Un diagnostic alarmant
À travers des données publiques, syndicales et de nombreux témoignages de terrain, le rapport de l’AES met en lumière un bâti scolaire vieillissant et vétuste :
- 2/3 des cités scolaires et la moitié des lycées ont été construits avant 1970.
- 55% des collèges ont été construits avant 1980.
- Près de 90 % des établissements scolaires ne répondent pas aux normes basse consommation,
- entre 10 et 20 % des bâtiments présentent un état de dégradation préoccupant.
Conséquence : des salles surchauffées à plus de 35 °C en été, des classes glaciales en hiver, des problèmes d’humidité, de moisissures et de qualité de l’air qui menacent directement la santé des élèves et du personnel. Les inégalités sociales et territoriales s’en trouvent renforcées, les collectivités les plus pauvres étant les moins armées pour financer des travaux coûteux.
“Des élèves se sont évanouis pendant qu’ils composaient pendant le bac. On est vraiment dans l’impossibilité de travailler, c’est vraiment indigne !” Lycée de Monges, Savigny-sur-Orge (Essonne)
” Des goutières sont installés en salle des profs pour les infiltrations en cas de pluie. L’ensemble du collège est très mal isolé. Les salles de classe de l’ancien bâtiment disposent de fenêtres antédiluviennes qui ferment mal et s’ouvrent mal. Une fenêtre cassée est rafistolée avec une plaque d’aggloméré. Certaines prises de courant sont défectueuses ou condamnées. La chaudière tombe régulièrement en panne, les salles sont glacées en hiver et une fournaise l’été. Les sols des salles sont très abîmés, rendant difficile le nettoyage pour les agent·es.” Collège Mercoyrol, Cruas (Ardèche)
Une urgence éducative, sociale et écologique
La rénovation du bâti scolaire n’est pas qu’une affaire de confort thermique. C’est un enjeu :
- d’égalité entre territoires,
- de santé publique pour les élèves et les personnels,
- d’avenir écologique, car les établissements scolaires représentent à eux seuls environ 1,5 % des émissions de gaz à effet de serre de la France.
Investir dans des bâtiments scolaires sobres, adaptés et résiliants, c’est protéger les générations futures, réduire la consommation énergétique, mais aussi garantir la continuité du service public d’éducation face aux crises climatiques.
Quatre propositions majeures
Le rapport avance un plan clair et chiffré autour de quatre priorités :
- Adopter un protocole national de gestion des épisodes climatiques extrêmes (chaleur, froid, pollution).
- Rétablir un Observatoire du bâti scolaire, avec données publiques et consultation des personnels.
- Adapter et rénover massivement les bâtiments, avec isolation, végétalisation, suppression des énergies fossiles et développement des énergies renouvelables.
- Mettre en place un plan national de financement d’au moins 5 milliards d’euros par an pendant dix ans.
Un appel à la responsabilité de l’État
Alors que le nombre de jours de canicule pourrait être multiplié par cinq dans une France à +2,7 °C, il est temps que l’État prenne ses responsabilités et cesse de se reposer sur des collectivités locales déjà fragilisées. Rénover le bâti scolaire, c’est construire l’école de demain, émancipatrice, protectrice et engagée dans la transition écologique.