
La réalité des prix
Reléguée au 9eme rang protocolaire dans le gouvernement Lecornu 2, l’Éducation nationale ne bénéficie pas de plus d’égards au niveau budgétaire. A ce stade, le projet de budget 2026 prévoit, encore une fois, des suppressions d’emplois d’enseignant·es dans le 2d degré et plus largement dans l’Education nationale
– 1365 suppressions d’emplois dans le 2d degré public – 1645 suppressions d’emploi dans le 2d degré public et privé – au total : 4018 suppressions d’emplois de professeurs, dans le 1er et le 2d degré public et privé ! |
Mais pourquoi le gouvernement se vante alors d’un solde global positif de créations d’emplois ?
Le nouveau ministre de l’Éducation nationale, Édouard Geffray, l’a reconnu lui-même : le solde positif affiché est lié aux créations d’emplois de stagiaires dans le cadre de la réforme de la formation initiale qui entrera en vigueur à la rentrée 2026. Or, ces créations d’emplois (7938 emplois de stagiaires, professeurs du 1er et du 2d degré ou CPE) sont liés à la période transitoire, 2 ans, pendant laquelle deux concours vont coexister, un au niveau L3 et l’autre au niveau M2. Dans deux ans, avec l’extinction du concours M2, les emplois de stagiaires liés à ce concours vont disparaître. L’affichage d’un solde positif d’emplois est donc purement conjoncturel et temporaire, lié à la cohabitation de deux concours. Derrière les affichages, il y a le choix politique assumé de ne pas se saisir de la baisse démographique pour améliorer les conditions d’enseignement et d’étude.
Une situation « extrêmement inquiétante » ?
Dans sa première sortie médiatique, alors qu’il était interrogé sur l’état de l’École, le ministre de l’Éducation nationale a fait le constat d’une « situation extrêmement inquiétantes ». Un remarquable éclair de lucidité de la part de celui qui été le numéro 2 du ministère entre 2019 et 2024, et donc le chef d’orchestre de la mise en place des politiques qui ont laissé l’Éducation nationale, en particulier le second degré (réformes Blanquer, Choc des savoirs etc) dans un état désastreux. Et c’est donc conscients de cette situation que le ministre et le gouvernement suppriment des emplois de professeurs, ralentissent le rythme de créations des emplois d’AESH et refusent, à ce stade, d’engager une revalorisation conséquente pour tous les personnels !
Cette cascade est réalisée par un professionnel, à ne pas reproduire chez vous ou dans un service public
La démographie…. quand ça les arrange !
Comme l’an dernier, l’exécutif et les parlementaires du prétendu socle commun agite l’argument de la baisse démographique pour tenter de légitimer les suppressions d’emplois, avec l’équation simpliste : moins d’élèves = moins d’enseignant·es.
Un retour quelques années en arrière invalide complètement ce raisonnement : sur les 8 précédentes rentrées préparées sous Emmanuel Macron, 8 865 emplois d’enseignant·es ont été supprimés dans le second degré public alors même que 8 029 élèves supplémentaires étaient accueillis dans les collèges et lycées publics. Pour retrouver le taux d’encadrement de 2017, il faudrait créer 10 617 emplois. En remontant plus loin, le second degré public a été la grande victime, en termes d’emplois et de réformes, des politiques publiques depuis 2006. Ses effectifs élèves ont augmenté de 4 % pendant que les emplois baissaient de 6 %.
Quand les effectifs augmentaient, les macronistes ne voulaient pas entendre parler de l’argument démographique et maintenant qu’ils baissent, les mêmes se ruent sur les chiffres de la démographie pour tenter de légitimer les suppressions d’emplois. Inacceptable !
Les évolutions démographiques doivent permettre de rattraper le retard accumulé depuis vingt ans. En juin, l’Institut des politiques publiques (IPP) a démontré que les économies à court terme liées à la suppression d’emplois d’enseignant·es induisaient un coût économique et des pertes fiscales énormes à long terme.
Une large intersyndicale l’a rappelée à plusieurs reprises depuis la rentrée « Il faut aussi un changement de cap pour les politiques éducatives Nos organisations refusent des suppressions d’emplois prétendument légitimées par la baisse démographique : la boussole de toute politique éducative ne doit pas être la logique comptable, mais bien humaine et éducative. Elles exigent la création de tous les postes nécessaires dans nos métiers. »