L’année scolaire 2024-2025 a vu se déployer l’offensive du ministère pour introduire les IA dans l’Éducation nationale. La publication d’un « cadre d’usage des IA dans l’Éducation » s’apparente de fait à un plan de développement. D’autant que dans les nombreuses formations proposées ou imposées aux collègues ne sont quasiment jamais mis en avant les recommandations officielles appelant à renoncer aux IA (ici dans la partie « à retenir »).

Des stages syndicaux critiques

La formation syndicale, assurée par les militant·es du groupe numérique du SNES-FSU, en coopération avec des universitaires (le cognitiviste André Tricot à Montpellier, l’informaticienne Florence Maraninchi à Valence, l’historien François Jarrige à Dijon, etc.), rencontre un succès remarquable. Entre mars 2025 et juin 2026, ce sont très largement plus de 2 000 collègues qui auront pu bénéficier de la formation, à travers 18 académies. Ces nombreuses inscriptions témoignent des préoccupations de la profession quant aux conséquences de l’IA sur les métiers et les apprentissages. Moments d’échanges, les stages permettent de partager des analyses scientifiques, sur la base d’une solide bibliographie (voir des éléments en fin d’article avant rédaction prochaine d’un article dédié), et d’aborder les enjeux de l’action syndicale. Les mandats du SNES sur la question, issus du Congrès de la Rochelle sont ainsi défendus et promus, notamment autour d’un principe de précaution.

Préserver l’autonomie des élèves et des personnels

Les IA, en particulier génératives, sont promues par des acteurs qui font des choix économiques et politiques. Les usages de ces techniques doivent être pensés dans un agencement d’implications cognitives, sociales, sanitaires, mais aussi politiques et environnementales.

Visuel de janinebd.fr

Pour le SNES-FSU d’autres voies sont possibles, prenant en compte les intérêts du service public d’éducation avant ceux de l’industrie de l’Edtech. Il s’agit aussi d’outiller les collègues pour qu’ils et elles gardent la maîtrise de leurs gestes professionnels, et soient conforté·es dans leur expertise.

La formation syndicale agit ainsi à l’inverse de la formation institutionnelle, à laquelle est confiée la tâche « d’acculturer » à l’IA les personnels, et par extension les élèves et les familles. Là où le discours dominant pousse à une acceptation acritique des IA, le SNES-FSU trace des chemins pour préserver notre autonomie, notre capacité à apprendre, à enseigner, à vivre sans les IA.

Penser et organiser les alternatives

Le SNES-FSU développe également ses analyses sur son site et dans sa presse syndicale. Un premier supplément spécial de janvier 2025 sera prolongé par une nouvelle publication au début de l’année 2026.

Les militant·es du groupe numérique sont sollicité·es pour intervenir dans différents médias, à travers des tribunes et interventions dans le cadre de débats ou d’enquêtes journalistiques.

Récemment, une délégation du SNES-FSU s’est rendue à la Conférence de l’Internationale de l’éducation consacrée à l’Intelligence artificielle. Elle a pu constater l’ampleur internationale de la prise de conscience, les points d’accord et les divergences à l’échelle mondiale. Elle a eu l’occasion de défendre analyses et mandats.

Il est nécessaire par ailleurs de s’inscrire dans des initiatives plus larges. C’est le cas du collectif HIATUS dont le SNES-FSU a signé l’appel fondateur, aux côtés d’Attac, de la LDH et de Solidaires.

Logo proposé par l’Atécopol

C’est dans cette même logique que le SNES-FSU relaie l’initiative du manifeste rédigé par des collègues universitaires de Toulouse intitulé, Face à l’IA générative, l’objection de conscience. La démarche de l’Atelier d’écologie politique (Atécopol) fait par ailleurs écho à un autre texte, rédigé aux Pays-Bas, qui appelle à arrêter « l’adoption acritique des IA dans le champ académique ».

Une prise de conscience émerge, y compris au-delà du champ éducatif et au-delà de l’échelle française, qui ne peut qu’encourager la profession à s’emparer des enjeux d’une réflexion critique sur les IA en éducation.

Éléments de bibliographie

Juan Sebastián Carbonell, Un taylorisme augmenté. Critique de l’intelligence artificielle, Amsterdam 2025. [ouvrage synthétique offrant une critique globale de l’IA dans le monde du travail]

Kate Crawford, Contre atlas de l’intelligence artificielle, Zulma, 2022 [une approche qui aborde notamment les dégâts environnementaux des IA].

Nastasia Hadjadji, Olivier Tesquet, Apocalypse Nerds. Comment les technofascistes ont pris le pouvoir, Divergences, 2025. [une enquête journalistique sur les idéologues de la Tech aux États-Unis].

François Jarrige, Technocritiques, La Découverte, 2016. [approche historique permettant de resituer la question de la technique et de ses critiques dans le temps long, depuis les début de l’industrialisation]

Florence Maraninchi, Pourquoi je n’utilise pas ChatGPT, Academia, février 2025. [un article incisif et très documenté d’une universitaire spécialisée en informatique]

Thibault Prévost, Les prophètes de l’IA. Pourquoi la Silicon Valley nous vend l’apocalypse, Lux, 2024. [une critique des discours les plus alarmistes sur l’IA curieusement portés par les patrons de la Tech et qui selon l’auteur visent avant tout à détourner l’attention des risques environnementaux et politiques immédiats et avérés]


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