« Puisque ces mystères me dépassent, feignons d’en être l’organisateur »

Le ministre de l’Éducation nationale, en fonction depuis près d’un an, semble bien avoir fait de la phrase de Jean Cocteau sa devise personnelle.

Trois jours pour organiser des séances de révision et/ou prévenir les élèves qu’ils et elles sont libéré·es des cours ? C’est sans doute plus qu’il n’en faut ! Les personnels de l’éducation nationale ont appris des années Blanquer l’art de lire leur avenir immédiat dans les réseaux sociaux et les conférences de presse. Cette nouvelle démonstration de mépris pour leur travail et son organisation ne saurait les surprendre.

Voilà des mois que le SNES-FSU, avec la quasi totalité des organisations syndicales et les associations de spécialistes, demande le report des épreuves en juin afin de consacrer toute l’année aux apprentissages et à la préparation à l’enseignement supérieur. La décision de Pap Ndiaye est tellement tardive qu’elle intervient alors que les épreuves de spécialité ont déjà commencé dans les centres d’examens à l’étranger de plusieurs zones, depuis le lundi 13 mars…

Un cadrage flou

Une note de service de 2022 prévoit un cadrage national pour la réorganisation des enseignements de terminale PENDANT et APRÈS les épreuves de spécialité (lire notre article « Bac 2023 sous tension »). Personne au Ministère ne s’est avisé que les élèves avaient besoin de temps AVANT leurs épreuves pour les aborder dans de bonnes conditions.

Il est particulièrement choquant pour les enseignant·es, dans ce contexte, de voir le ministre prétendre se soucier de « l’égalité » dans la préparation au baccalauréat. Le SNES-FSU continue, pour sa part, de revendiquer une organisation transitoire de l’examen en exigeant la fin du contrôle continu, et des épreuves terminales, nationales et anonymes en juin. Il affirme qu’un autre lycée est possible et cela suppose de penser une autre organisation des enseignements, d’autres contenus, une autre manière d’évaluer les apprentissages et surtout de rendre au baccalauréat la valeur d’un diplôme national.

En tout état de cause, la décision improvisée de Pap Ndiaye ne garantit en aucun cas aux élèves de terminale des conditions de révision équitables. Non seulement, elle est beaucoup trop tardive, mais elle apporte un cadre très flou : « selon les établissements » il s’agira de « séances de révision ou de temps libéré ». Dans la vraie vie, celle des classes, un nombre non négligeable d’élèves a choisi dès le début de cette dernière semaine avant les épreuves de spécialité de ne pas aller en cours pour pouvoir réviser. Comment les en blâmer, compte tenu de la pression qu’ils et elles subissent en ce mois de mars infernal tendu vers le baccalauréat et la clôture de Parcoursup ? La décision de Pap Ndiaye, en plus d’être méprisante pour les personnels, confine au ridicule.

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