Une rhétorique d’égalité contredite par les choix budgétaires
Le gouvernement affirme que « l’égalité femmes-hommes » est la grande cause du quinquennat. Pourtant, le projet de loi de financement de la sécurité sociale (PLFSS) pour 2026 ne contient aucune mesure spécifique pour la santé des femmes, aucune revalorisation salariale pour les métiers féminisés, et aucune politique ambitieuse de prévention ou d’accès aux soins.
Ce texte s’inscrit dans une logique d’austérité déjà observée depuis 2020, privilégiant le rétablissement comptable des comptes sociaux au détriment des droits.
Les chiffres de la réalité sociale
L’article liminaire du PLFSS 2026 fixe :
- L’ONDAM (objectif national de dépenses d’assurance maladie) à 265,9 milliards d’euros pour 2025, inchangé en 2026. Compte tenu d’une inflation moyenne de 2,4 % (Insee, note de conjoncture septembre 2025), cela équivaut à une baisse réelle de près de 6,4 milliards d’euros en pouvoir d’achat.
- Déficit de la branche maladie prévu à -17,2 milliards d’euros pour 2025, compensé par des mesures de restriction des dépenses.
- Recettes des régimes obligatoires de base : 642,3 milliards d’euros pour 2025 (PLFSS, article 1).
- La masse salariale privée n’augmenterait que de +1,8 % contre +2,5 % prévus initialement, ce qui réduit mécaniquement les cotisations sociales.
Dans la fonction publique d’État, les femmes représentent 62 % des agents mais perçoivent un traitement indiciaire moyen inférieur de 13 % à celui des hommes (DGAFP, Rapport annuel sur l’état de la fonction publique, édition 2024).
Dans l’Éducation nationale, elles constituent plus de 70 % du corps enseignant et près de 90 % des AESH et AED (MENJ, Bilan social 2024).
Santé des femmes : un angle mort politique
Aucune ligne budgétaire du PLFSS 2026 n’est spécifiquement consacrée à la santé des femmes, malgré des constats alarmants :
- 40 % des femmes ont déjà renoncé à des soins pour raisons financières (DREES, Études et Résultats n°1298, avril 2024).
- 7 millions de femmes sans suivi gynécologique régulier (Haut Conseil à l’Égalité, Rapport 2024 : Santé des femmes, encore un angle mort des politiques publiques).
- Près de 20 % des maternités fermées en dix ans (Cour des comptes, Rapport sur les politiques de périnatalité, 2023).
En santé scolaire, un médecin pour 10 000 élèves en moyenne et moins d’une infirmière à temps plein par établissement (MENJ, Bilan social 2024).
Ces données montrent l’affaiblissement continu des services publics de santé, aggravé par le gel de l’ONDAM. Les personnels – majoritairement des femmes – subissent surcharge, épuisement et absence de reconnaissance.
Salaires et précarité : les métiers féminisés toujours dévalorisés
Le PLFSS 2026 ne contient aucune mesure salariale. Or, depuis 2010, le gel du point d’indice a entraîné une perte de pouvoir d’achat estimée à 15 % (FSU, Note de calcul 2025). Les femmes, majoritaires dans les bas salaires, sont les premières impactées :
- Écart de rémunération dans l’enseignement du second degré : environ 300 euros nets par mois (DGAFP, 2024).
- AESH : 90 % de femmes, salaire moyen inférieur à 950 euros nets mensuels pour un temps incomplet (MENJ, Statistiques de la DEPP 2024).
- Infirmières et psychologues scolaires : rémunération inférieure de 15 à 20 % à celle des homologues hospitaliers (Inspection générale des affaires sociales, 2024).
Ces chiffres confirment que les politiques budgétaires pénalisent directement les femmes, cumulant bas salaires, précarité et manque de reconnaissance. Le PLFSS 2026 n’est pas un texte technique : c’est un choix politique. Il privilégie la réduction des dépenses sociales à toute autre considération. La santé devient une variable d’ajustement budgétaire, au détriment des droits. Cette orientation accentue la privatisation rampante des soins et des protections collectives. Les femmes, plus dépendantes des services publics et surreprésentées dans les emplois précaires, sont doublement frappées : comme usagères et comme travailleuses. La politique budgétaire du gouvernement contredit donc ses propres engagements en matière d’égalité femmes-hommes et de santé publique.
Le SNES-FSU rappelle ses mandats :
- Faire de la santé des femmes un droit fondamental garanti par des services publics accessibles, gratuits et de qualité.
- Mettre en place une véritable politique de santé au travail, avec renforcement de la médecine de prévention et reconnaissance des risques professionnels genrés.
- Mettre fin au gel du point d’indice et compenser la perte de pouvoir d’achat.
- Revaloriser les métiers féminisés et garantir l’égalité salariale réelle.
- Augmenter les budgets de la santé, de l’éducation et des politiques sociales, financés par une fiscalité plus juste et une taxation accrue des revenus du capital.
Le PLFSS 2026 traduit un choix clair : préserver l’équilibre comptable au détriment des droits sociaux. Il nie les inégalités structurelles que subissent les femmes et ignore la santé comme bien commun. Le SNES-FSU appelle à la mobilisation pour une protection sociale féministe, émancipatrice et solidaire, fidèle aux valeurs du service public et de la justice sociale.






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