L’ordre du jour de cette séance du CSE est lourd dans son contenu : les programmes de la scolarité jusqu’en classe de 3ème (et non de la scolarité obligatoire qui se poursuit au-delà pour la majorité des élèves) qui sont des éléments structurant pour les apprentissages des élèves et pour l’activité professionnelle des personnels. Il est important car les propositions qui seront étudiées aujourd’hui s’inscrivent dans la réforme du collège qui reste majoritairement rejetée par les enseignants du second degré. Il est significatif de la façon dont le ministère entend mettre en œuvre cette réforme, contre vents et marées, en tenant des propos blessants et humiliants pour les personnels dans des séminaires et des réunions qui se transforment en machine de guerre contre les récalcitrants et les immobiles qui ne comprendraient rien aux vertus du projet ministériel.
Le SNES-FSU tient à redire ici, à 3 jours d’une manifestation nationale contre cette réforme et pour la reprise des discussions sur d’autres bases, qu’il n’accepte pas que toutes les forces du ministère et tous les moyens de la formation continue soient consacrés à la mise en place contre les personnels d’une réforme qu’ils rejettent parce qu’inapplicable, inefficace pour lutter contre les inégalités sociales et scolaires, dangereuse parce que s’appuyant sur des préjugés scandaleux sur la façon dont les enseignants travaillent aujourd’hui. Bref, une réforme de l’enseignement imposée contre les personnels et pour soit-disant « les mettre enfin au travail » …on est loin de la dynamique des débats de l’été 2012 et de l’esprit de loi de refondation. Le SNES-FSU condamne fermement cette espèce de « chasse aux professeurs » qui semble s’installer si l’on en croit nombre de témoignages et de dépêches de presse. Nous le redirons samedi dans les rues de Paris

Pour en revenir à l’ordre du jour de ce CSE, le SNES-FSU, dans la logique de son opposition à la réforme imposée du collège a déposé une série d’amendements de rupture dont l’objectif est de sortir les projets de programme du joug de la réforme tout en laissant ouverte la porte aux nécessaires évolutions des programmes et de leur mise en œuvre. Sur les programmes eux-mêmes, outils professionnels et vitrine montrant ce que la Nation définit en termes de connaissances, de savoirs et de compétences indispensables à la formation initiale de toute une génération, le SNES-FSU rappelle son attachement à des programmes nationaux, comportant des repères annuels et des niveaux d’exigence attendus qui ne peuvent être renvoyés à l’appréciation locale. Des programmes disciplinaires articulés entre eux et ouverts à des pratiques et des approches interdisciplinaires permettant aux élèves de percevoir la cohérence de ce qu’ils apprennent et travaillent. Des programmes qui tracent les contours d’une culture commune qui fasse sens horizontalement (sur un niveau) et verticalement (sur l’ensemble de la scolarité). C’est cette exigence qui a guidé la rédaction d’une partie des amendements que le SNES-FSU a déposés.
Le SNES-FSU demande que le ministère renonce à son idée de mettre en œuvre l’ensemble des programmes en une seule fois et proposera un calendrier permettant une entrée en vigueur plus soucieuse de la prise en compte du parcours des élèves, plus attentive aux difficultés matérielles et pédagogiques inhérentes à tout changement profond des programmes. Il n’accepte pas l’idée d’un « changement brutal de paradigme destiné à forcer les enseignants à se plier aux nouvelles lubies administratives en matière de pratiques pédagogiques » et exhorte le ministère à mieux prendre en compte l’intérêt des élèves dans ce changement plutôt que de sacrifier celui des 2 ou 3 générations qui auront la malchance d’être scolarisés au collège au mauvais moment.
Quoiqu’il en soit il est impensable, pour le SNES-FSU, qu’un tel changement de programme ne donne pas lieu, à une réflexion collective dans les établissements sur les enjeux et les conditions de mise en œuvre. Un véritable plan de formation continue partant des besoins des personnels, à l’opposé du plan descendant de formatage prévu en partie sur les vacances scolaires par la DGESCO devrait être mis en œuvre. On ne peut communiquer sur la professionnalité des personnels et dans le même temps installer un tel plan de formation qui par ailleurs absorbe tous les moyens de la formation continue. Les personnels, dans la suite des déclarations sur la soit disant incompréhension des enseignants concernant les bienfaits de la réforme, ressentent ce dispositif fortement médiatisé comme une expression de mépris. Mais il est vrai qu’en l’espèce, la DGESCO est devenue spécialiste du double discours et privilégie la communication avec les médias construite sur des éléments de langage pour mieux cacher son autoritarisme à un véritable dialogue avec les personnels et à une action construite avec eux.
Pour terminer je voudrais revenir sur les conditions inadmissibles dans lesquelles a été organisée la Commission spécialisée de collèges de la semaine dernière et celles dans lesquelles vont se dérouler ce CSE et celui de la semaine prochaine soumis à un calendrier intenable qui empêche les représentants du personnels de faire correctement le travail pour lequel ils sont mandatés dans cette instance.
Le SNES-FSU, conformément au vœu qui a été adopté lors du CSE d’installation quittera la séance à 19H, ainsi que jeudi. Il engage l’ensemble des membres du CSE à faire de même. Si l’examen des textes n’est pas terminé, il est possible de prévoir la fin du débat au prochain CSE de la semaine suivante. A cette occasion le SNES-FSU demande que les textes évaluation qui n’ont pu faire l’objet d’aucun débat préalable avec les personnels soient retirés de l’ordre du jour de ce prochain CSE.
Le SNES-FSU saisira le CHSTM des conditions de travail qui sont imposées par l’administration lors des Commissions et des séances du CSE.