Il ne fait décidément pas bon préparer les concours de recrutement du second degré cette année. Les Ministres qui se succèdent à un rythme inédit maintiennent coûte que coûte pour 2026 l’entrée en vigueur de la réforme des concours lancée par leur prédécesseur Gabriel Attal, et tant pis si les étudiant·es ont du mal à s’y retrouver : comment se préparer au nouveau concours en L3, quel concours choisir, comment seront affecté·es les lauréat·es ? Beaucoup de choses restent confuses. La ventilation des postes par disciplines et par concours n’est pas encore connue, alors que les inscriptions sont en cours.
Cerise sur le gâteau, le Ministère annonce la fermeture du recrutement en 2026 dans certaines sections du CAPES externe. C’est le cas en chinois, en portugais, en LSF. Les étudiant·es et leurs formateurs et formatrices se mobilisent (ici une pétition lancée par un étudiant en LSF ; là en chinois, une pétition initiée par le SNESup de l’Inspé de Paris), les associations alertent, et peuvent compter sur le soutien du SNES-FSU.
Certes, le nombre de postes ouverts au CAPES externe dans ces disciplines était modeste l’an dernier : 4 en chinois, 2 en en LSF, 5 en portugais. Mais il faut bien mesurer ce que signifie leur fermeture en 2026.
Elle est en effet révélatrice du peu de cas que le Ministère fait des étudiant·es qui se destinent à nos métiers, et de ceux et celles qui les y préparent. On ne décide pas en octobre de préparer un CAPES, et c’est le travail de plusieurs mois, sinon de plusieurs années, qui est réduit à néant. C’est pour ces raisons que le SNES et la FSU revendiquent depuis longtemps un plan pluriannuel de recrutement, qui doit permettre aux étudiant·es de se projeter, dès le début de leur cursus.
Les conséquences de la fermeture du CAPES dépassent par ailleurs les étudiant·es qui les subissent en premier lieu : elle fragilise l’existence des formations, dans des universités qui souffrent de façon chronique de restrictions budgétaires, et menace la pérennité à court terme d’un vivier de candidat·es. Le Ministère ne tire-t-il aucun enseignement de la gestion erratique du recrutement depuis le milieu des années 2000, qui a probablement joué un rôle fondamental, pour toutes les disciplines, dans la baisse du nombre de candidat·es ? Cette politique court-termiste sape les bases de l’enseignement des disciplines concernées pour de longues années.
Le SNES-FSU dénonce également le fondement de ces décisions. Dans sa réponse à une journaliste du Monde, le Ministère justifie la fermeture du CAPES de langue des signes française par « l’absence de demandes remontant des académies ». Mais c’est le serpent qui se mord la queue : le Ministère supprime des emplois dans les académies (1365 suppressions d’emplois dans le 2d degré public dans le budget Lecornu), et constate ensuite l’air de rien que les académies renoncent à une partie de leur capacité. L’absence de demandes est un artefact : elle est fabriquée, contrainte a priori par les choix austéritaires. Ce sont les dotations étriquées, non pas les besoins des élèves, et encore moins la démographie du corps enseignant, qui pilotent la politique de recrutement actuelle.
Plus globalement, ces besoins mais aussi ceux en hébreu, japonais, russe et néerlandais dont les CAPES sont fermés depuis 2025, comme ceux en langues régionales, doivent être pris en compte avec une programmation des recrutements (CAPES et agrégations), concertée et transparente, qui ne mette en aucun cas l’ensemble de ces disciplines en concurrence.
S’il veut accorder un peu de crédit au premier objectif que son ministère donne à la réforme des concours, « attirer davantage de candidats », le nouveau ministre de l’Éducation nationale pourrait commencer par rouvrir les CAPES fermés.