Le Plan Avenir est censé faire suite à la pseudo concertation nationale, menée en catimini dans les académies, sans que les organisations syndicales et les personnels n’aient pu prendre la parole.

Après des constats mille fois rappelés sur le caractère sélectif du fonctionnement du système, l’importance des biais sociaux et de genre, des freins dus à la mobilité territoriale, on aurait pu s’attendre à un retour sur les effets produits par les différentes réformes, et par le développement non contrôlés de plateformes de conseil en ligne, par des organismes privés et non qualifiés.

Or, on cherche en vain dans la liste des mesures de ce plan prétendument ambitieux, ce qui pourrait améliorer l’accompagnement des élèves et réduire les effets des inégalités sociales.

Plusieurs mesures sont loin d’être nouvelles comme celles de la formation des professeur·es principales·aux et des enseignant·es, la mise en place de l’éducation à l’orientation dès la 5ème et la découverte des métiers sans heures dédiées ni financées, les passerelles qui ne fonctionnent pas, non pas en raison de leur complexité mais du manque de place…

https://www.education.gouv.fr/plan-avenir-l-orientation-pour-que-l-avenir-soit-un-choix-450556

La mise en place du programme Avenir(s) et le déploiement de sa plateforme est manifestement le gros enjeu de ce plan. Ce programme a fait l’objet d’un financement de 30 millions d’euros grâce aux crédits de France 2030 et constitue la colonne vertébrale de l’accompagnement de l’orientation des élèves et de leur suivi jusqu’à l’emploi.

L’association Régions de France se montre très virulente contre ce projet, estimant qu’il y a doublon avec les sites régionaux. Mais tou·te·s celles·ceux qui se sont impliqué·es dans l’accompagnement des élèves mesurent la différence et l’impérieuse nécessité de conserver une plateforme d’information assurée par l’ONISEP, même si la dimension suivi des parcours est plus contestable.

Toutefois, le Plan Avenir précise qu’il est demandé à Frédérique Alexandre-Bailly, directrice de l’ONISEP de remettre au MEN des propositions d’évolution de l’ONISEP d’ici mi-juillet. Un rappel bien sombre pour nos collègues de l’ONISEP qui, en 2018, dans le sillage de la Loi avenir professionnelle, ont perdu près de 150 postes et ont vu l’Onisep répondre à un nouveau contrat d’objectif et de performance réorientant ses missions.

  • Au lieu de contrôler davantage les dérives du marché du coaching en orientation, le ministère de l’enseignement supérieur crée un coach virtuel qui sera censé permettre aux élèves de faire des choix basés sur toutes les statistiques disponibles : le probable et non le possible. Les inégalités sociales ont encore de beaux jours !
  • L’année de césure proposée aux indécis est là encore bien marquée socialement. Pas de voyages à l’étranger pour tout le monde ! Pour les jeunes de milieu populaire, elle consistera simplement à organiser le délestage et l’abandon des études supérieures et leur engagement dans un service civique. A cet égard, la création d’un « certificat de spécialisation » (en quoi ?) est un miroir aux alouettes, car ce n’est pas un diplôme et il ne donnera pas accès directement au BTS. Il s’agit en fait de réduire l’accès à l’enseignement supérieur et à la qualification pour des questions de coûts.
  • De même, le bonus accordé aux candidats de lycée professionnel qui auront acquis de « bons comportements », notamment en surfant sur la plateforme Avenir(s) constitue une discrimination inacceptable de certains publics. Si le MEN acceptait enfin d’entendre ce que disent les travaux de recherche en sciences humaines et sociales, et non seulement en neurobiologie, il se rapprocherait de la réalité sociale !
  • Enfin, la création d’une certification en orientation dotée d’une indemnité pour les enseignants avait déjà été proposée par certains syndicats en 2018. Elle figure aussi dans le dernier rapport de la cour des comptes sur l’orientation. Or, celle-ci envisage de la financer par « la rationalisation de l’implantation des CIO » !  Entendez de nouvelles fermetures que certains rectorats commencent déjà à annoncer. Fermer un service public de proximité qui reçoit parents, élèves, étudiants, scolarisés ou non, EANA, pour financer une indemnité, c’est vraiment une logique gestionnaire bien éloignée de l’intérêt général.

L’analyse des dysfonctionnements du système d’orientation et des mesures qui sont censées les réduire reposent toujours sur les mêmes conceptions erronées : le problème serait l’accès à l’information, l’indécision des élèves en terminale pourrait se corriger en commençant l’éducation des choix en primaire, les professeur·es seraient les mieux placé·es pour s’occuper de l’orientation, la psychologie n’aurait pas grand chose à voir avec les aspirations et la projection dans l’avenir.


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