
Éducation nationale : des choix contre l’intérêt général
Reléguée au 9eme rang protocolaire dans le gouvernement Lecornu 2, l’Éducation nationale ne bénéficie pas de plus d’égards au niveau budgétaire. A ce stade, le projet de budget 2026 prévoit, encore une fois, des suppressions d’emplois d’enseignant·es dans le 2d degré. Le nouveau ministre de l’Éducation nationale, Édouard Geffray, l’a reconnu lui-même le solde positif affiché est lié aux créations d’emplois de stagiaires dans le cadre de la réforme de la formation initiale qui entrera en vigueur à la rentrée 2026. Or, ces créations d’emplois (7938 emplois de stagiaires, professeurs du 1er et du 2d degré ou CPE) sont liés à la période transitoire, 2 ans, pendant laquelle deux concours vont coexister, un au niveau L3 et l’autre au niveau M2. Dans deux ans, avec l’extinction du concours M2, les emplois de stagiaires liés à ce concours vont disparaître. L’affichage d’un solde positif d’emplois est donc purement conjoncturel et temporaire.
En neutralisant l’effet « emplois de stagiaires », on peut alors regarder ce qu’il en est des postes de professeurs : – 1365 suppressions d’emplois dans le 2d degré public – 1645 suppressions d’emploi dans le 2d degré public et privé – au total : 4018 suppressions d’emplois de professeurs, dans le 1er et le 2d degré public et privé ! |
A ce stade, le budget prévoit aussi 1200 créations d’emplois d’AESH, soit moins que l’an dernier (2000 créations d’emplois) et l’année précédente (3000). Pourtant, les besoins sont toujours criants comme l’a montré l’enquête de rentrée du SNES (il manquait au moins une AESH dans 12,24 % des collèges et des lycées). Et toujours rien pour la création d’un statut de fonctionnaire de catégorie B d’AESH.
Et les comptes ne sont pas bons non plus côté rémunération : confirmation du gel du point d’indice pour les fonctionnaires et du gel de toute mesure catégorielle. Alors que tous les signaux sont au rouge du côté de l’attractivité de nos métiers, que la question salariale pèse lourdement aussi sur le quotidien de tous les collègues, qu’ils aient pensé à démissionner ou pas, ce nouveau pas dans l’austérité salariale est inacceptable (le détail de la consultation du SNES-FSU). Il obère l’avenir même du service public d’Éducation.
Tout montre que l’Éducation nationale est à l’os et pourtant le gouvernement s’obstine : toujours moins de personnels et moins de moyens. Irresponsable.
La démographie….quand ça les arrange !
Comme l’an dernier, l’exécutif et les parlementaires du prétendu socle commun agite l’argument de la baisse démographique pour tenter de légitimer les suppressions d’emplois, avec l’équation simpliste : moins d’élèves = moins d’enseignant·es.
Un regard quelques années en arrière invalide complètement ce raisonnement : sur les 8 précédentes rentrées préparées sous Emmanuel Macron, 8 865 emplois d’enseignant·es ont été supprimés dans le second degré public alors même que 8 029 élèves supplémentaires étaient accueillis dans les collèges et lycées publics. Pour retrouver le taux d’encadrement de 2017, il faudrait créer 10 617 emplois. En remontant plus loin, le second degré public a été la grande victime, en termes d’emplois et de réformes, des politiques publiques depuis 2006. Ses effectifs élèves ont augmenté de 4 % pendant que les emplois baissaient de 6 %. Quand les effectifs augmentaient, les macronistes ne voulaient pas entendre parler de l’argument démographique et maintenant qu’ils baissent, les mêmes se ruent sur les chiffres de la démographie pour tenter de légitimer les suppressions d’emplois. Inacceptable !

Les évolutions démographiques doivent permettre de rattraper le retard accumulé depuis vingt ans. En juin, l’Institut des politiques publiques (IPP) a démontré que les économies à court terme liées à la suppression d’emplois d’enseignant·es induisaient un coût économique et des pertes fiscales énormes à long terme.
Une large intersyndicale l’a rappelée à plusieurs reprises depuis la rentrée « Il faut aussi un changement de cap pour les politiques éducatives Nos organisations refusent des suppressions d’emplois prétendument légitimées par la baisse démographique : la boussole de toute politique éducative ne doit pas être la logique comptable, mais bien humaine et éducative. Elles exigent la création de tous les postes nécessaires dans nos métiers. »
Le fond vert et la rénovation du bâti scolaire sacrifiés
La rénovation du bâti scolaire se trouve une fois encore victime des coupes prévues pour le Fonds vert : après une baisse de 54 % l’année dernière, les autorisations d’engagement de cette enveloppe indispensable pour la mise en œuvre de la transition écologique sur les territoires chutent à 650 millions d’euros pour 2026 – alors que le Fonds vert était encore doté de 2,5 milliards d’euros en 2024. Déjà aujourd’hui, les bâtiments scolaires subissent des manques d’investissement chroniques, alors que d’ici 2030, près de 10 millions d’élèves vont être exposés à des épisodes de fortes chaleurs, de 2 à 5 fois plus souvent que pendant la période 1976-2005.
Le SNES-FSU et la FSU sont engagés, avec la CGT Educ’action et SUD Education, au sein de l’Alliance Écologique et Sociale (avec Oxfam, Attac, Greenpeace) dans une grande campagne pour la rénovation du bâti scolaire.
Projet de loi de financement de la Sécurité sociale : le musée des horreurs est toujours là
Sébastien Lecornu reprend le principe d’une année blanche : cela revient à ne pas indexer les prestations sociales et les pensions de retraites sur l’inflation en 2026. Des prestations sociales comme le revenu de solidarité active (RSA) et la prime d’activité, l’allocation de solidarité aux personnes âgées, l’allocation aux adultes handicapés (AAH), les aides au logement comme les APL, les allocations familiales ne seront pas non plus revalorisées. On retrouve aussi le doublement des franchises médicales, tout le projet du précédent Premier ministre y est ! Ces mesures vont durement toucher les plus pauvres, alors même que le taux de pauvreté n’a jamais été aussi élevé depuis 30 ans. De quoi nourrir la misère et le désespoir social, un des carburants de l’extrême droite….
La désindexation des pensions de retraites est synonyme de perte de niveau de vie pour les retraité·es : or depuis l’arrivée d’Emmanuel Macron au pouvoir, elles et ils ont déjà perdu au moins 6 % de pouvoir d’achat et pour certain·es jusqu’à 7% du fait de la non-indexation des retraites sur l’inflation et de l’augmentation de la CSG. Les retraité·es ne sont ni des nanti·es, ni des vaches à lait !
Retraites, un premier recul qui en appelle nécessairement d’autres !
Extrait du communiqué de la FSU : Lors de son discours de politique générale, le Premier ministre a annoncé la « suspension » de la réforme des retraites jusqu’aux prochaines élections présidentielles. Concrètement, cela signifierait, si l’amendement gouvernemental tient jusqu’au terme d’une navette parlementaire à l’issue incertaine, et s’il n’est pas censuré par le Conseil constitutionnel, que les générations 1964 et 1965 auront la possibilité de partir avec comme âge légal de départ 62 ans et 9 mois et 170 trimestres de cotisation.
Ce premier recul est à mettre à l’actif de la ténacité de celles et ceux qui se sont massivement mobilisé·es depuis 2023 et qui n’ont jamais renoncé. Les mobilisations sur le budget depuis le mois de juillet, et en particulier la rentrée sociale inédite construite par les organisations syndicales dans l’unité, ont mis sur la table l’exigence impérative de justice fiscale, sociale et environnementale obligeant E. Macron et le gouvernement à ce premier craquellement d’un totem de la politique néolibérale poursuivie sans relâche depuis 7 ans.
On est cependant encore loin du compte : la réforme n’est pas réellement suspendue, et encore moins abrogée, elle n’est que décalée à 2028 et son abandon conditionné aux conclusions d’une « Conférence sociale » qui, comme le conclave du dernier printemps, exclut les fonctionnaires des discussions sur les retraites, tout en ramenant par la fenêtre la retraite par points et la capitalisation ! Rien sur les inégalités entre les hommes et les femmes fonctionnaires, rien sur le niveau des pensions, conséquence directe de l’insuffisance des rémunérations indiciaires !
La FSU continue d’exiger l’abrogation de la réforme, la revalorisation des carrières, l’augmentation des salaires et des pensions des agent·es de la fonction publique et des mesures d’égalité salariale entre les femmes et les hommes.
Dans l’action !
Le SNES-FSU ne laissera pas passer ces nouvelles attaques contre notre modèle social. Le travail d’information, de conviction et les mobilisations du mois de septembre ont montré la capacité du mouvement social à s’emparer des questions de répartition des richesses, de justice fiscale, sociale et environnementale et à gagner la bataille des idées. Le SNES-FSU est déterminé à poursuivre son travail d’analyse et d’informations du projet de loi de finances et du projet de budget de la Sécurité sociale pour préparer les mobilisations massives indispensables pour refuser l’austérité et gagner un autre budget.