Qu’est-ce que la découverte des métiers ?

La « découverte des métiers » s’inscrit dans le cycle 4, de la Cinquième à la Troisième. Elle répond à une commande présidentielle et est un pan du parcours Avenir.

Les buts affichés sont de permettre aux élèves de « développer leurs compétences en matière d’orientation, d’ouvrir leurs horizons et d’élever leur ambition scolaire et professionnelle afin de favoriser des choix plus variés et éclairés », mais aussi de renforcer « l’épanouissement personnel de chaque élève » et de réduire les inégalités sociales. Un objectif chiffré de 40 à 50 métiers à faire connaître aux élèves à l’issue du cycle 4 est avancé.

L’avis du SNES-FSU : C’est méconnaître le fonctionnement psychique et intellectuel des jeunes adolescent·es que de croire qu’ils et elles sont capables, a fortiori dès la Cinquième, de distinguer de manière abstraite les différentes dimensions d’un métier et de les détacher de la personne qui exerce ce métier. De même, les immersions en milieu professionnel ne trouvent leur sens que lorsque les élèves sont suffisamment mûr·es pour voir autre chose qu’un décor différent du collège dans cette expérience.

Mais surtout, des expérimentations ont montré (voir l’évaluation des programmes Énergie jeunes en avril 2022) qu’informer sur les métiers et l’insertion professionnelle ne contribue pas à la mobilisation scolaire de tou·tes les élèves, ni à une amélioration significative de leurs résultats scolaires ( + 0, 21 points sur 20 après 4 ans d’interventions). D’autres études  ont même constaté que ces actions pouvaient amplifier la perception des obstacles pour les jeunes de milieu populaire et à résultats égaux, les amener à renoncer à des projets d’études longues.

Que nous apprend la note de service du 23 mai 2023 ?

La note de service fixe les modalités d’organisation de la découverte des métiers pour la seule année scolaire 2023-2024. De possibles évolutions semblent donc envisagées.

a) Organisation temporelle

Aucun volume horaire n’est prescrit. Si le ministère demande qu’« à la rentrée 2023 tous les collèges s’engagent dans l’organisation de temps de découverte des métiers », rien n’oblige à ce que cela soit sur tous les niveaux du cycle 4. Néanmoins, les chef·fes d’établissement sont « invité·es, dans toute la mesure du possible, à organiser de premières actions » en classe de Cinquième et les stages courts en Quatrième sont encouragés. Le stage d’observation en Troisième et les heures actuelles d’accompagnement à l’orientation (12 en Quatrième et 36 en Troisième) s’insèrent dans ce dispositif.

Aucune organisation précise n’est imposée. Les chef·fes d’établissement doivent intégrer « ces activités dans l’emploi du temps des élèves selon les organisations les plus favorables et le plus possible en dehors des temps d’enseignement » : ils et elles peuvent donc opter pour un temps hebdomadaire, un temps par quinzaine, ou encore des temps perlés au fil de l’année. La note demande cependant que l’organisation des différentes actions soit arrêtée en début d’année scolaire pour informer élèves et familles.

L’avis du SNES-FSU : Le cadre réglementaire est très flou et renvoie au local, et plus particulièrement aux chef·fes d’établissement, l’organisation pratique de la découverte des métiers. Par conséquent, tandis que des collèges mettront en place une version minimale de la découverte des métiers, d’autres, probablement parce qu’ils accueillent un public moins favorisé, seront appelés à s’investir pleinement dans ce dispositif et donc à davantage priver leurs élèves d’heures d’enseignement. À aucun moment le texte ne précise que la découverte des métiers doit être réservée en priorité à certains élèves, mais son insistance sur l’apprentissage, les métiers en tension et la voie professionnelle donne à réfléchir sur les buts réels de ce dispositif avec le risque de sorties précoces du système scolaire pour les jeunes les plus fragiles.

b) La porte ouverte à une multiplicité d’intervenant·es

La découverte des métiers, selon le ministère, doit s’appuyer prioritairement sur des rencontres avec des professionnels au collège ou dans leur environnement de travail, complétées par des visites d’établissements de formation dont au moins un lycée professionnel, un lycée agricole ou maritime ou une centre de formation pour apprentis (CFA) au cours du cycle 4. Les parents d’élèves pourront être sollicités pour faire des interventions, de même que des associations, des fédérations professionnelles, des collectivités territoriales, les chambres consulaires… Le rôle majeur des régions dans l’accompagnement des actions est plusieurs fois affirmé.

L’avis du SNES-FSU : L’absence de mention des lycées généraux et technologiques de la liste des établissements à visiter semble mettre de côté les informations sur la voie générale mais aussi sur toute la filière technologique et son offre de poursuites d’études notamment en BTS.
Par ailleurs, il est fait appel à des intervenant·es et des organismes divers dont la compétence et la déontologie demandent à être contrôlées, d’autant qu’ils s’adresseront à des publics de mineurs facilement influençables. Le SNES-FSU demande qu’un contrôle académique renforcé soit effectué sur ces organismes et que leur intervention dans un établissement soit soumise au vote du Conseil d’Administration.
Le SNES-FSU est très défavorable à l’extension des missions des régions, qui est contraire aux dispositions de la loi du 5 septembre 2018 sur la liberté de choisir son avenir professionnel : l’accompagnement des projets des élèves, le conseil, le travail sur la connaissance de soi relèvent des missions des Psy-ÉN et des équipes éducatives.

c) Un dispositif qui s’enracine dans le Pacte

La coordination « Découverte des métiers » entre dans le cadre du Pacte ; elle sera définie par une lettre de mission et proposée aux professeur·es (les professeur·es documentalistes sont même explicitement nommé·es) et aux CPE. Selon les besoins, « un référent découverte des métiers par niveau pourra être identifié ». Le ministère compte sur des professeur·es de lycée, et tout particulièrement des professeur·es de lycée professionnel, pour présenter aux collégien·nes des formations post-collège, là encore, dans le carcan du Pacte.

L’avis du SNES-FSU: Le SNES-FSU rappelle son opposition au pacte et alerte particulièrement les collègues sur la rémunération forfaitaire de cette mission qui permet de ne pas compter les heures de travail, et sur le risque de la création d’une hiérarchie intermédiaire.

Le SNES-FSU ne peut adhérer à l’esprit et au fond de cette note de service qui introduit une régression sociale : elle remet en cause les visées de formation et d’accès à la culture comme le moyen le plus efficace de rendre tou·tes les élèves autonomes, capables de réflexion et d’initiatives. Ce n’est pas en commençant à opérer de manière insidieuse un tri social dès la classe de Cinquième, en présentant prioritairement aux jeunes de milieu modeste des métiers en tension, à faible niveau de qualification, que l’on élèvera leur ambition scolaire et professionnelle et qu’on les éloignera de la précarité.

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