Une fois encore, ce sont les mêmes critiques qui reviennent: une orientation “trop éclatée”, “peu lisible”, avec “trop d’acteurs” et trop de complexité, reprochée au cadre national.
Cette prise de position s’inscrit dans une demande récurrente et décomplexée : obtenir une délégation intégrale de la compétence orientation au titre du « nouvel acte » de décentralisation !
Les régions entendent structurer un bloc orientation–formation–emploi, piloté localement en articulant les parcours des élèves aux besoins économiques qu’elles identifient sur leur territoire.
Pourtant, les travaux du Céreq rappellent depuis longtemps que l’adéquation formation-emploi ne constitue pas un modèle scientifiquement valide. L’alignement des parcours des élèves sur les besoins économiques immédiats, sur les métiers en tension revient à instrumentaliser l’orientation au service d’objectifs à court terme, bien loin d’une perspective d’émancipation. Certaines régions ont déjà commencé à concevoir la carte de la formation professionnelle initiale en ce sens et prétendent s’appuyer sur les chiffres de l’insertion à 6 mois pour gérer les ouvertures ou fermetures de section professionnelles.
Les exigences sont claires :
- Création de « Maisons de l’orientation » comme guichets uniques « tout au long de la vie »
- « prise d’appui » sur le maillage des CIO, ce qui revient à demander la mise à disposition des personnels et des moyens budgétaires qui en relèvent. Et vraisemblablement la fermeture des CIO en tant que structures de l’Éducation nationale ou leur dilution dans ces guichets uniques
- Une intégration des 95 ETP de l’ONISEP dans les dispositifs régionaux
- Une intervention directe auprès des enseignant·es intervenant dans de champ de l’orientation afin de placer l’ensemble de ces personnels sous pilotage régional.
Dans cette conception, les PsyEN sont présenté·es sous l’unique dimension de leur contribution à l’orientation. Les régions préconisent de « revoir leur positionnement » pour les adapter aux dispositifs territoriaux envisagés.

Que deviendraient les missions nationales ? Elle sont bien plus complexes et plus ambitieuses qu’une vision simpliste de l’orientation, réduite à un instrument de régulation économique local où le temps d’accompagnement au service des élèves et des familles semble totalement détourné des objectifs de construction d’un rapport émancipateur à l’avenir et d’une identité.

Les CIO sont, eux aussi, clairement visés. Leur rôle, d’accueil direct des élèves et des familles, d’information fiable et non orientée, d’inscription dans un cadre national identique pour tous·tes est effacé des propositions des régions qui en font des structures qu’elles voudraient absorber dans les guichets uniques.
Le risque est évident : la disparition progressive de lieux garantissant un service public national de psychologie ayant en charge les questions d’orientation dans l’Éducation nationale, neutres, attentifs aux réalités locales sans être subordonnés à des priorités économiques régionales, ni à des pressions politiques.
Il s’agit de réduire le rôle de l’État dans l’orientation et d’arrimer les parcours des élèves aux priorités régionales, au prix de l’absorption des CIO et de l’ONISEP, de la redéfinition des missions des PsyEN et DCIO, et d’une décentralisation qui transfère personnels et les moyens hors de l’Éducation nationale.
S’y ajoute la volonté de former les enseignant·es au niveau régional, ce qui renforcerait encore la main mise territoriale sur l’information donnée aux élèves et aux familles, ainsi que sur les pratiques d’orientation dans les établissements.
Le SNES-FSU rappelle que :
> L’orientation relève du service public national d’éducation, dont l’État porte la responsabilité.
> Les CIO sont un maillon essentiel de ce service public et, plus largement, d’un service public de psychologie de l’Éducation nationale, comportant toute la dimension de l’orientation au service des élèves et des familles.
> Les missions des PsyEN, définies nationalement, ne sauraient être transformées pour répondre à des priorités économiques et régionales à court terme.
Le SNES-FSU continuera de défendre les CIO, les missions des PsyEN et une conception véritablement émancipatrice de l’orientation. Il vous appelle à la plus grande vigilance pour empêcher cette nouvelle tentative de décentralisation. Le bilan des régions dans les missions d’information que leur a confié la loi de 2018, n’autorise pas vraiment à l’enthousiasme et devrait conduire à un peu plus d’autocritique de leur part avant toutes extensions de leurs compétences





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