur·es principales et principaux etc.
Il confirme aussi que la mesure n’a pas rencontré l’adhésion de la profession en soulignant l’opposition de bon nombre de professeur·es sur des questions de principe : la campagne du SNES-FSU sur le mot d’ordre « nous ne trierons pas nos élèves » a donc trouvé un large écho dans la profession. Notre enquête de novembre 2024 l’avait déjà montré : seuls 26 % des collèges appliquaient à la lettre les mesures Attal.


Qui aurait pu prédire..?

Si ce rapport montre que les analyses et les alertes du SNES-FSU étaient fondées, il laisse aussi un goût amer. Un an a été perdu et deux cohortes d’élèves, une en Sixième et une en Cinquième ont été sacrifiées. Comme au sujet de la réforme du bac et du lycée, le SNES-FSU avait raison dès le début ! Non parce qu’il aurait des dons divinatoires mais parce que le SNES-FSU, première organisation syndicale du second degré, est fort de son ancrage sur le terrain et de la richesse de son expertise professionnelle, que complètent les apports de la recherche.
La démocratie sociale ne doit pas être un vain mot : il est urgent de la faire vivre, en écoutant et respectant les organisations syndicales.

Une urgence : l’abandon du “Choc des savoirs” !

La mission recommande en premier que les groupes de niveau ne se fassent plus sur la totalité de l’horaire de mathématiques ou de français, ce qui revient à neutraliser la mesure phare du « Choc des savoirs ». Le SNES-FSU remarque que les effets positifs de la baisse des effectifs est plébiscitée par toutes et tous (professeur·es, élèves, parents). D’autres recommandations sont en revanche très problématiques. Celle demandant le développement de l’autonomie des chef·fes d’établissement passe totalement sous silence les compétences légales décisionnelles des équipes enseignantes (partie pédagogique du projet d’établissement) et du conseil d’administration des EPLE (fixation des principes de mise en œuvre de l’autonomie de l’établissement, organisation de l’établissement en classes et groupes, usage des dotations horaires). Le rapport insiste aussi sur les défauts de formation des enseignant·es : le SNES-FSU estime qu’il est particulièrement déplacé, voire provocateur, de laisser penser que les impasses de notre système éducatif seraient liés à un manque de formation. La formation continue a été méthodiquement démantelée par les derniers ministres et les personnels ont subi des réformes pensées contre eux.

Les recommandations de la ministre suite à la publication du rapport sont insuffisantes et inquiétantes quand elles marquent une continuité avec la politique actuelle, et vont même à l’encontre du rapport ! Ainsi, elles maintiennent les regroupements en fonction des « besoins » des élèves définis par leurs résultats aux évaluations nationales alors que le rapport de l’inspection en pointe toutes les limites. Elles en viennent même à remettre en cause l’inclusion des élèves à besoins éducatifs particuliers. Tout cela est inacceptable !

Des mesures d’urgence s’imposent : le SNES-FSU exige de la ministre des recommandations claires sur la fin des groupes de niveaux en Sixième et Cinquième dès la rentrée 2025 mais aussi un budget 2026 qui permette notamment la diminution des effectifs dans les classes. La baisse démographique des effectifs élèves doit être mise à profit : il faut, a minima, cesser de supprimer des emplois pour améliorer petit à petit les taux d’encadrement en collège et en lycée.


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