« Les groupes de niveau en mathématiques et en français ne seront plus obligatoires » à la rentrée prochaine, annonce le ministre. C’est une grande victoire pour le SNES-FSU et la profession qui se sont mobilisés pied à pied contre une mesure de ségrégation scolaire délétère que l’Inspection générale a qualifiée de « dérive des continents » pour pointer le creusement des inégalités.
Dès le départ le SNES-FSU a outillé les personnels à partir des résultats de la recherche d’une part et des textes règlementaires d’autre part pour alerter les familles et mener la bataille en Conseil d’administration, collège par collège.
Seul le SNES-FSU a porté recours par deux fois auprès du Conseil d’État. C’est sur le fondement d’une partie de l’argumentaire du SNES-FSU que les premiers textes règlementaires imposant ces regroupements de niveau ont été annulés en novembre 2024. La décision à venir du Conseil d’État concernant les nouveaux décret et arrêté ne devrait pas tarder. C’est probablement aussi pourquoi le ministre travaille sur de nouveaux textes.
Le SNES-FSU n’a cessé d’œuvrer au niveau national auprès du ministère et au Conseil supérieur de l’Éducation pour contrer les injustices de la réforme du « Choc des savoirs » : groupes de niveau bientôt facultatifs, abandon du projet de DNB couperet et des classes impasses de Prépa-Seconde, échelonnement de nouveaux programmes et neutralisation des injonctions abusives, abandon de la labellisation des manuels.
Quel devenir pour le financement des groupes de niveau ?
En ces temps d’austérité budgétaire, le SNES-FSU réclame que les dotations soient abondées pour faire réussir l’ensemble des élèves et que dans les rares établissements où des moyens « supplémentaires » auraient été alloués pour le dispositif « groupes de niveau », ils soient maintenus. Il serait inacceptable que l’extinction de ces groupes serve de prétexte à un nouveau retrait de moyens, comme cela a pu se produire pour divers dispositifs précédents (IDD, …).
Le SNES-FSU exige un bilan chiffré des moyens actuellement utilisés à cet effet et fait ses propositions quant à leur réemploi : il faut rétablir l’enseignement de technologie en Sixième et l’autre partie de ces heures doit être reversée dans les dotations (DHG) pour être répartie sous la responsabilité des équipes et dans le respect de leurs postes.
Au détour de cette réforme, des professeur·es ont (re)découvert qu’il était plus facile de faire progresser les élèves en effectifs diminués. Le SNES-FSU rappelle que la baisse démographique doit être l’occasion de réduire drastiquement le nombre d’élèves par classe à 20 (et 16 en éducation prioritaire), notamment pour faire réussir aussi les élèves relevant de l’École inclusive.
Le ministre prétend avoir visité un collège où les regroupements de niveau satisfont les professeur·es et souhaite leur laisser le choix de poursuivre. La recherche montre pourtant que cela creuse les inégalités scolaires et sociales.
Alors que la mise en place de la réforme a conduit à des organisations toutes différentes d’un collège à l’autre, il ne sera pas admissible que de nouveaux textes appuient encore l’autonomie des établissements, outil managérial et dont la recherche indique aussi qu’elle accroit les inégalités. Ce sont les collèges de l’Éducation prioritaire ou assimilés (a minima les 15 % de collèges dont parle le ministre) qui risqueraient de conserver les groupes de niveau sous la pression des inspections, avec des préconisations de méthodes de travail procédurales, inacceptables comme celle de l’enseignement dit « explicite » (méthode québécoise).
Il est urgent que le ministre tienne son engagement et publie des textes règlementaires qui abrogent sans demi-mesure les précédents afin que les équipes pédagogiques puissent sereinement préparer la rentrée 2026 et que les collèges qui le souhaitent puissent retourner à un fonctionnement en classe entière dès janvier 26. Le SNES-FSU continue de demander l’abrogation de la réforme du « Choc des savoirs ».



Élections professionnelles :