Une réunion sur la situation sanitaire a eu lieu le 6 janvier entre les organisations syndicales et Jean-Michel Blanquer, ainsi que son cabinet. Le SNES-FSU, dès la déclaration intersyndicale en ouverture et à l’image de ses interventions de ces derniers jours, est revenu sur la communication ministérielle de rentrée mais aussi les éléments de langage exaspérants utilisés par le ministre, se faisant le champion de l’Ecole ouverte, comme si les personnels voulaient, eux, les fermer.

« Encore une fois, la communication médiatique prend le pas sur la communication à destination des personnels de l’Éducation. Ce n’est pas la première fois que vous agissez ainsi depuis le début de la crise sanitaire »

« Vous affirmez sans cesse être le ministre de l’ « Ecole ouverte ». Cette expression est devenue votre première et souvent unique réponse aux nombreuses interpellations, en particulier les nôtres, vous demandant des moyens et des protections pour les personnels dans les écoles et établissements scolaires, avec un protocole viable, adapté à la réalité et permettant ainsi de tenir dans la durée. Cette réponse nie les vraies questions et les vrais problèmes que nous posons et elle jette l’opprobre sur les personnels et les organisations syndicales, soupçonnés de vouloir fermer les écoles, collèges et lycées, face à un ministre déterminé, lui, à les garder ouverts.

La répétition de ce discours, déconnecté des réalités que vivent nos collègues, est insupportable, alors même que depuis 20 mois, les personnels portent à bout de bras le service public d’Éducation.
Le fonctionnement de notre système éducatif en période de crise sanitaire mérite autre chose que ce débat binaire « école ouverte/fermée » que vous entretenez. Faut-il alors, encore une fois répéter notre volonté que l’École reste ouverte alimentant un débat qui, pour les professionnels de l’Éducation et nos organisations n’a pas lieu d’être ? »

Les interventions du SNES-FSU

Au-delà des points de méthode et de fond sur le discours du ministre évoqués ci-dessus, le SNES-FSU est revenu sur plusieurs points d’actualité
– les conséquences de la 5eme vague dans les établissements
Vies scolaires sous tension (sous effectifs, surcharge de travail avec la gestion des absences, du contact tracing), professeurs malades, demi-pensions qui commencent à fonctionner de manière dégradée en raison des arrêts maladie des agents…Avant la réunion, le SNES-FSU avait aussi alerté sur la question des internats, où la proximité et le brassage facilitent les contaminations. Combien de temps les établissements vont-ils tenir sans renfort en personnels ? Il est indispensable que des remplaçants arrivent dans les établissements pour leur permettre de fonctionner.


– les masques
Le Premier ministre a annoncé la livraison de masques chirurgicaux pour les enseignants d’ici la fin du mois de janvier. Le SNES-FSU les exige depuis la rentrée 2020 ! Après 18 mois de pandémie, et alors que le débat porte maintenant sur l’utilisation des masques FFP2, ces annonces sont bien tardives…et surtout il est indispensable que les adultes des établissements scolaires ne soient pas oubliés : il n’y a pas que des professeurs dans un collège et les lycées ! Les CPE, AED, PsyEN, AESH doivent être aussi équipés, sans revivre le fiasco de mai dernier, quand ces collègues avaient été oubliés dans la distribution des autotests.


– le report des épreuves de bac de mars à juin.
Le fonctionnement actuel des cours, avec des élèves qui sont absents, qui sont sortis de cours pour être mis à l’isolement, d’autres qui reviennent, des professeurs malades, ne permet pas une préparation des épreuves dans de bonnes conditions. La pression grandit aussi bien pour les professeurs que pour les élèves. Il faut annoncer rapidement le report des épreuves sans rejouer les épisodes des années précédentes où les décisions, prises tardivement, avaient mis sous pression les professeurs, les élèves et leurs familles.

la gestion des cas contacts doit être précisée
face à la pénurie de tests, l’attente est parfois longue avant de pouvoir être testé, il est indispensable de clarifier la position administrative des personnels concernés dans l’attente du test.

les remplacements
dans les collèges et les lycées, depuis de nombreuses années, les absences de moins de 15 jours ne sont pas remplacées, faute de remplaçants. L’arrêt maladie pour Covid étant de moins de 15 jours dans la plupart des cas, cela signifie-t-il que, contrairement aux propos ministériels, aucun professeur malade du Covid ne sera remplacé dans le 2d degré ?

Les réponses du ministre

Une bonne partie de la réunion a tourné autour de discours de justification et de célébration de l’action menée pendant la crise. Si quelques réponses (cantines, internat) ont été avancées dans la FAQ envoyée aux représentants des personnels après la réunion et avant sa mise en ligne, bon nombre de réponses du ministre montrent un écart abyssal avec la réalité !

Vies scolaire sous tension
Le ministre répond que « 300 emplois de CPE sont créés, ce qu’aucun ministre n’a probablement jamais fait. ». Quel est le rapport avec la question posée ? Rappelons que ces emplois concernent la rentrée 2022 alors que l’urgence dans les vies scolaires porte sur les prochains jours avec, dans certains endroits, des vies scolaires qui craquent sous la masse de travail liée à la gestion des absences, voire ferment en raison des cas Covid au sein des équipes d’AED.

Epreuves de bac
Selon le ministre, il faut faire preuve de pragmatisme et ne pas avoir une vision pessimiste de la situation avec une 5eme vague qui durerait plusieurs semaines. Il y a aussi une hypothèse optimiste, avec une 5eme vague finie fin janvier, ce qui limiterait donc les perturbations pédagogiques. Il n’y a donc pas d’urgence à prendre une décision. Le ministre annonce aussi que l’accent va être mis sur le programme « je réussis au lycée », à savoir les HSE qui permettent de travailler, de faire des séances ponctuelles dans certaines disciplines (en heures supplémentaires, à caser dans les emplois du temps casse-tête des lycées). Quel décalage ! Il est question des épreuves de bac, des élèves et professeurs absents, le ministre répond sur le mode « on verra plus tard » et met en avant un dispositif en heures supplémentaires. Lunaire.

Capteurs de CO2
Le ministre a affirmé qu’il avait « été clair depuis le début sur la généralisation des capteurs de CO2 » et a souligné les efforts faits. Rappelons qu’à l’heure actuelle, bon nombre de collèges et lycées ne sont pas équipés en capteurs et que, quand ils le sont, c’est sur la base d’un ou deux capteurs par établissement. Pour 40 à 50 salles minimum. Sur les masques chirurgicaux et FFP2, le ministre assure qu’il n’a « jamais été fermé sur cette question ». Rappelons que depuis la rentrée 2020, seuls des masques en tissu ont été fournis aux personnels.

En dehors de ces non réponses, l’essentiel des interventions du ministre a consisté à revenir sur le énième épisode de communication du week-end. Le ministre continue d’affirmer que la FAQ a été mise en ligne avant la publication de l’article du Parisien. De manière plus générale, le ministre a rappelé tout ce qui avait été bien fait dans le cadre de la gestion de la crise. Après avoir mis en avant l’engagement des personnels, pour ce qui est de la reconnaissance financière, il a souligné les travaux engagés dans le cadre du Grenelle (où 42% des personnels concernés ne toucheront pas la prime d’attractivité qui ne suffit pas à compenser les pertes de ces dernières années).

Rejouant une énième fois le refrain de la l’union pendant la crise, rappelant que « personne n’a à gagner de la division », il a affirmé à plusieurs reprises avoir toujours soutenu les enseignants. Nombreux sont ceux qui se souviennent plutôt de son silence révélateur pendant la polémique sur les enseignants décrocheurs à la sortie du confinement, ou ses propos alambiqués après la une scandaleuse et insultante du Figaro Magazine.

Dans l’action !

Depuis 20 mois, la gestion de la crise sanitaire par le ministre est chaotique, entre ordre, contre ordre, mépris et déni de réalité. Le SNES-FSU a de nouveau déposé un préavis de grève pour la semaine du 10 au 14 janvier. Une intersyndicale éducation se réunit le 7 janvier pour échanger sur la situation et discuter des perspectives d’action.

Le SNES-FSU a relancé son opération Covid Watch pour dénoncer les conséquences d’une gestion chaotique de la crise sanitaire. Un bilan de la semaine est en ligne : bilan d’une semaine au coeur de la 5eme vague. Continuez à témoigner dans notre enquête en ligne dans l’espace adhérent (pour les responsables de sections SNES d’établissement) ou sur les réseaux sociaux avec #CovidWatch #FiascoBlanquer

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