Madame la Directrice, Monsieur le Président, Mesdames, Messieurs

Une fois encore, évoquons pour l’ouverture de ce CSE, la situation de notre collègue Cécile Kholer. Une possible condamnation à 17 ou 20 ans de prison en Iran fait craindre le pire. Nous demandons au gouvernement de tout mettre en œuvre pour obtenir sa libération et celle de son conjoint le plus rapidement possible.

La formation du nouveau gouvernement, intervenue après d’innombrables péripéties, aura finalement permis, pour la seconde fois, à un ancien Directeur général de l’enseignement scolaire de devenir ministre de l’Éducation nationale. C’est l’un des nombreux points communs du nouveau ministre avec l’un de ses prédécesseurs, J.-M Blanquer.

DGRH, Cabinet, DGESCO, Secrétariat général, Inspection générale… quelques hommes et femmes placé·es et déplacé·es sur les postes clés du ministère depuis 2017 poursuivent et amplifient l’action du ministre prédicateur dont profitent sans scrupules le privé catholique sous contrat comme le privé marchand. La stabilité des politiques éducatives menées par le ministre Blanquer avec le DGRH E. Geffray puis avec le DGESCO E. Geffray va donc perdurer avec le ministre E. Geffray.

La crise politique qui secoue les ministères depuis plus d’un an, n’a aucun effet à l’Éducation nationale. L’administration est en circuit clos et continue sur sa lancée pour déposséder les personnels de leurs missions émancipatrices auprès des jeunes et privatiser l’école publique.

Pourtant la crise de recrutement s’aggrave. La déconsidération sociale et le décrochage salariale dans les métiers de l’enseignement en France sont une fois de plus attestés dans l’enquête comparative internationale Talis. La sélection opère dans des classes en sureffectifs. L’éducation prioritaire n’est plus portée. L’école inclusive connaît une nouvelle dégradation avec les PAS et sa réponse de premier niveau dont les élèves en situation de handicap devront se contenter durablement. Plus de 100 000 bachelier·es sont resté·es sans affectation dans le supérieur. Autant de sujets qui devraient faire l’objet de moyens et de mesures après concertation pour inverser les tendances.

Mais au lieu de cela, les hiérarchies se mettent méthodiquement en tension sur l’évaluation des élèves, et rivalisent d’initiatives pour contrôler non les apprentissages des élèves mais les méthodes de leurs professeur·es.

A Lille, la Rectrice entend créer dans les collèges un « film annuel » sur l’évaluation constitué de réunions de contrôle ! Alors qu’aucun texte ne les prévoient en collège, elle somme les principales et principaux de mettre en place sous dix jours des projets locaux d’évaluation en exigeant des remontées statistiques circonstanciées.

Madame la directrice, lors d’une réunion au CNESCO début octobre, vous avez déclaré «Il faut sans doute repenser l’exercice du métier notamment sur le caractère trop considéré comme un métier individuel avec la revendication de la liberté pédagogique et la maîtrise totale de son travail dès lors que la porte de la classe est fermée… C’est une des réponses pour favoriser l’attractivité ».

Pour le SNES-FSU, la liberté pédagogique est au service de la réussite des élèves car elle permet aux professeur·es de faire les meilleurs choix dans les apprentissages avec la possibilité de les réajuster en permanence. Revendiquer la liberté pédagogique et la maîtrise totale de son travail n’est en rien illégitime pour les fonctionnaires cadre A que sont les professeur·es. Le SNES-FSU ne laissera pas ce principe fondateur de l’enseignement en démocratie remis en cause. Ce principe fonde par ailleurs la garantie de l’autonomie professionnelle que recherchent les jeunes diplômé·es à leur arrivée sur le marché du travail, un levier complémentaire avec celui des salaires pour redonner de l’attractivité à nos métiers.

Sur le budget pour l’école, la rupture proclamée par le Premier ministre n’aura pas lieu. Le rang attribué au ministre de l’Éducation nationale dans l’ordre protocolaire du gouvernement en dit déjà long de l’ambition de M. Lecornu pour la jeunesse et de l’absence de priorité budgétaire pour l’école publique et ses personnels dans son budget.

Son discours de politique générale a confirmé de nouvelles suppressions de crédits dans les services publics et le refus de chercher de nouvelles recettes avec une autre répartition des richesses. Les projets de retraits d’emplois dans le second degré sont inacceptables, le reflux démographique doit bien au contraire permettre de retrouver les taux d’encadrements de 2017. Aucune mesure salariale n’est prévue pour stopper le déclassement salarial des métiers de l’enseignement.

Le SNES-FSU ne saurait se contenter de la suspension provisoire de la réforme des retraites qui invisibilise le sort des femmes mères fonctionnaires et les nécessaires aménagements des fins de carrière. Cette suspension doit maintenant conduire à l’abrogation de la réforme de 2023.

En lien avec les textes présentés en CSL et CSE, le SNES-FSU demande à ce que soit mis fin aux discriminations opérées sur la plate-forme Parcoursup par le lycée privé sous contrat Sainte-Geneviève dit ‘Ginette’ qui, à notre connaissance, est le seul lycée de France à prévoir un recrutement genrées au détriment des filles en CPGE MPSI, PCSI et PTSI et au détriment des garçons en BCPST. Ces discriminations assumées rendent encore plus scandaleux le fait que le lycée Sainte Geneviève soit cité en exemple par l’Inspection générale dans le cadre du plan dit ‘Filles & maths’. Par ailleurs, la rénovation du programme de mathématiques en CPGE B/L a été retiré au dernier moment de l’ordre du jour de la dernière CSL. Les collègues de mathématiques de la filière sont demandeurs d’ajustements du programme de 2016 qui pose un certain nombre de problèmes, notamment en lien avec la réforme du lycée.

Pour finir, cinq ans aujourd’hui après le 16 octobre 2020 et deux ans après le 13 octobre 2023, le SNES-FSU rend hommage à nos collègues Samuel Paty et Dominique Bernard, assassinés par des terroristes islamistes. Nous pensons aussi à nos collègues Agnès Lassalle, Christine Renon, Mélanie Grapinet et Caroline Grandjean.


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