Ce programme aurait dû être mis en œuvre à la rentrée 2026, tout comme celui de cycle 4, ce qui n’a pas de sens pédagogique. Le SNES-FSU a longuement insisté pour étaler le calendrier de mise en application des nouveaux programmes de français et mathématiques de cycle 4 et a fini par obtenir gain de cause. Avant d’être démissionnaire, la ministre de l’Éducation nationale a repoussé sine die les mises en œuvre des autres programmes de cycle 4. Rien n’a été dit en ce qui concerne le programme de cycle 3 de sciences et technologie. Il faudra sans doute attendre qu’un nouveau gouvernement soit nommé pour que la concertation s’ouvre sur ce projet de programme avec le ministère. C’est un texte probablement modifié qui sera ensuite présenté au Conseil supérieur de l’Éducation (CSE) avant publication au bulletin officiel.

Le groupe physique-chimie du SNES-FSU analyse ici la composante physique-chimie de ce projet de programme, plus particulièrement celui de Sixième, en rappelant que la globalisation des heures de sciences en Sixième est toujours un problème.


Les principes

L’intitulé « Préambule » qui introduisait le programme modifié en 2023 a été remplacé par « Principes ».

Il est réjouissant de lire que la contribution indéniable de l’expérimentation scientifique au développement de l’esprit critique des jeunes élèves est soulignée plusieurs fois dans le texte. Mais pour une faisabilité réelle dans les classes, il parait indispensable d’exprimer clairement la nécessité d’un travail en groupes à effectif réduit, ce qui manque à ce projet.

Les « principes » comportent quatre sous-parties qui abordent :

– les contributions aux apprentissages fondamentaux de français et de mathématiques, paragraphes très brefs liés à deux axes du projet de socle commun qui ne conviennent pas du tout au SNES-FSU et dont il demande la suppression.

– l’« égalité entre tous les élèves, et particulièrement entre les filles et les garçons » où les inégalités sociales sont également pointées.

– les contributions aux éducations transversales et au développement des compétences psychosociales qui n’entrent dans aucun détail mais permettent d’évoquer dans un grand pot-pourri l’EVARS, l’EMI et l’EDD (Éducation à la vie affective, relationnelle et à la sexualité ; Éducation aux médias et à l’information ; Éducation au développement durable). Le SNES-FSU rappelle que l’axe du projet de socle commun consacré aux compétences psychosociales est très problématique, notamment car ces dernières n’ont aucun fondement scientifique.

Le texte déroule ensuite les thématiques avec, pour chacune, la déclinaison des programmes de Cours Moyen 1 et 2 et de Sixième. Une brève introduction précède les tableaux de contenus. Une amélioration est la disparition du tableau des « compétences travaillées » du programme de 2023 qui était bien trop ambitieux pour évaluer les domaines du socle lors des bilans de fin de cycle 3.


Les contenus

La présentation des items prend la forme classique d’un tableau à deux colonnes dont la deuxième est intitulée « exemples de réussite », sans logique aucune, mais comme dans tous les projets de programmes des autres disciplines. Il semblerait opportun de reprendre l’intitulé de cycle 4 « Exemples de situations, d’activités et d’outils pour l’élèves ».

L’habitude en physique-chimie en collège était d’enseigner sur la base de programmes aux frontières clairement tracées. La réforme du collège de 2016 les a remplacés par des programmes flous tendant à creuser les inégalités sociales puisque chaque équipe pouvait l’interpréter selon le niveau estimé de son public. On retrouve dans ce projet de programme des contours bien plus précis, éclairant le travail des professeur·es.

La plupart des items cités dans le projet de programme du CSP sont identiques à ceux du programme rénové de 2023 mais distribués différemment dans les thématiques et dans les colonnes (des items sont passés de la colonne de gauche à celle de droite par exemple). La colonne de gauche comporte parfois des descriptions d’expériences très précises, surtout dans le cadre du cours moyen. Il faudra une écriture claire du programme pour que ces indications précises ne soient pas lues comme des injonctions fixant un protocole strict de pratiques à mettre en œuvre. Cependant, pour le SNES-FSU, ces indications sont nécessaires, en tant qu’exemples de situations et d’activités, afin de montrer que des formulations d’items qui semblaient trop ambitieuses pour des élèves si jeunes recouvrent souvent des expériences finalement assez simples et accessibles, ce qui évacue des difficultés hors de propos. Peut-être même peut-on lire ces propositions d’expérimentations comme des réponses aux questions soulevées par le SNES-FSU au Conseil Supérieur de l’Éducation en 2023…


Des allègements

Un rapport de l’Inspection Générale de l’Éducation, du Sport et de la Recherche de 2022 (« État de la discipline physique-chimie : bilan et perspective »), analysé par le SNES-FSU, indiquait que toutes et tous les professeur·es jugent les programmes de sciences physiques et chimiques actuels trop volumineux. Le SNES-FSU avait bataillé au CSE de 2023 pour alléger la mise à jour du programme de cycle 3. Quelques items ont été supprimés dans ce projet de programme, il s’agit donc d’un progrès.

Toute la partie sur les conversions d’énergie, notion complexe à maîtriser car il n’y a pas de mesure directe possible de l’énergie, est supprimée. Cette coupe pertinente avait été demandée par le SNES-FSU en 2023. Ainsi le thème « Matière, mouvement, énergie, information » devient plus simplement « La matière, les mouvements, les signaux ».

D’autres items sont supprimés, notamment concernant les mélanges, parce qu’on n’aborderait plus les transformations chimiques, ce qui éviterait des confusions chez de jeunes élèves :

– « Distinguer les matériaux fabriqués ou transformés par l’être humain des matériaux directement disponibles dans la nature ».

– « Rechercher des informations relatives à la durée de décomposition dans la nature de quelques matériaux usuels (objets métalliques, papiers et cartons, plastiques, verres) pour connaître leurs conséquences éventuelles sur l’environnement. »

– « Réaliser un mélange pour lequel les changements observés peuvent être interprétés par une transformation chimique (changement de couleur, production d’un gaz, etc.) ».

– « Réaliser un mélange où se produit une transformation chimique ».

– « Mettre en évidence la consommation des réactifs ou la formation des produits lors d’une transformation chimique (changement de couleur, production d’un gaz, etc.) ».

– « Rechercher et exploiter des informations sur les contraintes de sécurité relatives à la manipulation des produits ménagers et sur les conséquences de ces produits sur l’environnement ».

– « Associer les pictogrammes de sécurité visibles dans le laboratoire de chimie aux dangers et aux risques qui leur correspondent ».

La suppression des items touchant à la sécurité s’explique par l’absence d’utilisation de substances dangereuses par les élèves en travaux pratiques mais peut se discuter sur le fond car elles et ils peuvent entrer en contact avec des produits ménagers chez elles et eux.

Dans la partie « différents types de mouvements », l’ensemble a été remanié de façon constructive : simplification avec des mesures, des comparaisons mais sans calculs désormais. Il n’y a plus de conversions d’unités dans le point traitant du mouvement des planètes. En revanche, la proposition de séances utilisant un gnomon est loin d’être évidente d’une part et d’autre part l’étude des saisons du fait de l’inclinaison du rayonnement du soleil semble difficile à comprendre en Sixième ; cela pourrait attendre la classe de Cinquième ou alors il faudrait préciser que ce n’est qu’une initiation et que l’élève n’a pas à restituer ce qu’elle ou il en a compris.

Comme le SNES-FSU le demandait, ce programme tend ainsi à se recentrer sur une initiation aux mesures de grandeurs physiques (masses, volumes, distances, durées) qui sont les outils usuels de la discipline et à la mise en place de premières connaissances en électricité et en chimie, qui seront développées par la suite.

Enfin, le programme de 2023 insérait des notions de technologie en Sixième alors que l’horaire de technologie de Sixième a été supprimé dans le même temps dans le cadre de la réforme du « Choc des savoirs ». Il ne revient pourtant pas aux professeur·es de physique-chimie et de SVT de faire étudier ces notions de technologie aux élèves de Sixième.

Dans ce projet de programme, le respect de nos métiers est mieux pris en compte puisque ne figure plus qu’un paragraphe très concis, ouvrant des possibilités sans injonctions précises : « Consolidée en classe de sixième au travers des applications des notions scientifiques abordées, la culture technologique se nourrit de la mise en relation des concepts scientifiques et de leurs applications technologiques présentes dans le quotidien des élèves. Les exemples de réussite proposés pour la classe de sixième facilitent la mise en relation de notions scientifiques et d’environnements technologiques. »

Il semble donc que ce projet de programme améliore l’existant en ce qui concerne ses contenus, notamment parce qu’il intègre des observations et propositions que le SNES-FSU avait formulées en 2023. Le SNES-FSU portera, lors des concertations, des amendements pour une meilleure lisibilité et faisabilité du programme, pour une défense de la discipline et de notre métier.

Projet de programme de sciences et technologie de cycle 3 publié par le CSP


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