Le dispositif parisien, issu d’une expérimentation lancée en 2015, a mis en place trois « secteurs multi-collèges » : un secteur de recrutement commun à deux collèges dont la composition sociale est contrastée. Dans les deux des trois secteurs où les différences sociales étaient les plus nettes, la mixité sociale a progressé. Dans le troisième secteur, les écarts de composition sociale entre les deux collèges ont commencé à se résorber à partir de la troisième année. Dans ces trois secteurs, l’évitement vers le privé, responsable de la moitié de la ségrégation sociale dans les établissements parisiens, a reculé jusqu’à 30 %.

Le développement de la mixité s’est organisé selon deux modalités. Premier cas, la montée alternée consiste à recevoir tous les élèves de Sixième du secteur commun dans un des collèges puis l’année suivante dans l’autre. Une cohorte poursuit toute sa scolarité dans le même établissement. L’objectif d’une plus grande mixité sociale est plus facilement atteint lorsque la rentrée des Sixièmes s’effectue dans le collège initialement le plus favorisé sauf, qu’évidemment, ce n’est possible que tous les deux ans.

Autre procédure, le « choix scolaire régulé » s’appuie quant à lui sur un algorithme d’affectation qui a été affiné au fil des années, tenant compte des vœux formulés par les parents pour répartir « les élèves entre deux collèges de manière à ce que la composition sociale de chaque établissement corresponde à la répartition observée au niveau du double secteur ».

Des limites

Les rapporteurs concluent que l’élargissement des secteurs de recrutement des collèges publics apparaît comme un levier pertinent pour renforcer la mixité sociale dans les collèges de la capitale.

L’évolution des résultats des élèves n’a pas encore été étudiée alors que la finalité d’une telle expérimentation est de lutter contre les inégalités sco­laires. Le SNES-Paris regrette que ces établissements n’aient pas bénéficié des moyens nécessaires pour y parvenir. Il pointe aussi, sur le terrain, des conditions de travail dégradées. Des tensions ont souvent traversé le comité de suivi, lequel a disparu avec la crise sanitaire.

Cette expérimentation, pourtant intéressante, s’accompagnant dans certaines académies de fermetures ou de reconstructions d’établissements, n’a pas été étendue. J.-M. Blanquer préfère revenir à une politique élitiste d’exfiltration des meilleurs élèves d’Éducation prioritaire en relançant les internats d’excellence et en développant les « Cordées de la réussite » ou le « mentorat individuel ». Pour les élèves insuffisamment « méritants », relégués dans une éducation prioritaire menacée de délabellisation, le ministre souhaite développer l’apprentissage.

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