
Ce qui change à la rentrée
Un collège toujours marqué par le « Choc des Savoirs »
Au collège se met en place en 6ième le nouveau programme de cycle 3. Si le SNES-FSU a arraché la disparition des programmes de toutes les injonctions qui imposaient des exercices type (sous forme d’ « exemples de réussite des élèves »), elles se retrouvent dans les documents d’accompagnement. Elles ne sont donc plus impératives, mais permettent simplement de se faire une idée des objectifs à atteindre avec les élèves, sans limiter la liste des exercices à savoir faire, et surtout sans imposer de méthode unique d’introduction des notions, voire de progression pédagogique. Une liberté pédagogique préservée, grâce à l’action du SNES-FSU, que les collègues auront la possibilité de faire vivre et faire valoir, malgré des manuels très formatés par les écritures initiales des programmes, qui se rapprochent de manuels labellisés…
Le « Choc des Savoirs » demeure déployé en classes de Sixième et Cinquième, même si a été largement assoupli par les choix des équipes l’an dernier, dont la mobilisation a conduit E. Borne à ne pas l’étendre aux classes de Quatrième et Troisième. La mobilisation se poursuit pour dénoncer cette réforme, dont le rapport de l’Inspection générale a dressé au printemps un bilan sévère et conforme à nos analyses… et dont l’extension sur les deux dernières années du collège ne s’accompagne d’aucune mesure budgétaire !
La classe de Cinquième se trouve désormais placée elle aussi sous le signe des évaluations nationales de début d’année, qui évaluent désormais les élèves à l’entrée des 3 premiers niveaux du collège : difficile de ne pas y voir une volonté de pilotage pédagogique des équipes par les Conseil Académiques des Savoirs Fondamentaux (CASF) à la main des IPR et des Chefs d’établissement, dans la continuité des axes de déploiement du Plan Mathématiques…
[Mise à jour du paragraphe le 05/09/25] Dans le cadre des évolutions du DNB, et en anticipation de la réécriture des programmes du cycle 4, le format de l’épreuve terminale de mathématiques évolue dès cette année, par une note de service parue au BOEN le 04/09/25, qui n’a fait l’objet d’aucun échange ni concertation préalable. Cette épreuve ponctuelle constituera, avec les épreuves de français, histoire-géographie-EMC, sciences et l’oral, 60% de la note finale, et aura un coefficient 2.
Son organisation est modifiée dès la sessions 2026 : le sujet comportera une partie de vérification des Automatismes (sur 6 points, sans calculatrice, 20 minutes) et une partie de résolution de plusieurs exercices indépendants (sur 14 points, avec calculatrice, 1h40). Pour la seule session 2026, ces exercices porteront sur la totalité des programmes de l’actuel cycle 4, mais ils ne porteront plus, à partir de la session 2027, que sur le futur programme de 3ième ! Enfin, 2 points sont réintroduits dans le barème pour apprécier la qualité de la rédaction, la clarté et la précision des raisonnements.
Ce coup de force, que le SNES-FSU dénonce, verrouille en partie les discussions à venir sur la progression annuelle des apprentissages sur le cycle 4, alors même que son projet de programme ne fera l’objet d’une consultation que début octobre !
Enfin, on est à ce jour sans nouvelle d’une éventuelle « évaluation de fin de Troisième » en mathématiques, qui traînait dans quelques documents ministériels, et était de nature à menacer l’épreuve terminale au DNB : c’est plutôt une bonne nouvelle…
Des ajustements du Lycée et du Bac Blanquer qui n’en finissent pas
Au lycée, la principale nouveauté de cette rentrée est l’introduction de l’épreuve anticipée de culture mathématique (EACM), annoncée par G. Attal à l’automne 2023. Son format est désormais fixé par les textes publiés en juillet dernier : coefficient 2 (pris sur le Grand Oral), d’une durée de 2h, sans calculatrice, et sur la base de 3 sujets (un pour la voie technologique, sur la base du tronc commun ; un pour les élèves suivant la Spécialité en première générale, basé sur son programme ; un dernier pour les élèves de la voie générale ne suivant pas la Spécialité, sur la base du programme spécifique de mathématiques de l’Enseignement scientifique).
La question du sens de cette épreuve reste posée pour de nombreux élèves, mais il est en revanche certain que sa prise en compte dans Parcoursup renforce la logique de sélection à travers les mathématiques pour l’accès aux formations post-bac.
La mise en place de cette épreuve nouvelle pour la session 2027 du baccalauréat, qui sera passée par les élèves en juin 2026, s’accompagne de sujets 0, publiés en juillet sur Educscol, et d’une liste provisoire d’automatismes parue au BOEN et que les élèves devront maîtriser et donc acquérir en Seconde et Première.
En Seconde, les collègues pourraient se voir proposer la généralisation de la « solution IA de remédiation » MIA-Seconde, après une année d’expérimentations pour le moins confidentielles (très peu de collègues ont pu tester le logiciel proposé), qui n’ont donné lieu à aucune évaluation contradictoire. La société qui a remporté le marché, Evidence B, a en tout cas empoché quelques dizaines de millions d’euros pour ce déploiement… Une affaire à suivre, notamment en janvier lorsqu’elle communiquera publiquement les bilans de ses tests de l’an dernier, dans un calendrier qui ne peut qu’interroger sa démarche…
Enfin, les annonces de E. Borne sur les évolutions attendues sur le Plan Local d’Évaluation, si elles ne concernent pas que les mathématiques, doivent inciter les équipes à bien décrypter les enjeux cachés de cette opération qui vise à renouer avec une forme de contrôle et de dessaisissement des pratiques d’évaluation des collègues et des équipes : le SNES-FSU appelle à résister à nouveau à ces évolutions.
Le plan « Filles et Maths »
Cette rentrée verra enfin se concrétiser, au collège et au lycée, les premières orientations du plan présenté par E. Borne au printemps. Elles reposent surtout sur un nouvel investissement des équipes hors du travail et du cœur de la classe : formations proposées et obligatoires d’ici la mi-septembre (!), hors temps de travail ; projets et rencontres visant à changer les perceptions des mathématiques et des sciences en général par les filles ; expérimentation dans chaque académie d’une classe à Horaires Aménagés en Mathématiques et Sciences (CHAMS), comportant au moins 50% de filles.
Vous pourrez retrouver les analyses du SNES-FSU sur les déséquilibres filles-garçons au collège, au lycée et sur le plan « Filles et Maths ».
Les chantiers à venir : sacré(s) programme(s) à venir…
Dans le courant de cette année, le ministère a prévu de revoir, de manière plus ou moins importante, la totalité des programmes de mathématiques de la Cinquième à la Terminale !
En collège, les projets de programmes du cycle 4 sont parus sur le site du Conseil Supérieur des Programmes (CSP) en juillet dernier, et feront l’objet d’une concertation, que E. Borne souhaite dans un calendrier serré…
Au lycée, sont annoncés des ajustements des programmes notamment en lien avec l’introduction de l’EACM : là aussi, les projets de programmes sont parus sur le site du CSP : sont concernées la Seconde, la spécialité de Première générale, l’enseignement spécifique de Première générale, le tronc commun de Première technologique, de spécialité de Terminale générale, de Mathématiques Complémentaires de Terminale, et de tronc commun de la Terminale technologique.
Dans toutes les concertations à venir, le SNES-FSU se fera le porte parole des collègues, n’hésitez pas à prendre connaissance de ces projets, et à nous communiquer vos retours.
Tout au long de l’année, le SNES-FSU continuera d’agir pour préserver la professionnalité et les marges d’autonomie menacées des collègues de mathématiques. Il suivra, comme chaque année, avec la plus grande attention les débats, les évolutions et les décisions qui les concernent dans le Second degré. Il défend ainsi la discipline et les collègues qui l’enseignent : car au bout des débats et des réformes, et à travers le sens et la nature des apprentissages qui sont proposés aux élèves, ce sont les professeur·es de la discipline, leurs conditions de travail et leurs relations quotidiennes avec les élèves qui sont impactés.