
La fiche de poste proposée par la Dgesco
Le SNES-FSU et la FSU -SNuipp ont fait plusieurs remarques sur cette fiche transmise aux organisations syndicales, après la réunion du dernier GT ministériel en juillet, alors qu’elle avait déjà été adressée aux recteurs pour recrutement.
En effet, celle-ci assimile de fait la·le Psychologue-CT en santé mentale aux autres conseiller·ères techniques des personnels médico sociaux alors qu’elles·ils n’appartiennent pas aux mêmes filières administratives. Ce ne sont donc pas les mêmes niveaux de recrutement, les mêmes obligations horaires, les mêmes grilles de rémunération et les mêmes déroulements de carrière. Pour la FSU, les PsyEN et DCIO n’ont rien à gagner à cette assimilation.
Les missions confiées à ce·tte conseiller·ère technique empiètent largement sur celles des IEN-IO en les dessaisissant de toute la dimension psychologique du métier de PsyEN, notamment en confiant à la·au CT l’animation du réseau EDA-EDO, alors que les IEN-IO sont censé·es évaluer les PsyEN EDO sur toutes leurs missions. Ces missions sont également en concurrence avec celles des DCIO dans les relations avec les chef·fes d’établissements et avec les partenaires internes comme externes.
Enfin, l’organisation de la réponse aux besoins du terrain confiée à ce personnel interroge encore davantage puisqu’elle·il n’a en principe aucune responsabilité hiérarchique.
La déclinaison sur le terrain ou la dérèglementation à l’œuvre
Dès le mois de juillet, le SNES-FSU a commencé à recenser les fiches de postes parues sur le site officiel « choisir le service public ». Mais, ceci ne représente qu’une petite partie des fiches de recrutements dans les départements. Nous pouvons constater une grande disparité sur le profil des personnes attendues, sur leur niveau et modalités de recrutement, sur leurs missions, leurs conditions de travail et leur rémunération.
- Le profil des personnes attendues
S’agissant d’un·e Psychologue-conseiller·ère technique, on aurait pu s’attendre à ce que le titre de psychologue soit exigé. Mais ce n’est pas le cas ! Plusieurs départements n’indiquent pas l’exigence d’un master 2 en psychologie, voire ont déjà décidé de confier le poste à un enseignant (Pyrénées-Atlantiques) ou à un·e psychologue travaillant pour la MLDS.
Avec quelles compétences ces personnes assureront elles une position d’expertise en santé mentale auprès des décideurs et de nos collègues ? Avec quelle légitimité ?
Certains départements n’exigent que la licence mais précisent un recrutement parmi les PsyEN EDA et EDO comme si les DASEN ne savaient pas que les PsyEN sont recruté·es avec un master de psychologie !
Tous les départements ont ouvert le recrutement à des collègues contractuel·les et certains à des personnes en détachement ou après mutation. Ce qui correspond à une nouvelle mise en cause des règles du mouvement national.
- Les modalités de recrutement sont des plus opaques
Dans une quinzaine de département des fiches sont parues sur le site «choisir le service public ». Mais qu’en est-il des autres ? Dans la grande majorité des cas, les recrutements se font par cooptation sans aucune transparence ni publicité faite à cet appel à candidature dans les CIO ou sur les messageries académiques. Certain·es PsyEN ayant proposé leurs candidatures, n’ont jamais été convoqué·es, d’autres se sont vues indiquer que le choix se portait sur une des spécialités et pas l’autre (Drôme).
- La nature du poste
Il s’agit bien d’une fonction et non d’un grade ou d’un poste statutaire. Il n’y a donc aucun encadrement réglementaire autre que la fiche de poste départementale. La fonction peut être supprimée, transformée, attribuée à quelqu’un d’autre d’une année sur l’autre.
Les collègues titulaires qui postuleraient peuvent en principe retrouver leur poste s’il est mis fin à cette fonction, mais aucune assurance quant au remplacement sur le terrain puisque la création des « CT » se fait à moyens constants. C’est donc bien en ponctionnant 100 postes sur le vivier EDA et EDO que cette fonction est créée.
Dans certains départements, le poste a été proposé à des DCIO en plus de leur charge actuelle de travail et sans aucune indemnité !
La nature des missions est différente selon les départements.
Même si la fiche nationale est déjà trop large, certains départements étendent les missions au harcèlement et au suivi des signalements violence (Pyrénées-Atlantiques), à l’inscription des actions des PsyEN dans les projets d’Écoles promotrices de santé (Pas-de-Calais) et dans les projets territoriaux de santé mentale (Manche).
- Les conditions de travail de ces personnels
Plusieurs fiches insistent sur les dépassements horaires en faisant référence aux 1607 heures soit 40H40, alors que les obligations de service du corps (arrêté du 11 mai 2017) font référence à un cadre hebdomadaire et non annualisé. La fiche des Ardennes précise même le nombre de jours de congés fixé à 49 jours alors que les PsyEN EDO en ont 60 et les PsyEN EDA 70 !
- La rémunération :
Peu de fiches mentionnent une indemnité supplémentaire. Pourtant, des sommes entre 500 euros et 800 euros bruts mensuels sont évoquées, mais de nombreuses questions demeurent.
Normalement un PsyEN qui n’exerce plus ses fonctions sur le terrain perd l’indemnité pour fonction particulière (soit 3338 euros bruts annuels) au profit d’indemnités ne relevant pas du corps. Le RIFSEEP dépend du grade de la personne et ne peut être cumulée avec d’autres indemnités pour travaux supplémentaires. Certains départements comme la Meuse propose 800 euros mensuels pour une indemnité forfaitaire pour travaux supplémentaires. Le Nord propose une indemnité entre 3020 bruts annuels et 3700 (avec plus de 20 ans d’ancienneté). Mais ramenés à ce que touchent mensuellement les PsyEN avec leur indemnité de fonction, le gain serait au maximum pour les collègues en fin de carrière, de 40 euros mensuels !
De plus, dans toutes les réunions au MEN, il a bien été précisé que toutes les mesures financières étaient soumises au budget 2026 ce qui fait peser une forte incertitude sur la réalisation de ces promesses.
Les conséquences pour les PsyEN sur le terrain.
Tous ces éléments laissent à penser que les PsyEN déjà confronté·es aux postes vacants, au non remplacement des congés, à l’absence de revalorisation salariale vont se retrouver soumis à deux sources de prescriptions : celles des IEN et celle de ces CT, sorte de hiérarchie officieuse légitimée par la lettre de mission du DASEN.
Pour les PsyEN EDO, d’un côté toujours plus de prescriptions pour la mise en place du Plan Avenir, de l’autre des exigences sur la mise en place des protocoles dans les établissements, une demande supplémentaire de bilans via les CMP et CMPP, un enrôlement dans les actions pour les Écoles promotrices de santé etc..
De plus, la grande latitude laissée aux DASEN pour créer cette fonction, dans un corps dont le statut et les missions sont encadrés au niveau national, fragilise encore un peu plus la visibilité des PsyEN et les textes réglementaires qui régissent le corps.
Le SNES-FSU et la FSU-SNUipp alertent les collègues sur les dérives importantes de cette mesure et les appellent à se mobiliser pour une autre place et une autre reconnaissance des PsyEN dans l’École !