Au terme de 2 ans de discussions et de débats le CSE examine aujourd’hui un texte important pour la mise en œuvre de la loi de refondation de l’École. Un texte qui se doit d’être refondateur.

Comment, dans ce contexte ne pas être étonnés de voir resurgir de veilles lunes que l’on pouvait espérer avoir dépassées pendant le débat de l’été 2012?
Ainsi en est-il de l’opposition stérile connaissances/compétences complaisamment entretenue pour mieux ressortir un livret de compétences qu’un habillage nouveau ne suffira pas à le faire accepter par les enseignants du second degré.
Ainsi en est-il du retour à un socle utilitariste prôné par les nostalgiques du socle de 2005 qui tentent désespérément depuis 10 ans de le parer de vertus démocratisantes,
Ainsi en est-il de la paresseuse analyse que le collège est responsable de tout les échecs du système éducatif…
Tout cela augure bien mal du débat sur la réforme du collège !

Le texte présenté aujourd’hui est issu du projet élaboré par le CSP, mais, au nom du respect des codes d’écriture d’un texte « réglementaire », il a perdu beaucoup de sa chair, et bouscule les équilibres que le CSP, dans la prolongation de loi de refondation avait, dans sa diversité, su trouver. Il est tout de même étrange que des pressions partisanes et bien éloignées de l’objectif d’une véritable ambition pour toutes et tous fondée sur la conviction du « tous capables » s’acharne à nier la dimension culturelle de cet ensemble que la Nation, par la loi, s’engage à faire acquérir à tous les jeunes d’une génération. Comme si une culture scolaire commune était, par essence, un luxe que ne pourraient atteindre les plus démunis ! Comme si la culture n’était qu’un supplément d’âme réservé à une élite.
Les amendements que présentera le SNES-FSU s’inscrivent dans cette volonté de redonner au décret socle et à son annexe la consistance qu’il a perdu au fil des réécritures et pour qu’il soit ce qu’il avait été annoncé qu’il serait : le programme des programmes, fil conducteur des programmes disciplinaires qui seront, dans l’exercice quotidien des enseignants, la référence et l’outil professionnel dont ils ont besoin pour remplir leur mission.

Les difficultés du collège sont réelles, personne ne les nie. Mais ne nous trompons pas de diagnostic pour pouvoir recycler de vieux projets ou imposer de fausses solutions.
Un constat sérieux de l’état du collège ne peut faire l’impasse sur les conditions de travail des personnels et d’étude des élèves. Nous n’en voyons que peu de traces à ce jour ! Un bilan honnête de la situation du collège ne peut ignorer la demande quasi unanime des enseignants : avoir du temps avec les élèves, moins de hiérarchies, moins de réunions, moins de prescriptions, moins d’usines à gaz. Aujourd’hui, nous ne sommes pas assurés que la déclinaison du socle, en lien avec les strates administratives installées par les derniers textes sur la multitude de conseils à mettre en place dans les collèges, et avec des modalités d’évaluation des acquis de plus en plus chronophages et éclatées, aillent dans le sens de cette demande.
La grande faiblesse de la loi de refondation, nous voulons le redire ici, est d’avoir confondu fin de scolarité obligatoire et fin du collège, ce qui n’est d’ailleurs pas la réalité pour plus de la moitié des jeunes scolarisés au collège. Cette volonté de ne surtout pas travailler la liaison collège/lycée pour mieux enfermer le collège dans un bloc école/collège ne permet pas de desserrer l’étau de l’orientation qui enserre le collège. Et il est frappant, alors que les discours sur le tri social au collège fleurissent, que rien ne soit dit sur cette problématique de l’orientation. Sans doute parce qu’ouvrir cette boite noire obligerait à s’interroger sur la restructuration en marche des réseaux des CIO menée sans la concertation qui avait pourtant été promise à l’issue des premiers travaux du GT14 !

Le SNES-FSU prend acte de votre affirmation, Mme la Ministre, de sortir de la logique du LPC, ce que la profession attendait depuis des années.

Je terminerai par les modalités de la consultation des projets de programmes rédigés par le CSP : le SNES renouvelle sa demande de demi-journées banalisées pour permettre l’effectivité de la consultation et le débat collectif sur ces projets dans les établissements, en application de la charte des programmes.