La formation à Bac + 6 correspond même à la revendication de plusieurs organisations de psychologues pour TOUS-TOUTES les psychologues, quel que soit leur champ d’intervention.

L’argument avancé est celui de la clinique. Seuls les psychologues formé·es en psychologie clinique et pathologique pourraient être considéré·es comme de VRAI·ES  psychologues ! Cette position n’est pas nouvelle. C’est un choix délibéré qui élimine de la psychologie tous les autres psychologues qui exercent dans l’Éducation nationale, le travail, l’Aide Sociale à l’Enfance, la PJJ, la fonction publique territoriale, etc.

Enfin, c’est oublier que les PsyEN ont passé un concours à l’issue de leur Master, suivi d’une année de formation. Elles·ils viennent de différents Master, dont ceux de psychologie clinique et pathologique, psychologie de l’enfant et de l’adolescent, etc. Ces apports des différents champs de la psychologie enrichissent notre profession.

Cette manière de concevoir le travail du psychologue montre bien qu’en dehors du soin, la prévention, l’accompagnement des étapes du développement psychologique et social, le suivi psychologique sont considérés comme négligeables.

Cette vision réductrice du développement des personnes et du rôle de la·du psychologue est portée par un parti pris idéologique du gouvernement sur la place des psychologues. À savoir, la prise en charge des difficultés psychologiques transitoires du développement doit se faire en dehors des institutions. Pourtant, en dehors des interventions psychothérapeutiques, le travail de prévention et de suivi psychologique peut contribuer à aider les enfants et les adolescent·es à surmonter des étapes difficiles.

Or, seul le dispositif « Mon soutien Psy » apparaît aujourd’hui comme l’alpha et l’oméga des réponses en matière de santé mentale.

L’École n’est pas un lieu de soin et ne doit pas le devenir.

Mais on peut s’interroger sur la position du MEN quand la ministre déclare que  «  l’École est un lieu de santé ! » Grande est la tentation pour faire entrer dans l’École des psychologues extérieur·es afin de donner l’illusion d’une « véritable prise en charge psychologique », alors que le suivi thérapeutique ne peut se faire dans l’institution (par ex : des psychologues du programme de réussite éducative rémunéré·es par une municipalité, des points écoutes accueils jeunes (PEAJ) assurés par des psychologues de la Maisons des adolescents.(MDA).

Plusieurs rapports ont mis en avant la nécessité d’une reconfiguration du soin psychique pour faire face à la pénurie de pédopsychiatres.

L’École est indistinctement considérée comme le niveau 1 qui place au même plan l’intervention des assistant·es de service social, des infirmier·ères, des référent·es en santé mentale et des PsyEN. Le niveau 2 est constitué par les CMPP et les Plateformes de Coordination et d’Orientation (PCO), le niveau 3 par les structures de soins psychiatriques.

Cette perspective conçue par les médecins, sans concertation avec les psychologues, conduit à focaliser le travail des « personnels ressources » sur le repérage, la détection et une évaluation diagnostique des situations. On voit d’emblée sur quelle fonction spécifique les PsyEN vont être mobilisé·es par le DASEN dans ce schéma : les bilans psychométriques !

Les PsyEN, pas « vraiment psychologues », mais assurément psychotechnicien·nes aux yeux du monde médical, seraient donc censé·es compenser le déficit des psychologues dans les PMI, l’Aide Sociale à l’Enfance, les MDPH, et surtout assurer la visite médicale de 6 ans qui relève d’une obligation légale et pour laquelle l’État est en difficulté.

Le nouveau « Psychologue chargé d’une fonction de santé mentale » pour le département, devra donc faire appliquer les directives du DASEN quelles que soient les structures demandeuses de bilans. Déjà aujourd’hui, les demandes de bilans émanant des médecins, des CMPP, des MDA s’intensifient parfois de manière très injonctive.

Peu importe les postes vacants, la restriction des frais de déplacements, le manque d’outils, les tâches déjà colossales pour des secteurs surchargés difficile à couvrir ! Chacun à sa place et la santé mentale sera bien gardée !

Alors que plusieurs évènements dramatiques ont mis récemment en lumière la montée de la souffrance psychique chez les adolescent·es e et leur grand désarroi dans la recherche de repères identitaires, le MEN décide de porter l’effort sur le premier degré. Cette décision traduit bien la conception dominante de l’origine des troubles et de la nécessité des dépistages les plus précoces possibles. Le rapport de l’INSERM de 2005 sur les troubles des conduites n’est pas loin !

Dès lors, en lien avec la concertation sur l’orientation, le MEN ne va-t-il pas être tenté de donner la priorité aux postes manquants dans le premier degré, au risque d’ouvrir grand les vannes du second degré vers le premier, sous prétexte d’une prise en charge plus importante de l’orientation par les régions ?

La nouvelle structure proposée pour le “santé-bien être-protection de l’enfance” auprès du DASEN, traduit une confusion totale de l’organisation et du pilotage des PsyEN !

Au niveau départemental, un·e psychologue prélevé·e sur le terrain, qui aurait une fonction de « santé mentale »; au niveau académique, deux « référent·es en santé mentale, un·e EDA et un·e EDO »; au niveau ministériel une « conseillère technique santé mentale ». Et parallèlement à tout cela, il y aurait une chaîne hiérarchique officielle, assurée par des IEN et IEN IO et des DRAIO ! Nul doute que les personnels vont en faire les frais sur le terrain !


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