
Mourir d’être personnel de l’Éducation nationale. Ces mots semblaient impensables, imprononçables il y a quelques années. Ils marquent désormais tragiquement une actualité malheureusement par trop récurrente. Mélanie G., assistante d’éducation au collège Françoise Dolto de Nogent, en Haute Marne, a été poignardée par un élève. La sidération se mêle à l’effroi, mais c’est d’abord l’immense douleur de perdre une collègue, dans l’exercice de son métier qui prévaut.
Sans surprise, le bal des récupérations et instrumentalisations, grossières et indécentes, a démarré quelques heures à peine après le drame. L’École est le réceptacle de tous les maux de la société. Sa sécurité devient une question complexe mais indispensable à traiter. Avec sérieux. En prenant de la hauteur. Pour l’instant, les réponses s’entremêlent, entre portiques et interdictions des réseaux sociaux et des écrans. Si le rapport aux écrans est incontestablement un sujet, quelles sont les alternatives en dehors de l’interdiction ? Aucune.
Face à l’isolement croissant des jeunes, à leurs interrogations sur leur avenir, il est urgent de recréer les lieux et espaces de construction du collectif, de socialisation, par la démocratie lycéenne et collégienne, les clubs, les associations qui permettent d’apprendre à vivre ensemble, à se connaître. À l’heure où le politique dit son impuissance face à la situation, il y a là un vrai projet politique à porter et développer : faire société, grâce à l’École et autour d’elle.