Parcoursup - orientation post bac

Les ministres peuvent toujours s’enorgueillir des 66% de lycéen·nes ayant reçu au moins une proposition le 2 juin, date de l’ouverture de la plateforme, ils ne pourront pas faire complètement oublier les dizaines de milliers de jeunes qui restent sur le carreau au 10 juillet, à la clôture de la phase principale de Parcoursup , en augmentation de 1,5 point par rapport à la session précédente.

Cette année, 74797 bachelier·es n’ont reçu aucune proposition , soit 11,5% des candidat·es de lycée. En ajoutant le nombre des candidat·es en réorientation ou de l’étranger, on atteint le chiffre de plus de 136 000 personnes privées de toute proposition d’affectation au 10 juillet. 15,67% des candidat·es n’ont donc eu aucune proposition.

Il est toujours utile de se souvenir qu’avant la loi Orientation et réussite des étudiants (ORE), avec APB, plus de 80% des jeunes avaient d’emblée une affectation certaine et surtout, selon leur préférence. Aujourd’hui, la majorité des jeunes sont restés suspendus aux notifications de Parcoursup tout au long du mois de juin, avant et après les épreuves nationales du bac.

Ce système de sélection empêche les jeunes de poursuivre des études supérieures qui leur auraient été permises avant 2018. Une fois encore, depuis 7 ans, le gouvernement a fait un choix de société, celui des inégalités sociales et genrées, auquel toutes les réformes éducatives depuis 2017, sans exception, contribuent.

Qui défend encore parcoursup ?

Les rapports qui dénoncent les effets délétères de Parcoursup se succèdent et se ressemblent. De la cour des comptes à la défenseure des droits, tous font le constat de l’éviction inquiétante de jeunes de la possibilité de formation supérieure (voir les rapports en fin de note). Le comité éthique et scientifique de Parcoursup interroge plus particulièrement l’avenir des jeunes issus de STMG : en 2024, plus d’un·e candidat·e sur dix n’a pas eu de proposition et quand c’est le cas, un sur cinq quitte la plateforme ; seuls 71,4% des bacheliers STMG ont finalement pu avoir une affectation.
Le « Plan Avenir » dévoilé par la ministre Borne le 5 juin dernier peut toujours tenter de jouer sur l’année de césure et de propédeutique, ou sur la création d’un site de coaching comme « Mon projet sup », cela ne suffira pas à masquer la pénurie de places et le sous-investissement dans l’université publique. On pourra lire ICI l’analyse du SNES-FSU.

Les autosatisfecit des ministères de l’Education nationale et de l’enseignement supérieur contrastent sévèrement avec la critique généralisée du système et les propos dubitatifs du premier ministre, dans son discours de politique générale en janvier dernier et devant le Conseil économique et social en avril.

Le grand ratage de la loi Orientation et réussite des étudiants (ORE)

Dans le même temps, la loi Orientation et réussite des étudiants (ORE), dite Loi Vidal, n’a pas tenu les promesses gouvernementales affichées en 2018. Même s’il s’en défendait, à l’époque, le ministère de l’enseignement supérieur , soutenu par la plupart des formations supérieures, souhaitait généraliser la sélection à l’entrée de l’université, pour s’inscrire dans le grand marché international de la formation. Pour promouvoir ainsi les logiques marchandes, il fallait avancer masqué. Jamais, au grand jamais, il ne s’agissait pas de sélection, osait affirmer alors la ministre Vidal ou le député Attal, rapporteur de la loi! On voulait bien sûr faire réussir les étudiant·es qui alors, disait-on, échouaient trop, on voulait mettre fin au tirage au sort pour l’accès aux licences non sélectives… Qui oserait alors s’opposer aux idées de réussite et de justice, devaient se dire les promoteurs de la loi ? Aujourd’hui, le projet est avéré : il s’agissait d’ouvrir tout entier le secteur au privé, Parcoursup offrant la vitrine idéale à toute les officines privées se développant sur la pénurie de places dans l’enseignement supérieur public , que le gouvernement s’échine à ruiner. La sélection est partout, entre établissements, entre étudiant·es… Y compris, et surtout, par l’argent.

Pourtant, la loi n’a pas permis de réduire le taux d’échec en licence (voir la note Flash SIES publiée en novembre 2024). Pour la session 2023, on demeure sur un taux d’échec supérieur à 60% pour le passage de première en seconde année. Au final, 46% des bachelier·es de 2019 auront leur licence en 3 ou 4 ans, ce qui correspond exactement au taux d’avant la réforme, pour les bachelier·es de 2017 par exemple.

Améliorer Parcoursup ?

Le ministère tente par tous les moyens techniques possibles d’optimiser la machine à trier.

Comment optimiser le système et atténuer l’attente de toutes celles et ceux encore sans proposition ou encore insatisfaits ? Tous les ans, le ministère dit vouloir « améliorer » Parcoursup et en modifie les règles. Pour évaluer les nouveaux aménagements de la procédure, il faut scruter les mouvements sur la plateforme, en particulier les candidat.e.s « ayant quitté la plateforme avant de recevoir une proposition d’admission ». Ces derniers peuvent être, en particulier, des lycéen.ne.s qui obtiennent une proposition d’admission de la part d’une formation « hors-parcoursup ».

Le traitement des données brutes fait ainsi apparaître un phénomène spectaculaire qui s’est produit entre le mardi 10 et le mercredi 11 juin. Le mercredi 11 juin, les « nouveaux » abandons montent à 7218, soit 20 fois plus que la moyenne des 8 jours précédents ! Cette véritable « explosion » du nombre d’abandons sans proposition d’admission est concomitante d’une nouvelle procédure mise en œuvre cette année : les candidat.e.s ayant des vœux en attente devaient, cette année, classer et hiérarchiser leurs vœux entre le 6 et le 10 juin. Le dispositif précisait que les vœux en attente non hiérarchisés à la fin de cette période seraient supprimés automatiquement. Si la hiérarchisation des vœux est une bonne idée pour fluidifier la procédure, le SNES-FSU avait demandé que cette hiérarchisation se fasse dès le début pour éviter d’ajouter une démarche supplémentaire, source de problèmes, d’oublis, de confusions. L’explosion du nombre d’abandons s’explique ici par la suppression de vœux en attente non classés, On mesure ici l’effet d’une modification de la procédure, qui risque à terme, d’amplifier le processus d’élimination des jeunes les plus éloignés du système. Le ministère de l’enseignement supérieur minimise le phénomène en arguant qu’on retrouvait l’année dernière ces radiations automatiques début juillet. Certes, On retrouve à peu près e même nombre d’abandons de la palteforme que l’année dernière (24000). Mais pour éviter les “effets de bord”, cela montre qu’il faut surtout hiérarchiser les vœux en amont, sauf à vouloir éliminer des candidat.e.s de manière brutale !

Par ailleurs, ce ne sont pas les Commissions d’affectation dans l’enseignement supérieur (CAES) qui pourront renverser la tendance. On constate en fin de phase principale, le doublement du nombre des saisines (un peu plus de 4000) mais qu’est ce que cela pèse face à plus de 130 000 naufragés du système?

La phase complémentaire peut certes permettre aux candidat·es malheureux·ses de réintégrer le jeu de la sélection … Mais uniquement sous réserve de places encore disponibles.

En finir avec Parcoursup !

Malgré les blocages politiques et comme première étape avant changement de système, il est maintenant possible de gagner sur la revendication de hiérarchisation a priori des vœux. Il faut d’urgence engager un travail sur le calendrier de l’orientation dans l’enseignement supérieur, qui respecterait davantage les rythmes de préparation des épreuves du bac et la prise en compte des résultats. C’est une affaire de volonté politique.

“En finir avec Parcoursup” est plus que jamais d’actualité. Cela recouvre plusieurs de nos mandats :

  • Permettre à tous les jeunes de poursuivre les études supérieures de leur choix, ce qui exige la fin de la sélection vers l’université et l’ouverture de places dans l’enseignement supérieur public ;
  • Supprimer la plateforme Parcoursup en tant que telle pour la remplacer par une procédure d’affectation dans l’enseignement supérieur public fondé sur une hiérarchisation des vœux a priori ;
  • Renforcer le diplôme du bac comme premier grade universitaire.


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