Le menu était copieux pour la discipline cet automne, puisque les sujets se sont enchaînés, qui, tous, impacteront l’enseignement de mathématiques en collège comme en lycée, et redéfiniront le métier de professeur·e de cette discipline notamment à travers la réforme de la formation initiale et du CAPES. Avant la trêve des confiseurs, il est temps de faire un point de situation, thème par thème.

Évolutions en collège


Nouveaux programmes de Cycle 4

Les premiers échanges avec les organisations syndicales sur les projets de programmes se sont tenus courant novembre avec le ministère. Le SNES-FSU a fait des propositions extrêmement détaillées et précises sur ces projets de programme, tout en refusant d’y voir figurer des formulations qui visent à inscrire explicitement dans ces programmes, à travers l’instrumentalisation des mathématiques, l’acquisition des Compétences Psycho-Sociales (CPS) définies par … le ministère de la Santé au travers des productions de Santé Publique France.

Le SNES-FSU a dénoncé vivement le recul de la liberté pédagogique que traduisent ces programmes, pour une large part déclinés sous la forme d’injonctions extrêmement précises, détaillées et contraignantes sur la manière d’aborder les notions, sur les types d’exercices à faire maîtriser, etc. Certes, le ministère a renoncé à encadrer la production des manuels à travers des manuels labellisés ; mais ces projets de programme, qui entendent imposer les pratiques pédagogiques en constituent le prototype et font courir le risque d’une totale standardisation de l’exercice professionnel. C’est pourquoi le SNES-FSU a fait des propositions détaillées sur l’ensemble du programme pour limiter au maximum cette standardisation et permettre aux collègues de garder la pleine liberté d’exercer leur expertise professionnelle dans la construction des apprentissages.

Le SNES-FSU s’est enfin inquiété de la place que prennent les automatismes dans ce projet de programmes, ce qui percute l’alourdissement générale de ces derniers, et le développement d’une plus grande ambition dans les notions mathématiques travaillées. Depuis la circulaire « Une nouvelle dynamique pour les mathématiques » de janvier 2023, on sait que le ministère entend courir deux lièvres à la fois : « Au collège, lutter contre la grande difficulté scolaire en mathématiques et cultiver l’excellence ». Il est craindre que la construction des programmes de cycle 4 ne fasse qu’aggraver les inégalités de réussites entre élèves en visant pour certain·es la seule maîtrise des automatismes, et pour d’autres, la préparation de cursus plus exigeant en mathématiques. Ce retour, dans les programmes, de la logique des « groupes de besoins », battue en brèche par la profession, n’est sûrement pas le fruit du hasard.

On trouvera ci-dessous la déclaration générale du SNES-FSU sur ces programmes en ouverture de la concertation :

Par ailleurs, le rythme de mise en place des programmes de cycle 4 reste pour le moment unique, pour tous les niveaux, à la rentrée 2026. Compte tenu de la charge de travail que cela supposerait pour les collègues, et du caractère très précisément séquencé des apprentissages année par année (retour à des cadres annuels stricts, beaucoup plus précis que de simples repères annuels de progression) et de leur cohérence globale, le SNES-FSU a porté et porte toujours la revendication d’un échelonnement de l’instauration de ces programmes en commençant par la Cinquième, à la suite du changement de programme de Sixième à la rentrée 2025.


Sujets 0 du nouveau DNB

Le ministère a mis en ligne les sujets 0 que le SNES-FSU réclamait depuis de long mois. Ils correspondent bien à la nouvelle maquette de l’épreuve du DNB, découpée en deux temps.

Le SNES-FSU est par ailleurs intervenu auprès du ministère pour faire préciser l’organisation pratique de cette épreuve de 2h en deux parties, et notamment la bascule entre partie avec calculatrice et celle sans calculatrice : des informations diverses circulent selon les académies (deux copies séparées ou pas, temps de pause entre les deux pour la gestion matérielle ou pas, etc.) alors que la première tenue de l’épreuve est prévue sur un créneau de 2 heures le 30/06/26, de 10h à 12h, soit donc dans une durée correspondant bien à la maquette, mais se souciant assez peu des contingences pratiques de passation…

La partie « automatismes » interroge, puisqu’aucune liste claire des automatismes ne figurait pour le moment dans les programmes de cycle 4 : l’oubli a été réparé bien après la rentrée… Ceci peut expliquer peut-être le niveau assez basique des exemples de questions proposées, mais ne correspond pas à la liste projetée de ces automatismes dans les projets de cycle 4 actuellement en discussion… Des évolutions se produiront donc sans doute, au fur et à mesure des sessions, en fonction aussi du rythme de déploiement des programmes de cycle 4.

Les sujets 0 sont consultables en ligne. Le groupe mathématiques du SNES-FSU est preneur des retours que les collègues voudront bien lui faire parvenir (nous écrire).

Évolutions au lycée : aménagements des programmes


Profitant de la modification en cours des programmes de mathématiques du cycle 4, et de l’introduction de la nouvelle épreuve de mathématiques anticipée en fin de Première (EACM), le ministère a lancé une série d’aménagements des programmes de lycée, principalement en Seconde, un peu moins en Première et très à la marge en Terminale.

Au niveau Seconde

Une liste des automatismes évalués à l’EACM sera intégrée au seins des programmes. Comme elle est pratiquement identique à la liste de ceux publiés à la rentrée 2025 pour les classes de Seconde et Première, cela facilitera leur intégration dans le travail quotidien des professeure·es de mathématiques, et celui des élèves. Pour autant, l’alourdissement général du programme de Seconde est patent, ce que le SNES-FSU a dénoncé sans ambiguïté, en proposant des modifications.

Comme pour les programmes de cycle 4, le SNES-FSU a fait des propositions visant à exclure du champ des objectifs pédagogiques le travail axé sur l’acquisition des compétences psychosociales (CPS).
Au passage, le SNES-FSU a demandé des reformulations des aménagements de programme relatifs à l’évaluation des élèves, pour couper court à la tentation de déléguer la remédiation à des temps où les élèves seraient renvoyé·es, seul·es, à des travaux répétitifs et mécaniques, du type ce ceux proposés par MIA-Seconde (logiciel encore en phase de déploiement dans des conditions plus qu’opaques à cette rentrée, « dopé » à l’IA censée construire automatiquement des parcours de remédiation pour les élèves en difficulté). Les débats, menés dans un cadre multilatéral avec les autres organisations syndicales, ont montré que, non seulement ce risque était bien présent, mais qu’il constituait un axe d’évolutions souhaité par certaines organisations syndicales.

Ces propositions d’ordre plus général dans le préambule ont également été portées par le SNES-FSU sur les programmes de Première générale et technologique, dont les projets adoptent des formulations très similaires.

L’introduction d’un travail sur les barycentres nous paraît très chronophage et de nature à mettre en difficulté de nombreux élèves, et à creuser les écarts entre lycées. Le SNES-FSU, comme l’ensemble des organisations syndicales, a demandé sa suppression, même si le sujet est intéressant et riche : la priorité est de ne pas surcharger un programme déjà très difficile à boucler, auquel ce sont déjà rajoutés les automatismes. Le SNES-FSU a insisté sur la diversité du profil des élèves en seconde GT et le temps nécessaire pour les accompagner vers l’autonomie les premiers mois du lycée.

Au niveau Première

La principale évolution concerne l’enseignement spécifique intégré à l’enseignement scientifique avec l’abandon de l’étude locale et globale des fonctions, remplacée par un travail sur les fonctions de degré deux, dans un cadre largement plus interdisciplinaire qui aura probablement plus de sens pour les élèves.
Si cette revendication, portée par le SNES-FSU depuis l’instauration de ce programme, semble en bonne voie d’être entendue, il n’en reste pas moins que l’architecture du lycée Blanquer prive toujours plus de 40 % des élèves du lycée général d’un cycle complet d’enseignement des mathématiques que le SNES-FSU souhaite avec des approches variées et adaptées aux profils des élèves, notamment dans la perspective de construire, sur le cycle terminal, un véritable tronc commun en mathématiques, capable de faire sens et de réconcilier tous et toutes les élèves avec notre discipline.

Les évolutions du programme de spécialité de Première ne l’allègent toujours pas, avec une introduction des automatismes sous la même forme qu’en Seconde.

En Première technologique, les aménagements de programmes ne concernent que le tronc commun, et, dans celui-ci, guère que la progressivité de la poursuite de l’étude des probabilités, désormais travaillées depuis le cycle 3. Le SNES-FSU s’est cependant inquiété de l’articulation de ces programmes avec les programmes de Spécialité Sciences Physiques-Mathématiques.

Pour le niveau Terminale

Le seul changement qualitatif un tant soit peu substantiel concerne le programme de Mathématiques complémentaires, qui sera retouché pour donner plus de marge de manœuvre aux collègues dans le choix des thèmes au programme, qui passent de 9 imposées à au moins 6, au choix.

Formation initiale : haro sur la maîtrise disciplinaire

La nouvelle maquette du CAPES, qui a réduit l’ambition de la maîtrise disciplinaire en abaissant le niveau de recrutement à Bac+3, mais de fait, à un Bac+2,5 (avec en outre une sévère réduction des volumes de formation mathématique des étudiant·es actuel·les), repose désormais très largement sur la vérification de la capacité des candidat·es à savoir faire les exercices des manuels… jusqu’à la Terminale le plus souvent. La disparition de l’épreuve « de leçon » à l’oral, très révélatrice, aura pour effet de priver les jurys de concours de la capacité de vérifier que les candidat·es disposent bien d’une large culture disciplinaire, assise sur des savoirs universitaires solides, et mis en relation entre eux.

Le SNES-FSU souhaite renforcer la formation disciplinaire des futur·es professeur·es de mathématiques

Dans la logique du ministère, les lauréat·es de ce CAPES seront pour l’essentiel formé·es dans le cadre du nouveau Master « Métiers de l’Enseignement et de l’Éducation » (M2E), dans lequel la part de la maîtrise de la discipline et de sa didactique ne représente plus que 62 % des heures de formation. Dans ce volume, le ministère entend pour le moment focaliser l’attention sur les pratiques concrètes de classe, et peut travailler le renforcement de la maîtrise disciplinaire pourtant indispensable afin de former les futur·es certifié·es à exercer en lycée, y compris en BTS. Le risque de coupure de la maîtrise disciplinaire entre les collègues certifié·es et agrégé·es (qui restent recruté·es sur des épreuves purement disciplinaires de niveau Bac+5) est très important, et pourrait rapidement priver les certifié·es de l’accès à l’agrégation, donc à une évolution favorable de leurs conditions de rémunération et de temps de service.

Pour limiter ce risque, le SNES-FSU a, là aussi, fait des propositions concrètes, précises et détaillées sur les contenus de formation à envisager dans le cadre des nouveaux masters M2E.


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