La crise sanitaire du covid-19 a mis en lumière les défauts majeurs des formations et référentiels de BTS. Il faudrait à termes revoir l’ensemble des 122 référentiels afin d’améliorer les cohérences en fonction des modes d’acquisition du diplôme (sous statut scolaire, d’apprenti, en candidat libre, dans des établissements de formation habilités ou non à évaluer en CCF, en VAE…).

Il faudrait mettre en cohérence le référentiel de formation et celui de certification, en particulier les liaisons entre le livret scolaire qui devrait décliner les disciplines enseignées, et le règlement d’examen qui précise les unités certificatives.

Il faudrait définir la place et le rôle des stages en entreprises, qui peuvent aujourd’hui avoir des durées et des organisation extrêmement différentes d’une spécialité à l’autre.

Synthèse des propositions pour l’immédiat et le proche avenir :

-Pour la session 2020, pour chacune des spécialités de BTS, les livrets scolaires devraient avoir tous la même forme sur tout le territoire, les IPR devraient préciser aux équipes comment remplir ces livrets
-Les candidats des établissements non habilités à évaluer en CCF devraient passer l’examen à la session de septembre
-Même pour les CFA habilités au CCF, il est difficile de garantir le niveau de qualification des jeunes apprentis
-La session de septembre devrait avoir lieu dans la première quinzaine de septembre.
-Pour les stages prévus en mai-juin, la solution raisonnable serait de les supprimer, en tous cas, les stages qui n’ont pas été effectués en 1ère année devraient être annulés.

Pour la session 2020 :

Les ministres indiquent que :

  • Les étudiants seront « évalués en juin sur la base des résultats portés sur le livret scolaire ou de formation (moyennes des notes obtenues durant l’année scolaire 2019-2020 dans les disciplines concernées, à l’exception des notes attribuées pendant le confinement) et, pour les candidats issus des établissements de formation habilités, les notes obtenues lors des contrôles en cours de formation (CCF) passés en dehors de la période de confinement sanitaire. »
    https://services.dgesip.fr/fichiers/FAQ-BTS-Session2020.pdf
  • « Un jury d’examen des livrets arrêtera les notes définitives. Ce jury étudiera les livrets scolaires pour, le cas échéant, valoriser un engagement, les progrès des élèves, garantir l’équité entre les candidats, et vérifier l’assiduité des candidats jusqu’à la fin de l’année scolaire.
  • Sur décision du jury d’examen, les candidats non admis après étude du livret scolaire pourront être autorisés à passer le BTS à la session de septembre.
  • Pour les candidats au B.T.S. dont les modalités de scolarisation ne se traduisent pas par la délivrance d’un livret scolaire ou de formation, la session est reportée au mois de septembre. Les candidats passeront les épreuves auxquelles ils étaient normalement inscrits pour la session de juin et les sujets d’examen initialement prévus pourront être utilement mobilisés sans difficulté. »
    https://services.dgesip.fr/fichiers/CP_07042020_MENJ_MESRI.pdf

Les textes réglementaires précisant ces décisions devraient être présentés au CSE du 18 mai et publiés dans la foulée.

Un des problèmes est la définition du livret, le ministère a demandé aux inspections générales de travailler à l’uniformisation de ces livrets pour chaque spécialité de BTS. Ces documents (dématérialisés) devraient arriver dans les établissements à la fin du mois de mai.

Nous avons exigé que, pour chacune des spécialités de BTS, ces livrets aient tous la même forme sur tout le territoire, ce qui semble être l’option retenue (à vérifier). Et que les IPR indiquent aux équipes comment les remplir.

Le établissements non habilités à évaluer en CCF, n’ont pas les notes de CCF, et donc ne peuvent pas fournir ces indications aux jurys. Le risque est grand que le jury ne retienne que le livret qui sera renseigné sans aucun contrôle. Nous ne voyons pas de solutions pour éviter ces dérives, si ce n’est de demander au candidats des établissements non habilités à passer l’examen à la session de septembre.

Les candidats libres devront attendre la session de septembre.

Les jeunes en Apprentissage

Beaucoup de centres de formation ne peuvent pas réaliser d’enseignement à distance, ils ré- ouvriront peut être à partir du 11 mai. En fait ces jeunes n’ont été pour une majorité d’entre eux ni en centre de formation, ni en entreprise durant le confinement. C’est donc toute une partie de la formation professionnelle qui a disparu. Ainsi, même pour les centres habilités au CCF, il est difficile garantir le niveau de qualification de ces jeunes ?

La session de septembre :

Son organisation n’est pas évidente. Les candidats seront ceux qui n’auront pas satisfait aux conditions de celle de juin, et ceux qui auront échoués en juin, s’ils en sont autorisés par les jurys. Afin de ne pas léser les jeunes qui souhaitent poursuivre des études (environ la moitiés des diplômés), elle devrait avoir lieu dans la première quinzaine de septembre, mais cela pose dès à présent la question du respect de conditions sanitaires.

La question des stages de première année :

Les stages de l’année en cours sont compromis, même si le ministre indique que « Les stages de 1ère année de BTS prévus au mois de mai et juin peuvent avoir lieu. Compte tenu de l’épidémie, des aménagements doivent être mis en place pour tenir compte du confinement : la possibilité de réaliser le stage en télé travail/à distance ou si cela est impossible, la possibilité de le faire en présentiel sous réserve de respecter les règles de distanciation sociale et les gestes barrière. La convention de stage doit préciser les conditions du stage, en particulier s’il est réalisé en télétravail. » En fait on assiste à des annulations par les entreprises de conventions de stages déjà signées, et il est quasiment impossible pour les étudiants d’en obtenir de nouvelles maintenant. La solution raisonnable serait de supprimer l’ensemble des stages prévus en mai-juin.

Contrairement à ce que prétend le ministère, un report sur la deuxième année est inenvisageable, compte tenu du temps de formation nécessaire pour amener les jeunes au niveau de qualification requis, mais surtout compte tenu de la difficulté de trouver des entreprises pour accueillir les étudiants, et ceci jusqu’à au moins le début de l’année 2021. Même, la période de stage est essentielle dans le parcours de formation, nous proposons que
les stages qui n’ont pas été effectués en 1ère année soient annulés, il suffira de neutraliser l’épreuve qui s’appuie sur le stage à la session 2021 . Mais pour les stages déjà commencés, il importe, comme pour toutes les situations en activités professionnelles ou de formation, que les garantis sanitaires soient assurées.

Pour les prochaines sessions :

Les dispositifs de règles sanitaires devront certainement être appliqués à la rentrée 2020, voir bien au-delà. Il faudrait pour les sessions 2021 (et 2022), anticiper un certain nombre de questions :

  • Quelles seront les conditions de reprise à la rentrée 2020 ? Avec quels effectifs ? Quels aménagements pour les étudiants de première années qui ont subi l’année COVID en terminale ?
  • Quels aménagements, pour en particulier les stages, et les CCF, pour les formations des étudiants qui sont en première année et qui passeront le diplôme à la session 2021 ?
  • Comment prendre en compte, ou non, le bénéfice de certaines unités pour les étudiants qui ayant échoué à cette session redoubleront pour représenter l’examen en 2021 ?
  • Même question pour ceux qui échoueront en 2021, et qui donc ont suivi les enseignements de première année en 2019-2020.
    Nous constatons qu’à ce jour le ministère n’a toujours pas donné de réponses aux questions qui se posent pour la session 2020, il ne faudrait pas qu’il attende mai 2021 pour, enfin traiter l’ensemble du problème.

Réflexions pour l’avenir :

Livret scolaire :

Les livrets scolaires sont souvent basés sur les épreuves certificatives et pas sur les disciplines d’enseignement. Or les enseignements ne sont pas organisables suivant les épreuves. De fait, chaque établissement les redéfinit suivant ses possibilités et les commissions d’harmonisation reposent sur du bricolage académique. Le rôle de ces livrets devrait être préciser, soit un suivi disciplinaires des formations, soit un bilan des compétences mises en oeuvre. Nous nous prononçons pour la première hypothèse : le livret scolaire devrait être un suivi disciplinaire et scolaire du parcours de formation.

Stage 

Par ailleurs, il serait temps de redéfinir les objectifs des stages, de limiter les durées (les étudiants de BTS ne sont pas corvéables à merci, et les stages de formation n’ont pas pour vocation de faire fonctionner l’appareil productif). Là-aussi, il faudrait définir un canevas cohérent entre les 122 BTS, à décliner suivant les spécificités du travail réel, que l’étudiant peut raisonnablement réaliser au sein des structures. Une jauge correcte serait de limiter les stage en BTS à 10 % du temps de formation, soit de 6 à 8 semaines sur les deux années (dans certaines spécialités de BTS, ces durées atteignent 4 mois…)

Apprentissage

La question de l’évaluation des jeunes apprentis doit être posée. Trop souvent, dans la mesure où l’essentiel de la partie professionnelle de la formation devrait se dérouler en entreprise, les commissions d’examen jugent d’avantage la capacité de l’entreprise à apporter des savoirs, connaissances, compétences, que celle du jeunes à les acquérir. Beaucoup de centres de formation (CFA) ne peuvent pas réaliser les synthèses nécessaires à l’acquisition des éléments du référentiel. Comment intégrer ces modèles dans la certification de leur apprenant ?

Rôle de la formation professionnelle dans l’après crise :

Il va être nécessaire de définir les secteurs stratégiques de la production de biens et de services. Ensuite il faudra redévelopper ces secteurs en instaurant une régulation forte. Des lignes directrices devront encadrer la mise en place d’outils de production complet, de la conception au service après-vente, en intégrant la formation des techniciens sur tous les domaines, et à tous les niveaux. Cette réappropriation devra reposer sur une démarche de l’analyse du travail pour redéfinir les formations dans la chaîne globale de production, en partenariat avec les OS, pour être au plus près de la réalité du travail. Une question est centrale : comment reconstruire un secteur productif capable de répondre au besoins «basiques» de l’organisation sociale et d’être réactif dans les situations de crise ?

Référentiel BTS

Il faudrait définir une cohérence globale du diplôme de BTS, en harmoniser les référentiels et ensuite les décliner suivant les spécificités du travail et les poursuites d’études auxquelles ils sont censés préparer.

Les enseignants des filières technologiques et professionnelles donnent un sens à leur métier : Ils transmettent des savoirs et savoir-faire, et ils se projettent au plus près des besoins de l’appareil productif grâce à leur formation, leur expérience et aux nombreux échanges et partenariats avec les entreprises. Ils sont de plus résolus à accompagner la relance de l’appareil productif. Il est donc cohérent et plus qu’intelligent de les faire participer à la définition des formations et des référentiels en rétablissant leur présence dans lieux d’élaboration des référentiels, et en particulier les Commissions Professionnelles Consultatives (CPC) pour coconstruire des formations répondant aux enjeux stratégiques de développement économiques et social.

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