On le savait, Emmanuel Macron n’a aucun scrupule à colporter de manière éhontée clichés et autres poncifs blessants. Tout le monde se souvient des enseignants qui « ne font pas d’efforts ». Voilà qu’on découvre aujourd’hui, au hasard d’une interview, la nouvelle idée présidentielle : un Conseil national de la refondation, sorte de grand machin réunissant associations, représentants du monde économique, social et sportif, ainsi que citoyens tirés au sort. Tout cela rappelle furieusement une partie du Grenelle de l’Éducation où un ancien capitaine de l’équipe de France de rugby, un DRH d’une grande entreprise ou un pédopsychiatre nous avaient gratifiés de leur lumineuse pensée sur l’avenir de l’École.

Mais surtout, Emmanuel Macron semble vouloir s’inscrire dans les pas du Conseil national de la Résistance, en détournant et en récupérant à son profit ce sigle ancré dans l’imaginaire collectif et dans l’Histoire. A-t-il été conseillé par Mackinsey ? Quoi qu’il en soit la manœuvre est indigne sinon grotesque. Le Conseil national de la Résistance a posé les bases de notre modèle social, fait de solidarités collectives et intergénérationnelles, pour sortir d’une période trouble. Le projet politique d’E. Macron est aux antipodes de celui du CNR : il met à mal les solidarités, notamment en affaiblissant méthodiquement les services publics et en ouvrant la protection sociale aux appétits du marché.

Définitivement, un président ne devrait pas user et abuser ainsi des symboles de l’Histoire.