
Réformés en 2022, les concours de recrutement le sont à nouveau pour la session 2026 : après avoir porté le recrutement à la fin du master 2, le Ministère a décidé d’ouvrir le CAPES, le CAPET et le concours CPE aux étudiant·es en cours de L3. Le SNES-FSU a déjà dit son opposition à cette mesure. Cet article a pour ambition d’informer les candidats et les candidates, qui feront les frais d’une réforme précipitée. La réforme ne concerne pas l’agrégation et le concours Psy-EN.
Deux sessions de concours en 2026 et 2027, ou presque
Le site du Ministère « Devenir Enseignant » indique que « pendant deux ans, afin de permettre aux étudiants en cours de master et de préparation de s’y présenter, les concours seront ouverts aux niveaux bac + 3 et bac + 5 ». Ce n’est qu’à moitié vrai, si l’on s’en tient aux informations données par Ministère. Les statuts le prévoient en effet, mais le Ministère projette en réalité de n’ouvrir les deux sessions (ancien et nouveau concours) que dans certaines disciplines au CAPES et CAPET (documentation, philo, lettres classiques et lettres modernes, allemand, anglais, espagnol, histoire-géo, SES, maths, physiques-chimie, SVT, éducation musicale, arts plastiques, NSI, éco-ge marketing, compta, tourisme et RH), au CAPLP (lettres-histoire-géo, et maths-physique-chimie). Le CAPEPS et le concours CPE seraient aussi concernés. Cela représente certes la grosse majorité des postes aux concours… mais dans toutes les autres sections, seul le concours en L3 serait ouvert.
Par ailleurs, dans l’hypothèse ou un·e candidat·es peut s’inscrire aux deux concours (L3 et M2), les épreuves de certains concours se dérouleront en même temps, ce qui l’empêcherait de les passer tous les deux. Ce serait le cas, d’après ce que disait le Ministère au début de l’été, des concours qui ne connaissent « pas de problème d’attractivité » : CPE, documentation, philo, histoire-géo, SVT, SES, arts plastiques, EPS, NSI. Les épreuves des autres concours se dérouleraient à des dates différentes, ce qui permettrait aux étudiant·es de M2 de passer les deux concours.
La volonté du Ministère est de basculer le plus vite possible sur le nouveau concours. Il n’est donc pas certain que les informations données sous réserve ci-dessus soient valables également pour 2027.
En l’absence de précisions avant la clôture des inscriptions (les dates ne sont pas encore connues), il faut sans doute s’inscrire aux deux concours : cela permettra de faire un choix plus éclairé le moment venu. On ne sait pas non plus comment seront ventilés les postes entre les deux concours, et il est assez probable que le nombre de postes ouverts aux concours en M2 soit au minimum amputé des postes ouverts aux concours en L3. La pilule risque d’être un peu amère pour les étudiant·es de master.
Des nouvelles épreuves pour les concours en L3 en 2026
Le Ministère a publié ici la description des nouvelles épreuves. Des « sujets zéro » ont également été publiés ici.
Pour préparer la session 2026, les universités sont censées mettre en place des modules complémentaires adossés aux licences existantes, sans guère de moyens complémentaires. Compte-tenu des délais, il est probable que ces modules ne permettent d’aborder les questions aux concours que de manière assez superficielle. On peut imaginer que pour les sessions suivantes, les maquettes de certaines licences (celles dont les étudiant·es se préparent principalement aux concours) seront significativement modifiées pour y inclure les éléments ad-hoc.
Après le concours, plusieurs parcours différents
Pour les lauréat·es du concours en M2 les conditions de formation de leur année de fonctionnaire-stagiaire après le concours ne changent pas : à plein temps en établissement pour celles et ceux qui ont un master MEEF, ou ont déjà une expérience d’enseignement significative dans le second degré (18 mois équivalent temps plein dans les trois années qui précèdent le concours, à mi-temps pour les autres.
Pour les lauréat·es du concours en L3, les choses sont plus compliquées. Le cas typique est celui des lauréat·es effectivement en L3 l’année du concours, et qui n’ont pas d’autres diplômes, seront d’abord élèves-fonctionnaire un an, le temps de suivre un M1 M2E (Métiers de l’enseignement et de l’éducation). Les élèves-fonctionnaires n’auront pas de service en établissement, mais seront en observation l’équivalent d’un tiers-temps, et seront rémunéré·es 1400€ nets par mois (indice 366). Ils et elles commenceront leur carrière de certifié·es (ou de CPE, de PEPS ou de PLP) l’année suivante, en M2. Pendant cette année de fonctionnaire-stagiaire, ils et elles sont en responsabilité de classe l’équivalent d’un mi-temps, et rémunéré·es à l’échelon 1, sauf reclassement (indice 395, plus la « prime d’attractivité »).
Les lauréat·es qui ont déjà un M2 (quel qu’il soit) ou un diplôme équivalent, ou bénéficient d’une dispense de diplôme, ou remplissent les conditions pour passer le troisième concours, ou ont passé le troisième concours, ne suivent pas de M1, passent directement en M2 M2E et deviennent dès l’année qui suit le concours fonctionnaires-stagiaires, dans les conditions décrites ci-dessus.
La situation des lauréat·es qui ont déjà un M1 ou un diplôme équivalent (mais pas de M2) sera traitée au cas par cas, en fonction de l’adéquation « leur formation antérieure et les fonctions qu’ils ont vocation à exercer » : ceux et celles pour qui cette adéquation est jugée insuffisante devront, après le concours, suivre un M1 M2E et être pendant un an élèves-fonctionnaires. Les autres seront immédiatement fonctionnaires-stagiaires. Dans un cas comme dans l’autre, cela implique l’abandon du cursus d’origine : on bascule forcément vers le M2E.
L’affectation après le concours
L’affectation définitive n’interviendra qu’à l’issue de la période de stage, comme actuellement. Les élèves-fonctionnaires sont a priori affecté·es pour deux ans (M1 et M2), les fonctionnaires-stagiaires pour un an (M2). Nous ne connaissons pas encore les règles qui vont présider à ces affectations. Pour le SNES-FSU, les lauréat·es doivent être discriminé·es de manière transparente, en fonction d’un barème prenant en compte le plus largement possible la diversité de leurs situations (situation personnelle antérieure, familiale, médicale…).
Un vivier qu’on voudrait élargir…
Ramener les étudiant·es vers les concours, c’est l’unique argument de cette réforme. La manière dont elle est mise en œuvre, malgré les vicissitudes de la vie politique depuis la dissolution de l’assemblée nationale, ne devrait pas trop les y encourager : les formations pour le nouveau concours sont bricolées à la hâte et sans véritable moyen, le financement des études est largement négligé, le flou de ce qui attend les lauréat·es décourage les vocations, la situation des candidat·es déjà titulaires d’un master ou en reconversion a été en partie oubliée…
Le Ministère a laissé de côté les questions centrales de la revalorisation des carrières et des besoins de la formation initiale : cela en dit long sur l’estime qu’il porte à nos métiers.
Le SNES et la FSU se sont opposés à cette mauvaise réforme et continuent de demander la réouverture de la concertation sur les conditions d’entrée dans le métier et les modalités des concours.
Dans l’immédiat, si vous envisagez de passer un concours cette année, ne vous découragez pas, n’hésitez pas à nous interroger, et remplissez notre fiche contact pour être informé·es de l’actualité des concours. Nous publierons sous peu une FAQ qui sera mise à jour très régulièrement.