L’engagement des personnels enseignants pour maintenir une forme de lien humain et pédagogique avec leurs élèves malgré la fermeture des établissements a été remarquable. Il a fallu accepter une transformation de nos gestes professionnels : au lieu de penser des situations collectives d’apprentissage dans l’espace et le temps commun de la classe, nous avons dû penser des formes d’enseignement de plus en plus individualisées. Malgré nos efforts, nous avons rapidement perçu les limites des solutions numériques, institutionnelles ou marchandes. Pourtant, la généralisation du recours au numérique a éveillé des appétits. Dans une école publique déjà très dépendante du privé (exemple de Pronote), les industriels de la EdTech (startups et grandes entreprises) se sont frottés les mains de ce « moment de bascule fabuleux ».

Vive la crise !

J.-M. Blanquer et S. Dehaene (Conseil scientifique de l’Éducation nationale) célèbrent la « continuité pédagogique » comme une « occasion exceptionnelle de réfléchir à notre pédagogie » ; des « États généraux du numérique » sont annoncés pour l’automne afin de tirer « les leçons positives » de la pandémie. Pour le ministre, « l’école de demain sera à distance » et la rentrée de septembre devra « articuler présentiel et distanciel » !

Tout ceci alors que les suppressions de postes prévues en collège comme en lycée sont confirmées et sans aucun moyen matériel alloué. La EdTech est déjà prête à offrir ses services.

Ainsi, l’engagement sincère des professeurs pour limiter les dégâts de la discontinuité scolaire est utilisé comme un levier pour les déposséder de leur métier, au profit des industriels du numérique.

Plutôt que de promouvoir le numérique éducatif commercial, il est plus que jamais nécessaire de défendre le service public, et de lutter contre la casse de ses opérateurs (Canopé, CNED et Onisep).

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