
Le jeudi 3 juillet, lors du Conseil Supérieur de l’Éducation, les programmes de langues régionales ont été étudiés et soumis au vote. Le SNES-FSU y a présenté 39 amendements.
Il a obtenu une avancée majeure, à savoir l’échelonnement de l’application des programmes à partir de la rentrée 2026 :
- Rentrée 2026 : application des programmes de 6ème, 5ème et seconde ;
- Rentrée 2027 : application des programmes de 4ème et 1ère
- Rentrée 2028 : application des programmes de 3ème et terminale.
Au moment de la sortie des programmes définitifs de LVE, nous avons eu la désagréable surprise de voir réapparaître les compétences psychosociales ponctuant chaque activité langagière. C’est un moyen, pour le ministère, de les imposer comme un enseignement indispensable en LVE et désormais en langues régionales. Pour le SNES-FSU, elles ne doivent absolument pas prendre le pas sur les activités langagières ; ce serait dévoyer les objectifs principaux de l’apprentissage des langues. Nos arguments n’ont cependant pas fait changer d’avis le ministère, qui a juste convenu qu’une formulation d’une de ces compétences était jargonnante. De même pour ceux en faveur d’un assouplissement des objectifs de niveaux attendus pour les élèves en voie technologiques en lycée : notre demande n’a pas non plus été retenue. Pourtant, les élèves des séries technologiques ont moins d’heures de cours par semaine que les élèves de voie générale.
Enfin, le SNES-FSU a plaidé pour une meilleure prise en compte des réalités sociolinguistiques des territoires où sont enseignées les langues et cultures régionales. En effet, du fait de leur statut social, elles font l’objet de représentations ambivalentes entre dévalorisation publique et survalorisation esthétique et affective. Si ces phénomènes ne sont pas niés par le ministère, ils ne seront pas explicitement formulés ainsi dans les programmes. Le ministère préfère s’aligner sur la formulation choisie pour les programmes de LVE : « qu’ils choisissent au sein des objets d’étude proposés ou non, les professeurs veillent à ancrer les séances dans la réalité culturelle de la langue : historique, géographique, sociale, politique, artistique ». C’est un petit pas en avant car, en prenant en compte ces dimensions, les langues dites « régionales » sortent de leur statut patrimonial, trop réducteur. Pour autant, les amendements précis, travaillés pour chaque par langue dite « régionale », que le SNES-FSU a soumis et qui visaient à introduire davantage de propositions historiques, sociales, géographiques ou politiques ont été repoussés par le ministère. Ce dernier a argué qu’ils étaient trop historiques mais aussi trop détaillés, ce qui est un comble quand on voit les objets d’étude particularisés que celui-ci a créés pour l’ensemble des LVER. L’inspectrice générale des langues et cultures régionales a quand même nuancé en disant qu’une attention particulière serait apportée aux documents d’accompagnement et qu’un travail serait mené en étroite collaboration avec Canopé et ses antennes régionales, chargés de produire des ressources pédagogiques. Sachant ce que risque de devenir Canopé, cela peut prêter à sourire…
Ci-dessous, un tableau synthétisant les objets d’étude proposés par le SNES-FSU, non repris par le ministère, afin d’illustrer la démarche qui consistait à rendre visibles les “manques” et dénoncer la “neutralisation” des programmes :
troisième | seconde | première | terminale | |
Basque | Les relations entre le Pays basque français et espagnol | Les luttes pour l’autonomie et l’identité basque | Le Pays basque dans l’Europe contemporaine | |
Breton | La “redécouverte” et l’affirmation de l’identité bretonne (années 1950 à nos jours) | Mutations économiques, sociales et la place de la langue bretonne (après la Seconde Guerre mondiale) | La Bretagne dans l’État français et l’Europe | Héritages du passé, construction du présent et la place de la langue bretonne |
Catalan | Les enjeux politiques de l’identité catalane | La Catalogne face aux dictatures | Les luttes pour l’autonomie et l’indépendance | La Catalogne dans le contexte européen |
Corse | Les enjeux politiques de l’identité corse | La Corsica dans le contexte français | Les luttes identitaires et les droits culturels | La Corse dans l’Europe contemporaine |
Créole guadeloupéen | Histoire et luttes politiques en Guadeloupe | Identité politique et culturelle en Guadeloupe | Histoire et enjeux contemporains | Identités et politiques post-coloniales |
Créole guyanais | Histoire et enjeux identitaires en Guyane | |||
Créole martiniquais | Histoire et identité en Martinique | Identités et enjeux politiques en Martinique | Histoire et culture : entre héritage et modernité | Identités post-coloniales et enjeux contemporains en Martinique |
Créole réunionnais | Histoire et identité à La Réunion | Identités et enjeux politiques à La Réunion | Histoire et culture : entre héritage et modernité | dentités post-coloniales et enjeux contemporains à La Réunion |
Occitan | Les enjeux politiques de la culture d’oc | L’espace d’oc dans le contexte français | Les luttes pour les droits culturels et linguistiques | L’espace d’oc dans l’Europe contemporaine |
Tahitien | Les enjeux politiques de l’identité tahitienne |