Un premier projet de grille très contestable

La première rencontre multilatérale sur l’évaluation professionnelle des CPE s’est déroulée le mardi 14 mars sur la base d’une grille communiquée quelques jours seulement avant la réunion aux organisations syndicales (ci-dessous, le premier projet de grille d’évaluation CPE du 14 mars 2017). Le premier constat a été que ce premier projet de grille nationale d’évaluation n’avait pas la même déclinaison que celle des enseignants ; celle des enseignants donne un poids plus important à la partie destinée à l’inspection : 5 items IPR/ 3 items chef/ 3 items communs alors que celle des CPE placait l’inspection et le chef d’établissement au même niveau. Le ministère a expliqué se référer à l’article 10-1 du décret de 1970 relatif au statut (1) légitimant la double évaluation et le rôle accru donné au chef d’établissement. Le SNES-FSU a contesté vigoureusement cette interprétation, renvoyant les représentants de l’administration à la réalité de l’évaluation des CPE où seul l’avis du chef d’établissement est donné puis entériné par le recteur. Le SNES-FSU a aussi exigé une grille alignée sur celle des enseignants. Il s’est exprimé en faveur d’une expertise du métier qui permette un regard sur la pratique et qui fasse sortir d’une évaluation où la relation au chef d’établissement pèse de façon trop déterminante sur l’activité du CPE. Le SNES a milité pour un rapprochement de certains items avec ceux des enseignants afin de rester dans la philosophie du référentiel de compétences (compétences communes enseignants /CPE et compétences spécifiques). Concrètement, Le SNES a notamment proposé de remonter l’item « organiser les conditions de vie des élèves dans l’établissement et contribuer à la qualité du climat scolaire » (C1)* dans la partie IPR. Pour le SNES, cet item revient à l’IPR car le chef d’établissement ne peut être à la fois juge et partie. Une autre des difficultés a été le manque d’articulation avec la circulaire de missions de 2015, le ministère étant rivé au seul référentiel de compétences. Le SNES-FSU a insisté sur le fait que le référentiel est avant tout un outil d’évaluation de la formation et non un outil d’évaluation de l’activité professionnelle. Il a réussi à se faire entendre sur ce point mais d’autres items ont fait débat. Pendant les échanges sur la grille des CPE, seul le SNES-FSU est intervenu sur la base de propositions concrètes. De nouvelles propositions ont aussi été adressées au ministère (ci dessous : Amendements du SNES au premier projet de grille d’évaluation CPE du 15 mars 2017).

La position du SNES-FSU au Comité Technique Ministériel (CTM) du 22 mars

Tout au long des échanges et lors du CTM, le SNES-FSU a défendu un dispositif aligné sur celui des enseignants et consacrant l’ambition de la circulaire de missions : un CPE « concepteur de son activité ». Pour une grille d’évaluation proche de celle des enseignants (5/3/3) (2). La double évaluation enfin instaurée doit permettre de sortir d’un rapport dual avec le chef d’établissement et de prendre appui sur des critères d’évaluation nationaux en lien avec la pratique professionnelle.
Le nouveau dispositif d’évaluation doit ainsi avoir pour objectif de croiser les regards sur cette pratique et donner un rôle spécifique à l’expertise de l’IPR. C’est pourquoi nos amendements ont visé à obtenir 5 items pour l’IPR sur des points constituant le cœur de métier (le suivi de l’élève), à l’instar des enseignants et à limiter le poids du chef d’établissement.
La grille d’évaluation proposée par le ministère au CTM a repris en partie la demande du SNES-FSU et rééquilibre les items : 5 pour l’IPR, 3 pour le chef d’établissement et 4 items communs (ci-dessous : Grille d’évaluation CPE présentée au CTM du 22 mars 2017). « L’organisation de la vie des élèves et du climat scolaire » a été l’objet d’un débat non entièrement résolu du point de vue du SNES. Cet item n’est plus dévolu au seul chef d’établissement comme le souhaitait le ministère au départ et glisse dans la partie commune. Même si c’est un moindre mal de voir cet item faire l’objet d’un regard croisé, c’est l’autonomie des établissements dans une conception que nous récusons qui s’est jouée ici. Le nouveau projet ajoute dans la partie IPR : « Contribuer à la formation à une citoyenneté participative » ce qui répond à la forte demande institutionnelle actuelle. Le SNES souhaitait plutôt voir intégrer cette dimension dans l’item « appréhender, construire et mettre en œuvre des situations éducatives, prenant en compte la diversité des élèves (3, 4, C6) De notre point de vue, « la formation à la citoyenneté » est un objet majeur des situations éducatives « appréhendées, construites et mises en œuvre» par le CPE. C’est une vraie spécificité du métier. Obtenir un dispositif d’évaluation qui consacre un “CPE concepteur de son activité”. Pour le SNES, le référentiel de compétences ne pouvait pas être l’alpha et l’oméga de cette nouvelle grille, les dimensions de la circulaire de missions de 2015 devant être aussi reprises (les notions de climat scolaire et de politique éducative de l’établissement par exemple), le ministère a été mis en difficulté. C’est le sens des amendements du SNES pour trouver un équilibre entre le référentiel (outil de formation) et la circulaire de missions qui consacre le principe du « CPE, concepteur de son activité », respectant ses trois domaines de responsabilité. Dans l’ensemble, plusieurs de nos formulations ont été reprises par le ministère, c’est une amélioration par rapport à la toute première version. Mais la critique d’items trop généraux dans leur rédaction pour donner à l’activité du CPE son sens éducatif, reste d’actualité. Nous redoutons aussi que le guide de l’évaluateur pour accompagner cette grille ne donne à nouveau l’opportunité d’une énumération de tâches d’exécution, qui nous éloigne du « CPE concepteur de son activité » …  Le CTM s’est achevé sans vote sur les textes. Au-delà de la parution des arrêtés définitifs dont nous ne savons pas encore s’ils reprendront à la lettre les termes des grilles présentées, le SNES sera à l’offensive pour que cette avancée vers la double évaluation, ouvre aussi la porte à une inspection spécifique CPE. Issue du corps, elle serait par la construction progressive d’une réelle expertise du métier, à même de protéger les CPE des dérives toujours possibles du management local. * Les chiffres et lettres entre parenthèses renvoient aux compétences communes et spécifiques du référentiel de juillet 2013. Les chiffres précédés de la lettre C font références aux compétences spécifiques des CPE. 1. article 10-1 du décret de 1970 relatif au statut : « Le recteur de l’académie dans le ressort de laquelle exerce le conseiller principal d’éducation attribue à celui-ci une note de 0 à 20, accompagnée d’une appréciation générale sur la manière de servir soit après avis du chef d’établissement et de l’inspecteur pédagogique régional de la vie scolaire, soit après avis du chef de service dans lequel est affecté l’intéressé. » 2. Grille des enseignants : 5 items IPR, 3 items Chef d’établissement, 3 items communs

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