
Des épreuves moins exigeantes, sans dimension professionnelle
Le métier d’enseignant dans le second degré est loin de se limiter à la maîtrise de connaissances disciplinaires, et doit comporter une formation didactique et pédagogique. Le ministère réussit à dégrader les deux en plaçant le concours en L3.
Dans ces futures épreuves, l’aspect disciplinaire est en effet largement édulcoré. En SES, les candidat·es ne devront plus présenter une maîtrise suffisante et pluridisciplinaire des savoirs en sciences économiques, sociologie et science politique. Le nouveau concours offre la possibilité de choisir un domaine « majeur » et un autre « mineur », ce qui revient à négliger le niveau dans l’une ou l’autre des disciplines. Exit également la question d’épistémologie, qui permet d’avoir un recul sur les savoirs enseignés et leur logique et validité historique. Exit aussi l’exercice de maths, alors que la manipulation de données est au cœur des démarches en sciences sociales. Ce nouveau CAPES porte en germe l’affaiblissement de la pluridisciplinarité, et à terme le risque d’éclatement des SES.
Ce CAPES précoce, trop précoce, entraîne également la disparition de toute dimension didactique et professionnelle. Comment recruter pour un métier sans en approcher l’essentiel, la relation pédagogique ?
Des sujets zéro indigents
Les sujets sont de simples copiés-collés des objectifs d’apprentissage du programme de SES au lycée, et pourraient être traités par la plupart des élèves de Terminale, « bons » et moins bons…
Il s’agit de demander aux candidat·es ce qu’ils devront répéter en cours, sans le moindre pas de côté, entérinant déjà une tendance présente aux épreuves du baccalauréat. Il ne faudrait pas avoir les idées trop larges…
Exemple avec la question sur document : « Montrer pourquoi les individus s’engagent malgré le paradoxe de l’action collective. » Le premier document est issu d’un article de l’économiste Mancur Olson, qui explique en détails sa théorie du paradoxe de l’action collective. Cela n’arriverait même pas au bac, puisque les documents doivent être factuels ! Que dire également de l’apparition de clefs de lecture pour les documents statistiques… Alors que les lycéen·nes font face à des sujets de baccalauréat plus exigeants, est-il normal qu’un·e candidat·e au CAPES doive simplement être capable de sélectionner l’information ?
Professeur : c’est le métier qu’on exécute
Les savoirs demandés ne devront ainsi pas tellement s’éloigner des programmes scolaires, limités et contraignants. Les futur·es professeur·es sont ainsi dépossédé·es de leur expertise scientifique, didactique et pédagogique. Comment ne pas voir que l’enseignement sera de plus en plus formaté par les injonctions gouvernementales du moment ? Et les enseignant·es convertis en simple exécutant·es ?
Le SNES-FSU reste mobilisé contre cette réforme, mauvaise réponse à un vrai problème d’attractivité du métier. Le SNES-FSU défend un concours au niveau du master, associé à formation initiale qualifiante et adossée à l’Université.