Le lycée « poursuit son évolution »

C’est en lisant la conclusion de la circulaire que l’on en mesure le mieux le vide sidéral quant à l’analyse de la situation dans les lycées généraux et technologiques. La rentrée 2016, doit « permettre de concrétiser une refondation nécessaire » sans que le bilan de la réforme Chatel du lycée n’ait été tiré, sans que les problèmes du lycée n’aient été mis sur la table, a fortiori des solutions proposées. Sous l’intitulé « 4. Le lycée poursuit son évolution » (p. 8 du BO du 14 avril 2016) on trouve essentiellement un développement sur l’enseignement professionnel. Trois paragraphes seulement sont consacrés au LGT, dont un à la rénovation de la série « Sciences et technologies de l’hôtellerie et de la restauration ». La circulaire commence par se féliciter de l’introduction d’un enseignement facultatif ICN (informatique et création numérique) dans les classes de première générale. Pourtant, à l’automne 2015, suite à la publication du rapport de la Cour des Comptes sur le coût des lycées, la ministre reprenait à son compte le postulat pourtant contestable d’un lycée trop coûteux. Elle énumérait les exemples d’économies réalisées grâce aux réformes de ses prédécesseurs de gouvernements pourtant de droite et se félicitait des économies d’échelle, de l’augmentation du nombre d’élèves par classe, du non-financement des options facultatives… Doit-on penser que le numérique échappe à cette « chasse au gaspi » ?

Orientation et redoublement : des dispositifs peu convaincants

La circulaire contient par ailleurs plusieurs affirmations concernant l’orientation, le lien avec le supérieur, et le redoublement (p. 11 « Favoriser la réussite de chaque élève grâce à une orientation choisie et préparée ») qui encore une fois ne tiennent pas compte des difficultés rencontrées par les élèves et les personnels. On ne peut qu’être d’accord avec l’affirmation que le lycée doit permettre d’assurer la poursuite d’études dans le supérieur. Mais l’accent est mis sur le rôle de l’accompagnement personnalisé, des stages de remise à niveau et des « stages passerelles », et jamais sur les conditions d’enseignement et de travail qui permettraient davantage de réussite et une orientation plus pertinente. Comme si l’AP n’était pas un des dispositifs du lycée Chatel les plus contestés par les enseignants, dans ses modalités d’organisation comme dans son contenu, il devient « un levier essentiel pour contribuer à la réussite et à la construction de son choix d’orientation ». Plus de 80 % des répondants à notre enquête ont répondu « non » à la question « L’AP permet-elle réellement un meilleur suivi individualisé des élèves ? » La circulaire de rentrée rappelle l’importance du soutien des équipes enseignantes, des CPE et des COPsy pour aider les élèves dans la procédure APB, ce que tous font déjà, et ce qui participe de l’alourdissement de leur charge de travail. La question du redoublement au lycée n’est évoquée que pour la classe de terminale, la circulaire évacuant la nouveauté introduite à la rentrée 2015 de la disparition du redoublement en seconde, ce qui aura forcément des conséquences en première à la rentrée 2016. AP, stages passerelles et stages de remise à niveau y pourvoiront sans doute… Quant aux élèves ayant échoué au baccalauréat, la circulaire affirme que leur accueil « est un enjeu majeur et doit être anticipé dans les académies » alors que l’on sait que dans beaucoup d’entre elles les moyens en dotation horaire supplémentaire n’ont pas été accordés, les prévisions d’effectifs pour la rentrée 2016 (d’ailleurs sous évaluées comme on l’a appris récemment) ne prenant pas en compte ces redoublants de terminale.

La mise en place de l’EMC : aucun problème !

Pour finir, dans la troisième partie, « III. Une école qui fait vivre les valeurs de la République » (p 15), la question de la mise en place problématique de l’EMC dans les filières technologiques n’est évidemment pas abordée. Manifestement, l’introduction de cet enseignement n’a posé en 2015 aucun problème et cela continuera en 2016. La nécessité d’une « dynamique nouvelle en faveur de la vie lycéenne » est réaffirmée, sans que les autres éléments d’amélioration du climat scolaire ne soient évoqués (effectifs dans les classe, moyens en personnels de vie scolaire…) Circulaire de rentrée 2016 (BO du 14 avril 2016)

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