Le SNES-FSU juge intéressante sur le plan intellectuel ce nouveau format mais sa mise en place est inopportune et difficile sur le plan matériel. L’audience avec l’inspection Générale de Sciences et Technologies du Vivant, de la Santé et de la Terre (IG STVST) le 7 février 2022 a permis de le signifier très clairement.

Les objectifs institutionnels de cette « évolution » : développer l’autonomie, favoriser l’esprit critique, renforcer l’oral

Un vademecum d’une vingtaine de pages et cinq exemples de sujets (en annexes) mis à disposition des enseignant-es présentent ces changements « dans la continuité », il s’agit d’introduire de la diversité dans les sujets proposés afin de :

  • Convoquer une réflexivité de la part du candidat qui s’interroge sur la fiabilité et les moyens d’obtention des résultats expérimentaux, sur la représentation qu’ils entraînent et donc sur la construction et la stabilisation des connaissances scientifiques
  • Former à la pluralité des démarches scientifiques
  • Développer l’autonomie des élèves
  • Favoriser l’exercice de l’esprit critique
  • Développer l’argumentation orale…

Le SNES-FSU est en accord avec ces louables objectifs, que l’on pourrait cependant trouver un peu opportunistes… si ce n’était la fin du règne Blanquer au MEN.

L’introduction d’une étape dite « spécifique », variable selon le type de sujet

Cinq types de sujet seront proposés au lieu d’un seul, repérés en titre des fiches sujets : test d’une représentation du réel (questionnement sur la validité d’un modèle), reproductibilité des résultats, généralisation d’un phénomène, poursuite de la stratégie, élaboration d’une stratégie (sujet ancien).

Cette étape dite spécifique arrive dans la partie B de l’épreuve pour les quatre nouveaux sujets dans le prolongement de l’interprétation des résultats avant la conclusion finale.

La stratégie pour répondre à la question est fournie dans 4 types de sujets sur les 5 : les candidats n’ont plus à la déterminer (sauf dans le sujet « ancien »).

La proposition est intellectuellement intéressante : rappel de la pluralité de la démarche scientifique qui n’est pas réduite à la conception d’une stratégie, importance du travail réflexif sur les résultats obtenus …

Mais cette évolution n’est pas une simplification, elle est même très ambitieuse : aidera-t-elle, comme l’a souhaité l’IG, le candidat à réellement conclure avec pertinence dans le cadre de la recherche imposée ?

Ne se fera-t-elle pas au détriment du temps passé à la manipulation ? L’IG rappelle « la primauté des activités pratiques », c’est un fait : la phase de la mise en œuvre du protocole est celle que réussissent le mieux nos candidats, laissons-leur le temps de travailler en toutes sérénité et sécurité. L’essence même des ECE n’est-elle pas un peu dévoyée ?

La nouvelle « étape spécifique », « une prise de parole en continu » du candidat : vœu réaliste ou vœu pieux ?

L’évaluation de cette nouvelle étape « spécifique » située soit dans la partie A (comme avant) ou dans la partie B (4 nouveaux types de sujets) se fait sur 3 points (curseur avec 4 niveaux selon aides majeures/mineures fournies ou non).

Son introduction dans les ECE doit permettre un temps dédié à l’argumentation orale : « le candidat construit et présente son travail à l’oral ».

Si l’apprentissage de l’argumentation orale est à prendre en considération, notamment pour préparer un Grand Oral réellement scientifique et si un oral qui n’est « pas évalué pour lui-même » est une bonne perspective, il nous semble que renforcer l’évaluation de l’oral lors de cette épreuve expérimentale d’une heure, n’est pas un gage d’équité pour des candidats interrogés simultanément dans une certaine promiscuité.

L’Inspection Générale minimise l’aspect inopportun du calendrier de cette « réforme », ignore l’état de fatigue des collègues, argue que des formations auront bien lieu et que cette évolution imposée n’est que la formalisation, dans cette nouvelle mouture de l’ECE, d’aspects relevant de nos pratiques habituelles, et que de toutes façons, les collègues resteront maîtres du choix des sujets et que l’évolution peut donc être très progressive.

Certes, mais pourquoi maintenant ? L’Inspection Générale souhaite « ne pas rater certains épisodes de l’Histoire ». Elle a été, comme nous toutes et tous, choquée par ces arguments qui circulent encore, justifiant l’abandon de la spécialité en terminale par de futurs étudiants en Sciences du Vivant, en Sciences de la Terre, en Médecine, en BCPST… : « on peut rattraper les SVT », « on peut se passer des SVT »…

Il s’agirait donc de montrer que les SVT sont bien des Sciences ! Malheureusement, un pilotage par l’évaluation n’est pas la solution.

Ce sont, avant tout, nos conditions de travail, la qualité et la faisabilité des programmes qui sont les promoteurs de notre discipline au quotidien. Nous avons pointé l’hétérogénéité de nos élèves, des conditions d’apprentissage (groupes à 16, 18, 24… élèves), des groupes de spécialité dédoublés pendant 1.5h, 2h, 3h…

L’Inspection Générale a rappelé qu’elle n’avait pas la main sur l’organisation de notre enseignement mais qu’elle n’était pas opposée à des modifications de programmes (pour l’Enseignement scientifique également) ; pour cela, elle doit être missionnée par le ministère et le Conseil supérieur des programmes : ce qui n’est pas le cas pour l’instant.

Annexe : Vademecum et Spécimens de situations d’évaluations :

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