
Les LGBTIphobies – rejet, mépris, violences à l’encontre des personnes LGBTQIA+ – restent un phénomène omniprésent, multiforme et profondément ancré dans nos sociétés. Elles se manifestent à travers les stéréotypes, les moqueries, les discriminations, les agressions psychologiques, physiques, sexuelles, et parfois même les meurtres. Au-delà des rapports interpersonnels, elles relèvent d’un système social structurant : la cis-hétéronormativité, qui érige l’hétérosexualité et le fait d’être cisgenre comme des normes, reléguant les autres identités et orientations dans la marginalité. Avec le racisme et le patriarcat, elle fait système et conditionne notre perception du monde, des autres et de nous-mêmes.
Le 17 mai : une date symbolique et politique
Le 17 mai marque un tournant dans l’histoire des droits LGBTQIA+ : c’est en 1990 que l’Organisation mondiale de la santé (OMS) a retiré l’homosexualité de la liste des maladies mentales. Cette reconnaissance, encore récente, n’est pas acquise pour toutes et tous. Les personnes trans n’ont vu leurs identités dépathologisées en France qu’en 2010, et ce n’est qu’en 2022 que l’OMS a officiellement cessé de classer la transidentité parmi les troubles mentaux. Les personnes intersexes, quant à elles, continuent de subir des traitements médicaux non consentis, souvent dès la naissance. L’OMS classe encore aujourd’hui l’intersexuation parmi les « troubles du développement sexuel », justifiant ainsi des pratiques médicales intrusives et violentes.
À côté des offensives réactionnaires et de l’extrême droite, le système néolibéral renforce également les LGBTIphobies. Sous couvert d’une neutralité libérale ou de discours progressistes, il promeut en réalité une logique de rentabilité et d’individualisme qui invisibilise les oppressions systémiques. En affaiblissant les services publics, en précarisant les existences, il rend plus difficile toute action collective pour l’égalité. Cette logique empêche notamment la mise en œuvre de politiques éducatives, sociales et sanitaires ambitieuses et inclusives. Lutter contre les LGBTIphobies, c’est donc aussi remettre en cause un modèle de société fondé sur l’exploitation, les normes dominantes et la mise en concurrence.
Un recul alarmant des droits
Partout dans le monde, les droits des personnes LGBTQIA+ sont attaqués. Aux États-Unis, en Angleterre ou en Europe de l’Est, des lois remettent en cause la reconnaissance légale des personnes trans, interdisent leur visibilité ou criminalisent leur existence. Les thérapies de conversion sont encore largement pratiquées en Europe, malgré leur condamnation par l’ONU comme pratiques assimilables à de la torture. L’association ACT (Against conversion therapy) mène en ce moment une campagne pour l’interdiction des thérapies de conversion. Le collectif éducation contre les LGBTIphobies dont la FSU est membre appelle à signer l’appel. En France, les agressions et les discours de haine progressent, alors même que le pays a reculé dans le classement des États européens protecteurs des droits LGBTQIA+. En effet, depuis 2015, la France a plongé dans le classement des pays protégeant les droits LGBTQIA+ en Europe, passant de la 5e position à la 15e (Étude menée par Ilga-Europe. Rainbow Map, 2025).
Les LGBTIphobies à l’école, dans la santé, au travail
À l’école, les LGBTIphobies restent très présentes. Moqueries, insultes, harcèlement et invisibilisation affectent profondément la scolarité et la santé mentale des élèves LGBTQIA+. Le manque de formation des personnels, l’absence de politiques de prévention ambitieuses, le silence de l’institution aggravent cette situation. Selon SOS Homophobie, 44 % des jeunes victimes de LGBTIphobie n’en parlent à aucun adulte, et seuls 5 % reçoivent un soutien institutionnel.
Dans la santé, les personnes LGBTQIA+ rencontrent encore trop souvent des jugements, des discriminations, voire des refus de soin. Les personnes trans ou intersexes sont les premières concernées, avec des parcours médicalisés contraints, une psychiatrisation persistante et un manque de formation des professionnel·les. Ces violences ont des conséquences lourdes : isolement, anxiété, dépression, suicides.
Au travail, les discriminations persistent. Révéler son orientation sexuelle ou son identité de genre expose encore à des moqueries, de l’isolement ou des discriminations à l’embauche et dans la carrière. Dans la fonction publique, plus d’un·e agent·e sur deux juge qu’une personne LGBTQIA+ mettrait mal à l’aise ses collègues en parlant de sa vie privée. Les personnes trans, en particulier, restent fortement discriminées. En effet, 35% d’entre elles indiquent avoir été discriminées au cours de l’année*.
* Selon le Défenseur des droits, Agir contre les discriminations liées à l’orientation sexuelle et à l’identité de genre dans l’emploi. 2017.
Les revendications du SNES et de la FSU
Le SNES-FSU, syndicat de transformation sociale, inscrit la lutte contre toutes les formes de discrimination, et en particulier les LGBTIphobies, au cœur de son action syndicale. Il agit notamment dans le cadre du collectif éducation contre les LGBTIphobies et revendique :
- Une formation obligatoire et régulière de tous les personnels à la lutte contre les discriminations.
- Une présence visible des thématiques LGBTQIA+ dans les manuels et les programmes scolaires.
- Une application effective et renforcée du programme EVARS (éducation à la vie affective, relationnelle et sexuelle), pour une lutte structurée et efficace contre les LGBTIphobies à l’école.
- Un meilleur accompagnement des élèves trans.
- La création de commissions paritaires pour coordonner la lutte contre les discriminations.
- La protection des établissements scolaires contre les attaques réactionnaires, en particulier contre les campagnes anti-LGBT menées par certains groupes.
- Une coopération renforcée avec les associations LGBTQIA+ pour informer les élèves, organiser des temps d’écoute et de soutien.
Le SNES avec la FSU exige également, pour l’ensemble de la société :
- La facilitation des transitions administratives et la déjudiciarisation des transitions de genre.
- La fin de la psychiatrisation des identités trans.
- L’accès aux soins pour les mineur·es trans, dans le respect de leur volonté.
- La reconnaissance légale des personnes non-binaires.
- L’interdiction complète des thérapies de conversion.
- La protection des personnes intersexes contre les mutilations médicales.
- Un accès égalitaire au travail, au logement, à la parentalité.
- Le droit d’asile pour les personnes persécutées en raison de leur identité ou orientation.
Contre les LGBTIphobies, agissons ensemble !
Lutter contre les LGBTIphobies, c’est lutter contre un ordre social fondé sur l’oppression, l’exploitation, les normes dominantes et les discriminations. C’est construire un autre monde, plus juste, plus solidaire, plus libre.
À l’occasion du 17 mai, journée internationale contre les LGBTIphobies, le SNES-FSU réaffirme son engagement pour l’égalité, la justice sociale et la dignité de toutes les personnes LGBTQIA+. Il appelle à participer au mois des fiertés, aux marches et aux mobilisations partout sur le territoire.