L’U.S. : Comment se met en place le dispositif (conditions d’accueil, questions matérielles, organisation, prise en charge) ?
Cécile Gribet : Tout d’abord, je tiens à préciser que nous sommes pleinement solidaires de tous les soignants qui font un travail admirable mais qu’il faudrait aussi penser aux enfants de tous les professionnels qui œuvrent au quotidien au bon fonctionnement de la société comme les caissières, les éboueurs, les postiers… et les professeurs volontaires engagés dans le dispositif d’accueil des enfants de soignants.
Le chef d’établissement a lancé un appel aux volontaires. On m’a proposé un planning : mardi et mercredi matin. D’autres professeurs prennent le relais pour proposer des journées complètes aux élèves.
J’ai été accueillie par l’adjointe et le principal. Puis, nous avons installé la « classe » au CDI. C’est un grand espace. Livres, manuels et ordinateurs sont à disposition. 2 élèves sont arrivés à 9 heures, le premier jour. Je les ai suivis pendant 3 heures. Il y avait une élève de 6ème du collège, déjà connue. Elle fait partie d’un dispositif spécialisé. J’étais donc assez à l’aise. Il y avait aussi un élève d’un collège du secteur, très autonome, qui savait ce qu’il avait à faire. Je les ai aidés à faire leurs devoirs. On a fait une récréation quand cela a été nécessaire. Je n’ai pas assuré un cours à proprement parler mais aidé à effectuer les devoirs donnés par les professeurs via les espaces numériques de travail. Le dispositif s’apparente davantage à du soutien, une sorte de « Devoirs faits » amélioré qu’à de véritable séances pédagogiques. J’ai adapté le travail demandé.
L’après-midi, mon collègue CPE a pris le relais. Je ne suis pas affectée sur un créneau fixe. Les emplois du temps sont aménagés en fonction de nos contraintes. Je n’assurerai pas le même nombre d’heures la semaine prochaine.
Globalement, le dispositif est satisfaisant. Les conditions matérielles sont excellentes mais on sentait tout de même un peu d’ennui dû au petit nombre d’élèves, qui de surcroît ne se connaissaient pas.

L’U.S. : Les mesures barrières sont-elles scrupuleusement respectées ?
C. G. : Le chef d’établissement m’a donné des consignes on ne peut plus claires : désinfecter les claviers, les poignées de porte avant l’arrivée des élèves et régulièrement ensuite, leur donner la possibilité de le faire eux-mêmes, en mettant les lingettes à disposition, lavage de mains fréquent, gel hydroalcoolique mis à disposition, dans le CDI, le couloir de l’administration, la salle des professeurs… Ce n’est clairement pas le cas dans tous les établissements et dans toute la France. Il est nécessaire que nos autorités de tutelle puissent garantir la sécurité de tous les personnels. En revanche, il est très difficile d’assurer un suivi nécessairement individualisé sans se pencher ou s’approcher des élèves. Cela tient de la gageure de conserver une distance de sécurité. Et encore, il s’agit de grands. Nous ne sommes pas en primaire.

L’U.S. : Quelles difficultés avez-vous rencontrées ?
C. G. : La difficulté majeure, c’étaient les ENT qui n’ont cessé de planter. Il est clair que techniquement, nous ne sommes pas prêts. Les élèves ne savaient pas bien utiliser les outils numériques mis à disposition. Pour certains, le simple fait de joindre un document à un mail est un problème. Il est évident que cela retarde les opérations voire démobilise parfois les élèves. On se rend compte à la faveur de cette crise que les usages du numérique chez nos élèves restent à parfaire.
L’autre écueil, c’est la continuité et le suivi par les adultes, étant donnée la plasticité des emplois du temps. Pas de programmation possible. L’adulte est plus un répétiteur qu’un professeur à proprement parler. Cela se résume à de l’aide aux devoirs vaguement améliorée. Par ailleurs, je ne suis ni professeur de français, ni de mathématiques. Comme pour l’aide aux devoirs, je m’appuie donc sur ce que donnent les enseignants.
Au fond, cela permet de garder un lien avec l’école, mais sans les copains. C’est un peu triste. C’est toute la dimension de la socialisation et de l’humain qui disparaît.

Propos recueillis par Hamda El khiari

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