Monsieur le Directeur, Monsieur le Président, Mesdames, Messieurs

Ce matin les élèves de Première générale et technologique composent sur l’écrit de l’Épreuve anticipée de français (EAF). Depuis des mois, le SNES-FSU mène des actions pour faire entendre la charge de travail insoutenable qui pèse sur nos collègues de Lettres au lycée. Préconisations du CHSCTM restées lettre morte, courrier intersyndical qui n’a reçu aucune réponse… le ministère feint d’ignorer l’exaspération de nos collègues dont les conditions d’exercice du métier se détériorent. Les professeur.es de Lettres se sont donc légitimement reconnu.es dans les actions portées par le SNES-FSU pour obtenir la diminution du nombre de textes à préparer pour l’épreuve orale du baccalauréat. Ils et elles ont en effet actuellement le sentiment de devoir faire du chiffre au prix d’un travail bâclé avec leurs élèves. L’exigence porte sur la production d’une liste avec 20 ou 12 textes bien plus que sur les enseignements effectifs qu’ils devraient induire. Les intimidations dont ont été victimes certain.es de nos collègues à la remise des récapitulatifs tenaient plus du contrôle soupçonneux d’un.e IPR-contremaître quand la signature du proviseur est juste requise pour éviter toute fraude des élèves. Les risques psycho-sociaux auxquels sont exposé.es nos collègues de Lettres sont minorés par l’administration, pourtant responsable de la santé de ses personnels. Aucune prise en compte de l’insatisfaction du travail accompli, de la surcharge, des conflits de valeurs !

Le SNES-FSU renouvelle instamment sa demande d’une refonte des programmes et des modalités d’examen. Il est temps que le ministère entende que nos collègues revendiquent simplement de pouvoir exercer correctement leur métier pour que l’enseignement des Lettres réponde à sa mission émancipatrice et de formation citoyenne. Pour permettre aux élèves d’accéder à une culture littéraire et artistique commune, de maîtriser la langue écrite et orale de façon à pouvoir s’insérer dans la société, d’exercer leur esprit critique, il faut laisser du temps et de la latitude aux enseignant.es pour faire leur métier, enseigner.

Plus globalement, le SNES-FSU demande la remise à plat du lycée Blanquer avec des mesures transitoires pour sécuriser les parcours des élèves et leur accès à l’enseignement supérieur. Avec l’abandon obligatoire d’une spécialité en Terminale, les jeunes ont rarement été aussi mal préparés aux études supérieures. En atteste la multiplication des expérimentations locales comme par exemple l’apparition d’« options ou parcours santé » qui témoignent finalement de la déconnexion flagrante entre la réforme du lycée et les bases de formation dont ont besoin les élèves pour poursuivre leurs études dans le supérieur. Les difficultés de recrutement des CPGE ECG, voire BCPST, comme de nombreuses autres formations fondamentalement pluridisciplaires, en attestent également. Plutôt que des bricolages à coup de partenariats et de financements hasardeux, il faut bien au contraire revoir l’organisation des enseignements au lycée.

Le maintien des trois enseignements de spécialités en Terminale réduirait sans nul doute pour les jeunes les plus fragiles les effets inégalitaires de Parcoursup. La désillusion et la colère dont beaucoup témoignent dans la presse doivent être entendues. Il ne s’agit pas seulement d’un choix malheureux de spécialités inadaptées aux sélections du supérieur. Il faut une réorganisation complète des enseignements du cycle terminal pour plus de diversité et de cohérence des savoirs et des capacités d’accueil supplémentaires dans le supérieur. Après le mois de juin, il s’agit aussi désormais de reconquérir le mois de mai pour lutter conte un absentéisme désastreux pour les élèves. Qui peut encore aujourd’hui défendre les épreuves de spécialités en mars ?

A quelques jours des épreuves du DNB, le SNES-FSU revendique la revalorisation des indemnités de jury de DNB : prise en compte des deux copies en lettres, actuellement rémunérées comme une seule copie, rémunération de chaque copie de SVT, physique-chimie ou technologie comme une copie entière, et non comme une demi-copie, jurys d’oraux rémunérés et arrêté du 13 avril 2012 appliqué. Des HSE doivent être par ailleurs octroyées aux personnels membres des jurys lorsqu’ils et elles sont convoqué.es hors du temps de service. La réécriture de l’arrêté du 13 avril 2012 est impérative afin d’obtenir une rémunération décente, à la hauteur des responsabilités et du travail des personnels.

Le harcèlement scolaire est un fléau intolérable, auquel certains jeunes sont exposés sans pouvoir toujours trouver l’aide des adultes. Le SNES-FSU témoigne de tout son soutien et de son émotion aux familles éprouvées par le suicide de leur enfant. Il exprime aussi sa solidarité aux personnels qui ont été menacés et diffamés. Dans les établissements, les équipes sont toutes particulièrement vigilantes et attentives au harcèlement scolaire, agissant souvent avec succès le plus souvent sans aide extérieure ni moyens dédiés. Le ministre a donc cédé aux pressions médiatiques en décidant en urgence une intervention d’une heure dans les collèges. La prévention contre le harcèlement serait donc amorcée par une heure de discours d’adulte à l’occasion d’une séance le plus souvent improvisée. Montrer les bonnes réponses, condamner les mauvais choix, moraliser les comportements… sont autant de recettes illusoires. C’est méconnaître la dimension psychologique à l’œuvre chez les adolescent.es, en interaction permanente avec différents univers qui les entourent. Après la séquence présidentielle sur la santé mentale des jeunes qui débouche aujourd’hui sur l’annonce de deux adultes formés par établissement au « secourisme en santé mentale » (les CPE et « personnels de la vie scolaire » étant particulièrement ciblés), la coordination des actions contre le harcèlement ferait donc l’objet d’une brique du Pacte avons-nous appris en fin de semaine dernière. Une façon expéditive de faire reposer sur les établissements les initiatives de prévention. C’est bien au contraire une action réfléchie, concertée et financée sur le temps long qui est attendue dans les collèges pour construire les réponses pédagogiques qui guideront les élèves vers l’égalité filles/garçons et la lutte contre toute forme de VSS et LGBTIphobies.

Mardi 13 juin, nos collègues AESH étaient en grève pour la reconnaissance de leur métier qui passe notamment par leur titularisation dans la fonction publique et la suppression des PIAL. La création d’une mission partagée AED-AESH serait un recul inacceptable pour nos élèves en situation de handicap comme pour nos collègues dont la professionnalité serait une fois de plus niée. Il y a urgence à revaloriser leur métier par des augmentations de salaires. Le +1,5 % du montant du point d’indice accordé par le ministre Guérini ne permet aucune amélioration véritable pour ces collègues. Des ASEH qui, comme toutes et tous, subissent une inflation à plus de 5 % mais pour des salaires qui, rappelons-le inlassablement, plafonnent à 800 euros nets.

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