Une réforme imposée, sans concertation
Ce lancement a eu lieu sans consultation des représentant·es des personnels. La seule traduction réglementaire pour l’instant est la note de service publiée au BO n°27 du 3 juillet 2025. Les équipes sur le terrain en ont pris connaissance a posteriori, par des consignes relayées à la rentrée, dans l’urgence.
Les Régions aux manettes
Dès sa présentation, le Plan Avenir a été accompagné d’une lettre d’intention commune avec « Régions de France » qui revendique la compétence pleine et entière en matière d’orientation scolaire, y compris le transfert financier de 95 emplois de l’ONISEP correspondant aux fonctions de délégué·es territoriaux·les. Si dans ce plan le ministère conserve officiellement la main sur « l’accompagnement à l’orientation », les régions prennent une place déterminante dans la définition et la mise en œuvre des actions, notamment par le droit de regard sur les plans pluri annuels pour l’éducation à l’orientation (PPO) des EPLE. Cela remet en cause la répartition des compétences fixée par la loi de 2018, et installe une orientation de plus en plus territorialisée, dépendante des seuls besoins économiques locaux et des partenariats. Une nouvelle phase de décentralisation affaiblissant le statut de l’ONISEP n’est pas à écarter.
Cela remet en cause la répartition des compétences fixée par la loi de 2018
Le SNES-FSU dénonce cette logique qui fracture le cadre national et met en péril l’égalité d’accès des élèves à un accompagnement de qualité. Il dénonce aussi le risque d’une information partielle et orientée. Loin d’être neutres, les régions défendent des priorités économiques locales et ne peuvent garantir l’objectivité indispensable à un service public d’orientation et l’intérêt des élèves.
L’orientation découpée en séquences scolaires
Le Plan Avenir considère l’orientation avant tout sous un angle pédagogique et cognitif. L’éducation à l’orientation se réduit à « apprendre à s’orienter » via la généralisation de la plateforme Avenir(s) de l’ONISEP et l’acquisition de « compétences à s’orienter ». Dans ce cadre, quatre demi-journées annuelles obligatoires sont instaurées dès la classe de cinquième, en plus des stages déjà prévus en 3ᵉ et en seconde GT, et chaque collège et lycée doit bâtir son PPO.
Tout cela réduit l’orientation à un ensemble de séquences clés en main inscrites dans l’emploi du temps, qui devraient être assurées par les enseignants.es et déconnectées du développement psychologique à l’adolescence et des problématiques d’inégalités sociales. L’accompagnement global des élèves, mission des PsyEN, est effacé au profit d’une logique de rationalisation de l’orientation qui a toujours pour horizon affiché l’adéquation formation-emploi, une visée constamment mise en avant, mais dont la pertinence n’a jamais été vérifiée dans les recherches universitaires et les travaux du CEREQ.
Professeur·es principaux·les en première ligne, PsyEN instrumentalisé·es
Dans la déclinaison concrète du Plan, les professeur·es principaux·les doivent suivre une formation obligatoire, dont l’organisation est confiée aux DRAIO, SAIO et aux CIO. Les remontées des académies montrent que les PsyEN sont déjà sollicité·es pour assurer la préparation et l’animation de ces formations, dans des délais intenables (exemple : projet de formation à rendre le 6 octobre pour une session fixée au 14 octobre).
Cette situation soulève plusieurs questions majeures. Sur quel temps ces interventions doivent-elles être effectuées ? La préparation et l’animation feront-elles l’objet d’une reconnaissance et d’une rémunération ? Les PsyEN auront-elles·ils réellement la main sur le contenu des formations, ou devront-elles·ils se limiter à dérouler un support institutionnel déjà prêt ? Ces incertitudes sont lourdes, car elles traduisent un risque d’instrumentalisation des PsyEN, transformé·es en prestataires, contraint·es de mettre en musique des orientations adéquationnistes dont les jeunes de milieu populaire seront les premières victimes.
Certes, la circulaire nationale de missions prévoit la contribution des PsyEN à la formation des personnels de l’EN mais «sur les processus psychologiques et sociaux d’élaboration des projets d’avenir, les facteurs qui les influencent et qui peuvent réduire les ambitions, sur les procédures d’orientation et d’affectation ainsi que la connaissance des métiers et des formations » (circulaire du 28 avril 2017).
Pour le SNES-FSU, si les conditions ne sont pas réunies pour assurer des formations de qualité, respectueuses des missions de chacun·e, les CIO et les équipes doivent pouvoir refuser collectivement de s’y engager et exiger des moyens et le respect de la circulaire de missions.
La certification : un transfert de missions des PsyEN
Derrière la création de cette certification, c’est un véritable transfert de missions qui se joue et l’instauration d’une fonction de « conseiller d’orientation » non psychologue ! Les professeur·es principaux·les se voient confier la responsabilité d’un accompagnement qui excède largement leurs missions sur l’orientation, et la conception du rapport à l’avenir se trouve vidée de toutes ses dimensions psychologiques et sociales. Les PsyEN sont quant-à-elles·eux relégué·es à un rôle ponctuel et périphérique.
Les CIO marginalisés
Dans ce dispositif, les PsyEN ne sont plus appelé·es à accompagner TOUS les élèves. Leur intervention serait limitée aux situations « complexes » et aux élèves à besoins particuliers. Les DCIO, de leur côté, se voient assigner une mission de formation et d’accompagnement des établissements, réduit·es à des fonctions de pilotage. Tout cela dans un contexte de pénurie de postes et de fermetures de CIO.
Le SNES-FSU réaffirme que l’orientation doit rester un service public national, fondé sur l’égalité et à visée émancipatrice.
Contrairement à ce que dit l’ex ministre, l’orientation scolaire ne s’enseigne pas, elle se construit grâce à l’élaboration du rapport à l’avenir, du développement de la personnalité et de la construction d’un rapport positif aux savoirs. C’est en cela qu’elle concerne les PsyEN ! Faisons- le respecter !
Les PsyEN doivent pouvoir exercer pleinement leurs missions, définies par le statut et la circulaire du 28 avril 2017, dans un service public renforcé. Pour le SNES-FSU, il n’est pas question de transformer les PsyEN et DCIO en prestataires ponctuel·les ni en courroies de transmission de politiques adéquationnistes et de tri social.