Obstination coupable
Lors de l’examen du projet de loi de finance, deux amendements déposés par la majorité pour rendre les AED et les AESH éligibles à la prime REP/REP+ ont été rejetés.
C’est à la demande de Jean-Michel Blanquer, lui-même, que l’Assemblée nationale a, au final, rejeté ces amendements.
Concernant les AED, le ministre a opposé la possibilité de faire des heures supplémentaires.
Pour les AESH, c’est la revalorisation de la grille qui est invoquée.
Alors que pour l’ensemble des personnels qui la perçoivent, l’indemnité REP/REP+ reconnaît les difficultés spécifiques à l’exercice en éducation prioritaire, les mesures évoquées par le ministre pour justifier l’exclusion des AED et AESH du bénéfice de cette indemnité concernent l’ensemble de ces personnels.
Avec ces explications, le ministre nie donc le fait que, pour les AED et les AESH, exercer en éducation prioritaire implique des sujétions particulières qui méritent d’être reconnues financièrement.
Ces personnels sont pourtant au contact direct et continu des élèves.

Arguments fallacieux
Les heures supplémentaires ne sauraient être regardées comme une gratification. Elles sont avant tout un travail qui induit une rémunération supplémentaire. Et quelle rémunération : 13,11 € de l’heure ! À l’heure où les vies scolaires doivent faire face à une dégradation des conditions de travail du fait d’effectifs insuffisants, ce retour aux vieilles lunes du « travailler plus pour gagner plus » est à proprement parler indécent. Cerise sur le gâteau : l’amendement concernant les AED prévoyait le financement du versement
de la prime REP/REP+ par des crédits initialement dévolus à l’enseignement privé. Faut-il voir dans le refus ministériel un nouveau cadeau au privé dont Jean-Michel Blanquer est désormais un grand habitué ?
Pour les AESH, le ministre invoque là aussi une mesure générale sur laquelle il serait bien inspiré de ne pas attirer l’attention. La prétendue revalorisation de la grille est en effet un scandale révélateur du peu de cas que ce gouvernement fait des personnels pourtant en charge de ce qu’il présente comme une priorité
du quinquennat. Ce que le ministre appelle « revalorisation », c’est l’alignement sur le SMIC du premier CDD (trois ans), quatre points d’indice supplémentaires pour les trois années suivantes (soit moins de 12 € pour la majorité des AESH qui sont à 62 %) puis dix points d’indice supplémentaires tous les trois ans.
L’indigence de l’argumentation montre à quel point ce refus est aujourd’hui indéfendable.
En complément de la nécessaire revalorisation salariale des AED et des AESH, le SNESFSU exige l’attribution immédiate de l’indemnité REP/REP+ à tous les personnels qui exercent en éducation prioritaire et a notamment porté cette exigence dans un voeu intersyndical lors du CTM du 9 novembre 2021.
Emmanuel Séchet

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