Une réunion sanitaire en urgence a été organisée par le ministère de l’Éducation nationale vendredi 26 mars après-midi. Elle a été suivie d’une conférence de presse du ministre de l’Education nationale. Bilan : encore une fois, beaucoup de paroles et bien peu d’actes. Il y a pourtant urgence à protéger les personnels, les élèves et leurs familles en plein cœur de la 3eme vague.

Réunion sanitaire ministérielle

Le ministre de l’Education nationale a ouvert la réunion en rappelant les lignes directrices de sa doctrine sur l’école : l’importance de garder les établissements scolaires ouverts, la capacité de la France à s’en sortir mieux que d’autres pays qui ont fermé les écoles et qui vivent une véritable « catastrophe éducative », mais aussi la faible contamination des enfants dans les établissements scolaires, le ministre est aussi revenu à plusieurs reprises sur la signification des chiffres qui circulent dans le débat public (taux d’incidence, taux de positivité…) dans ce qui pourrait presque s’apparenter à un exercice de justification après la cacophonie statistique de ces derniers jours….

Le Snes, avec la FSU, a insisté sur la dégradation très rapide de la situation en quelques jours. Cela s’explique par l’absence d’une réelle politique de prévention et de protection depuis le début de l’année en dépit des nombreuses alertes des organisations syndicales, mais aussi des scientifiques.

Le Snes-FSU a insisté sur plusieurs points

  • la nécessité de passer aux demi-groupes dans les collèges des zones confinées
  • une application stricte de la jauge de 50% dans les lycées des zones confinées (plusieurs lycées fonctionnent actuellement à 60% ou 70%)
  • des règles plus strictes pour la fermeture des collèges et lycées qui sont dans des situations critiques. A l’heure actuelle, trop souvent, des rectorats tergiversent avant de fermer un établissement alors même que la situation est alarmante et nécessitent des fermetures de quelques jours pour casser la dynamique épidémique.
  • le déploiement réel et réfléchi de tests à grande échelle
  • des mesures de limitation du brassage pour les zones non confinées : la situation actuelle montre comment l’absence de prévention peut conduire à une aggravation rapide de la situation.
  • la nécessité de mesures pour les cantines afin de permettre le maintien de leur ouverture dans de bonnes conditions sanitaires

Le Snes-FSU a aussi rappelé la nécessité d’anticiper toutes les hypothèses, même si elles ne se réalisent pas toutes, (vacances, fermeture des établissements scolaires) afin de les préparer au mieux et de rompre avec cette détestable habitude de gouvernance qui consiste à faire des annonces au dernier moment en laissant les personnels tenter d’organiser une forme de désorganisation générale. Enfin, le gouvernement vante sa stratégie « tester, alerter, protéger », mais dans les collèges et lycées, rien n’est fait pour vraiment tester les élèves et les personnels : il est donc impossible de casser efficacement les chaines de contamination !

En guise de réponse, le ministre a surtout déroulé ses éléments de langage, affirmant par exemple qu’il y avait eu un « bon démarrage » des tests « au premier trimestre » (pour mémoire, en novembre, Jean-Michel Blanquer avait annoncé un objectif d’un million de tests par mois et qu’à la veille des vacances de Noël, 10 000 tests avaient été réalisés), rappelant aussi que les professeurs faisaient partie des professions les moins contaminées et que le sujet vacances relevait de « la pensée magique » puisqu’on se contamine davantage en vacances qu’en milieu scolaire. La possibilité de mener des discussions tripartites avec les collectivités territoriales sur les cantines ou les questions d’équipements a été évoquée sans plus de précisions.

Une conférence de presse hors sol

Quelques minutes après la fin de cette réunion, Jean-Michel Blanquer s’est présenté devant les micros pour une conférence de presse. En guise d’annonces : la fermeture d’une classe dès le premier cas. Et…rien d’autre !

Des recommandations comme des rappels sur l’importance de bien se laver les mains, le rappel du début de calendrier sur la vaccination mais rien pour les collèges (la jauge à 50% relève toujours du cas par cas, à l’appréciation des Recteurs), rien sur les cantines, les tests….Tout ça pour ça ?! L’Education nationale est, comme le reste de la société, au coeur de la 3eme vague et le protocole renforcé annoncé par le ministre de la Santé se limite donc à une nouvelle mesure qui pose aussi de nombreuses questions d’application : comment juger le périmètre d’une classe en lycée alors que la réforme du lycée a fait imposer le groupe classe ?

La 3eme vague est là : la situation est critique dans un nombre grandissant d’établissements. Elle est le résultat de la stratégie gouvernementale : déni ou choix de retarder les mesures nécessaires pour protéger élèves et personnels pour ne pas contredire le mantra présidentiel d’une politique efficace ? Que ce soit l’une ou l’autre réponse, elle est irresponsable.

Le Snes-FSU appelle les personnels à agir collectivement pour obtenir les moyens nécessaires pour exercer en toute sécurité. Un préavis de grève a été déposé. Ne restez pas isolés dans vos démarches (registre de sécurité, grève etc) contactez en amont la section Snes-FSU de votre académie.

Voilà où nous en sommes : les personnels, épuisés, qui ont du gérer sur le terrain des mois d’improvisation ministérielle, qui ont alerté sur la gravité de la situation, fait des propositions pour garder les établissements ouverts et éviter d’aller dans le mur, et qui doivent aujourd’hui se battre pour exercer leur métier en toute sécurité dans un contexte de pandémie mondiale qui dure depuis plus d’un an. Comme un symbole du peu de considération que ce gouvernement porte à l’Education nationale.

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