Le tronc commun

Pour le baccalauréat général comme pour toutes les séries technologiques l’histoire-géographie fait partie des enseignements obligatoires du « socle de culture commune » et n’est donc évaluée qu’en contrôle continu.
Pour les séries technologiques, cela signifie la disparition de l’oral (l’épreuve anticipée en première est supprimée) .
A noter que, pour la première fois depuis la création de l’ECJS en 1999, l’EMC est pris en compte. Il n’est pas présent dans la liste des enseignements qui seront évalués par des « épreuves communes », mais les notes obtenues en EMC tout au long du cycle terminal compteront avec celles de tous les autres enseignements obligatoires. Il s’agit d’une rupture importante, qui pose d’abord la question de ce qui sera évalué. Les épreuves actuelles du DNB en troisième ne plaident pas en la faveur de la prise en compte de l’EMC dans une évaluation certificative…

L’organisation inacceptable du contrôle continu

« Les épreuves de contrôle continu portent sur les programmes officiels applicables en classes de première et de terminale.»
« Les sujets des épreuves communes de contrôle continu sont élaborés sous l’autorité du ministre chargé de l’éducation nationale. Ils tiennent compte, pour chaque enseignement concerné, de la progression pédagogique des programmes d’enseignement de la classe de première et de la classe de terminale. Ces sujets sont centralisés dans une Banque nationale numérique de sujets qui les propose aux équipes pédagogiques. »
« Les épreuves terminales écrites et les épreuves communes de contrôle continu sont corrigées sous couvert de l’anonymat ».

Ces dispositions montrent la volonté de maintenir les garanties d’un diplôme national malgré l’inflation des épreuves locales. Mais elles risquent fort de ne pas peser bien lourd face aux contraintes matérielles liées à la vie des établissements. Le projet d’arrêté sur le contrôle continu renvoie toutes les décisions au chef d’établissement (après consultation du conseil pédagogique) : organisation des épreuves, « protocole de correction et d’anonymisation ». Il n’y a dans le texte rien qui impose clairement qu’un enseignant ne corrige pas ses propres élèves par exemple…

Mais surtout, ces « épreuves communes » qui devront être organisées à deux reprises en première puis encore une fois en terminale, vont imposer un rythme de travail insensé aux enseignants comme aux élèves, au détriment du temps consacré à l’enseignement. On peut craindre le bachotage permanent et une détérioration de la relation pédagogique à partir du moment où les notes « compteront » systématiquement pour le baccalauréat. Quelle place restera-t-il pour une évaluation formative, sans la pression de l’examen ?

Comble d’ironie (ou de cynisme?), les enseignants ne garderont même pas la maîtrise de leur notation, fruit de leur expertise professionnelle :
« Une commission d’harmonisation des notes des épreuves communes du contrôle continu du baccalauréat est mise en place (…)
Elle prend connaissance des notes des épreuves communes transmises par les établissements et procède à leur harmonisation. »
« A partir des notes des trois séries d’épreuves communes et de l’évaluation chiffrée des résultats au cours du cycle terminal, le chef d’établissement fait une proposition de note globale de contrôle continu, pour chaque élève et pour chaque enseignement concerné, qui ne devient définitive qu’après la délibération du jury de l’examen du baccalauréat. »

Ces dispositions ne feront que jeter le soupçon sur les notes attribuées au sein de de tel ou tel établissement en fonction du profil social de ses élèves, ou de ce que l’on appelle pudiquement la « réputation » du lycée. Il s’agit bien de la disparition de l’horizon commun que dessinent aujourd’hui des épreuves nationales corrigées selon des critères transparents, dans un anonymat strict. Le Snes-FSU a maintes fois dénoncé les pressions exercées sur les correcteurs des épreuves terminales actuelles, sous prétexte d’harmonisation, et la nouvelle organisation ne fait qu’aggraver, systématiser, normaliser ces dérives. Le nouveau texte ouvre en outre la porte à un enseignement « maison » propre à chaque lycée puisque les copies des épreuves communes n’en sortiront plus. De quoi faciliter le « tri » des élèves au moment de l’orientation dans l’enseignement supérieur.

L’histoire-géographie dans l’épreuve orale terminale (baccalauréat général)

« Cet oral de vingt minutes (20 minutes) se déroule en deux parties avec, en premier lieu, une présentation du projet qui est adossé à un ou deux des enseignements de spécialité choisis par le candidat et avec, en second lieu, un échange avec le jury, mené à partir de la présentation du projet, permettant d’évaluer la capacité du candidat à analyser en mobilisant les connaissances acquises au cours de sa scolarité, notamment scientifiques et historiques. »

Aucun horaire spécifique à ce jour n’est annoncé pour préparer cet oral. Le flou le plus complet règne sur la nature du « projet » demandé, et sur les moyens qui seraient attribués pour que sa réalisation ne se fasse pas au détriment de l’enseignement disciplinaire commun à tous et toutes et/ou des enseignements de spécialité.

L’épreuve de spécialité « Histoire-géographie, géopolitique et sciences politiques »

Il s’agit d’une épreuve écrite de 4 heures qui porte sur le programme de première et terminale, et compte pour 16% de la note finale, pour les élèves qui auront choisi cette spécialité. Nos inquiétudes demeurent quant à la définition de cet enseignement (au croisement des qualifications et disciplines de recrutement des professeur.e.s d’histoire-géographie et de SES).

La définition du programme de cet enseignement, ainsi que de l’épreuve terminale, relève des compétences du Conseil Supérieur des Programmes. Il en est de même pour le programme du tronc commun et la forme des épreuves communes qui devra être précisée pour pouvoir alimenter la banque nationale de sujets. Mais pour l’heure, ces aspects techniques ne doivent pas nous faire oublier la logique globale du projet Blanquer qui est inacceptable.

Le SNES-FSU demande solennellement le retrait des textes de l’ordre du jour du Conseil supérieur de l’Éducation du 21 mars et l’ouverture de concertations pour une remise à plat totale du projet de réforme.

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