En cette période de confinement, sans doute mus par quelque élan philanthropique Article 1 et la FAGE communiquent et proposent une offre de services tout terrain : ils « … tirent la sonnette d’alarme sur le risque de décrochage des jeunes issus des milieux défavorisés. » Et de rajouter : « Nous les mettrons en lien avec une personne qui pourra les aider sur l’aide aux devoirs, les révisions, le soutien moral et méthodologique, la préparation au bac, la réflexion sur les métiers et l’orientation. Tou.te.s les étudiant.e.s volontaires sont les bienvenu.e.s (quels que soient leur formation, leur niveau d’études…). Nous envisageons d’ores et déjà d’étendre cet élan en faveur de la continuité éducative aux collaborateurs d’entreprises. »

Quel que soit le champ d’intervention, notons bien qu’aucune professionnalité n’est requise pour accompagner ces jeunes issus de milieux défavorisés : la bonne volonté suffit et rend de fait compétent tout étudiant. Les « collaborateurs d’entreprise » sont appelés à la rescousse pour favoriser la continuité éducative. Peu importe les compétences ou l’éthique, pourvu qu’on ait l’élan ! Mais, s’agit-il vraiment d’un élan désintéressé ?

Article 1 : un monopole suspect !

Dans un article du 18 mars 2020, le Canard enchainé épingle Article 1 en titrant « L’opérateur privé qui se régale des données de Parcousup ». Les auditeurs de la Cour des comptes constatent que, chaque année, Parcoursup recueille des données personnelles de près d’un million de personnes… qui ne sont pas perdues pour tout le monde ! Selon leur dernier rapport, l’exploitation de ces données permettrait à « l’administration et aux chercheurs de proposer des pistes pour améliorer l’orientation, l’affectation et la réussite des étudiants. » Or, le ministère de l’enseignement supérieur n’a accordé son label qu’à une seule structure de droit privé : l’association Article 1. Son projet « Inspire » est le seul à disposer des données de la plateforme. Un favoritisme qui pourrait s’éclairer par la proximité que le fondateur d’Article 1 et le ministre de l’Éducation nationale ont pu entretenir au Conseil d’Administration de L’ESSEC.

Faut-il rappeler qu’Article 1 bénéficie d’une subvention annuelle d’un million huit cent mille euros. Malgré ce soutien public, la Cour des comptes [[https://www.ccomptes.fr/fr/publications/acces-lenseignement-superieur-premier-bilan-de-la-loi-orientation-et-reussit]] évoque des dysfonctionnements du programme et note que le ministère de l’enseignement supérieur n’a pas assuré « un suivi adéquat, de l’emploi des moyens et de la mise en œuvre des objectifs ». Pourtant, en février 2019 Frédérique Vidal, ministre de l’enseignement supérieur et de la recherche, avait demandé à sa propre Inspection générale un rapport pour y voir plus clair sur Article 1…un rapport qui n’a jamais été rendu public

Ces associations qui sapent le service public

Quand en ce mois d’avril, le chef de secteur de la persévérance scolaire de la ville du Havre contacte le CIO pour que les PsyEN deviennent les VRP d’Article 1, association de droit privé et relaient « aide » auprès des lycéens et étudiants, c’en est trop ! Article 1 fait partie de ces structures privées qui profitent aujourd’hui de la situation, prétextant lutter contre les inégalités scolaires, afin d’étendre son champ d’influence sur tout le territoire.

La communication du MENJ en matière d’orientation se résume actuellement à promouvoir l’action des enseignants et des supports numériques de tous poils. La validation par le MENJ de bon nombre d’organismes privés et d’associations financées par de grands groupes (Energie jeunes, Hello Charly, Impala, trouve ta voie…) montre bien que la marchandisation de l’orientation scolaire est une stratégie gouvernementale dont l’objectif est de se débarrasser du service public d’orientation de l’EN. Il faut continuer à alerter enseignants et parents sur le dessous des cartes.

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