Dans une note d’analyse intitulée « Enseigner : une vocation à reconstruire, un équilibre à restaurer », le haut-commissariat à la stratégie et au plan dresse un constat lucide (et qui rejoint les analyses du SNES-FSU) sur la crise d’attractivité de nos métiers. Il observe ainsi « les indices préoccupants d’une contraction à venir du vivier de recrutement, sous l’effet d’une perte d’attractivité des filières universitaires menant à l’enseignement, alors même que le vieillissement de la population enseignante va entraîner des départs massifs à la retraite ».

Le haut-commissariat, rejoignant les analyses du SNES-FSU, constate le « caractère devenu structurel de la crise d’attractivité » et ses principaux facteurs explicatifs : « image, reconnaissance, rémunérations, conditions de travail ».

Une crise structurelle de recrutement

Loin des crises de recrutement « sporadiques et rapidement résorbées » du XXe siècle, le haut-commissariat reconnaît que la crise d’attractivité est désormais « un phénomène d’une autre ampleur et d’une autre nature ». On constate ainsi la division par trois de nombre de candidat·es présent·es aux concours externes du second degré public entre 2000 et 2024, passant d’un taux de sélectivité de 7 candidat·es par poste offert à 3. 

Le haut-commissariat constate que les candidatures « ne permett[ent] plus aujourd’hui de couvrir les besoins ». Il n’y a plus que 2,2 candidat·es par poste en moyenne au CAPES (et « seulement 1,5 en mathématiques et en lettres modernes »). Le haut-commissariat va plus loin : « même certaines disciplines de l’agrégation connaissent depuis quelques années – et c’est nouveau – une désaffection relative ». C’est donc bien l’ensemble du recrutement enseignant qui s’engage sur la voie de la désaffection : « la perte d’attractivité des concours n’en est pas moins une “tendance lourde” qui ne paraît pas, selon des indices concordants, susceptible de s’inverser à court terme ». La note pointe la « dynamique des viviers universitaires » qui est « préoccupante » avec une décroissance sensible de la part d’étudiant·es qui choisissent des formations conduisant prioritairement vers les métiers de l’enseignement.

Un métier déclassé

La note, s’appuyant sur l’étude du Global Teacher Status Index, constate que le métier d’enseignant en France est « peu prestigieux socialement » et que les enseignants sont considérés comme « relevant de la même catégorie socioprofessionnelle que les bibliothécaires ». Dans l’enquête du haut-commissariat, les viviers associent les enseignants « à la classe moyenne, voire à la “petite classe moyenne”, et positionnent leur métier non parmi les cadres ou catégories intellectuelles supérieures mais comme équivalent des professions intermédiaires, “de l’animation” ou “du social” pour la plupart moins diplômés ». Ces constats rejoignent les analyses du SNES-FSU quant à la paupérisation de nos métiers qui participe largement à la perte d’attractivité.

À ces considérations s’ajoute « l’insatisfaction salariale […] particulièrement élevée chez les enseignants » confirmée par la réalité des chiffres. La note précise que « les comparaisons avec les enseignants des autres pays, avec les salariés de même niveau de qualification […], avec les cadres et notamment les cadres A de la fonction publique sont toutes défavorables ». L’enquête qualitative note que les enseignants « expriment des attentes en des termes réalistes » car ils estimeraient simplement « légitime d’être rémunérés “comme des cadres A” ».

La note insiste également sur des conditions de travail dégradées avec une exposition aux contraintes physiques, risques psychosociaux et à une “intensité émotionnelle” plus élevée que pour les autres cadres de la fonction publique. Cela s’ajoute à « la diminution des moyens matériels […], mais aussi à l’augmentation de la charge de travail, au stress, à la complexification et l’alourdissement des tâches pédagogiques et administratives, à l’enchaînement des réformes à un rythme élevé qui nécessite de modifier en continu ses méthodes de travail ».

Ainsi, « plus d’un enseignant sur deux déclare ne pas être en mesure de conserver son travail jusqu’à la retraite », ce qui place le métier parmi ceux avec la situation la plus défavorable « loin de la grande majorité des autres métiers qualifiés ».

Agir maintenant !

La note conclut que le regain d’attractivité est « indissociable d’une revalorisation concrète du métier et d’une reconnaissance institutionnelle renouvelée, qui garantisse soutien et légitimité face aux difficultés quotidiennes et associe davantage les enseignants à la définition des politiques éducatives et aux réformes qui les concernent. »

Le SNES-FSU partage cette analyse qui va à rebours des politiques menées depuis plusieurs années. C’est l’avenir de l’école publique dont il est question et tous les moyens doivent être déployés pour mettre fin à la crise structurelle d’attractivité et de recrutement qui s’enkyste.

Seule la revalorisation de nos métiers dans tous ses aspects permettra de mettre fin à la pénurie aux concours et notamment :

  • Un début de carrière à hauteur de 2 fois le SMIC
  • La reconstruction des grilles salariales (à l’heure où il y a une remise en cause des maigres avancées promises)
  • La révision de l’indemnité de résidence pour qu’elle prenne en compte la réalité du marché locatif
  • À terme, la mise en extinction du corps des certifié·es et CPE et leur intégration dans le corps des agrégé·es, l’agrégation revalorisée devenant l’unique niveau de recrutement
  • Le pré-recrutement dès la L2 sous statut d’élève-fonctionnaire et une entrée progressive dans le métier
  • Un plan pluriannuel de recrutement pour stabiliser les viviers
  • Des mesures sociales d’accompagnement des candidat·es durant leurs études


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