La réforme du baccalauréat avait officiellement pour ambition de simplifier cet examen.

Concrètement, elle met en place une usine à gaz qui va peser lourdement à la fois sur la scolarité des élèves, sur le travail des enseignants, et sur le fonctionnement des lycées.

La session 2021 commence en fait maintenant en Première car les épreuves sont désormais étalées sur tout le cycle terminal, avec la prise en compte des bulletins trimestriels, les épreuves communes de contrôle continu pour les enseignements communs et l’enseignement de spécialité uniquement suivi en Première, ainsi que les épreuves anticipées obligatoires de Français.

Le bac en chantier 

Les textes continuent d’affluer pour combler les brèches l’édifice encore incomplet de l’organisation des examens et en clarifier les éléments de mise en œuvre. Après la publication des modalités et de la durée des épreuves communes de contrôle continu et des épreuves anticipées de français, un arrêté daté du 22 juillet vient de préciser le cadre des épreuves finales de spécialités et de philosophie en Terminale. Avec le souci quasi exclusif de ne pas rompre avec le schéma actuel, le ministère a choisi de reconduire des modalités existantes pour les épreuves finales malgré la nouveauté des programmes. Dans le même temps et au nom de la simplification administrative, le ministère semble envisager de généraliser la dématérialisation des corrections de bac et de l’étendre à tous d’ici 2021 et projette même d’appliquer la procédure aux épreuves communes de contrôle continu dès cette année.

Mais quid des contenus et des attendus ? Les épreuves dont des exemples de contenu ont déjà été publiés via quelques sujets zéro, frappent souvent par leur indigence et leur inadéquation aux programmes. Quand disposerons-nous de sujets-types susceptibles de guider l’ajustement du niveau d’exigence ? Quid des modalités de correction ? De rémunération des correcteurs ou des examinateurs, en particulier quand il s’agit d’évaluer des enseignements pluridisciplinaires et d’épreuves organisées localement ?

Toujours davantage de complexité

C’est dans la même note de service que sont levées certaines ambiguïtés concernant les options, les sections européennes et la mention Discipline non-linguistique (DNL), confirmant au passage la très faible prise en compte de ces enseignements dans la moyenne de l’examen. Concernant l’anonymat des épreuves locales, la gestion des candidats absents, le rôle des conseils de classe et des jurys, les solutions envisagées, déconnectées des réalités, risquent d’engendrer de lourds problèmes de mise en œuvre.

Le grand bazar des épreuves locales

La réforme introduit trois sessions d’épreuves communes de contrôle continu dont le calendrier est à la main des établissements juste contraints par une date butoir de remontée des notes pour harmonisation académique. Non seulement les épreuves n’ont pas systématiquement le même périmètre en Première et en Terminale mais la note de service du 23 juillet 2019 précise qu’elles ont vocation à être organisées sur les heures ordinaires des cours. Il est de plus interdit de les compter dans la moyenne trimestrielle. Le chef d’établissement a la responsabilité de l’organisation des épreuves et du choix final de sujets extraits « clé en main » d’une banque numérique, à la fois nationale et publique. Ces épreuves pourraient donc être organisées à des moments différents (jours, semaines), la possibilité d’associer plusieurs lycées pour tout ou partie de ces épreuves, restant ouverte. Une autre note de service est par ailleurs annoncée sur l’usage de la banque de sujets encore à ce jour à l’état embryonnaire.

Les procédures d’évaluation tendent ainsi à occuper tout le temps scolaire et à phagocyter l’espace nécessaire au déploiement des apprentissages. Que devient le métier d’enseignant dans cette conception d’une éducation entièrement placée sous le signe de l’évaluation des individus ?

Claire Guéville

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