Le lancement de l’association Préau (censée proposer aux personnels des offres pour accéder à des prestations culturelles, sociales, de loisirs etc) s’accompagne de nombreuses questions : financement, gouvernance, articulation avec l’action sociale. A ce jour, il reste encore de trop nombreuses zones d’ombre !

Printemps 2021 : une annonce surprise

Dans la mise en scène très médiatique des conclusions du Grenelle de l’Education, il y avait la pseudo revalorisation historique, l’annonce de feuilles de route RH académiques parfois décalées (mettre l’accent sur les formules de politesses) et s’inscrivant complètement dans le projet ministériel de redéfinition de nos métier. Mais il y avait aussi le point 5 « bénéficier de nouveaux avantages sociaux » et l’annonce de la création d’une association nommée PRÉAU qui devait « proposer une offre de prestations culturelles, sociales, sportives, touristiques et de loisirs à destination de tous les personnels de notre ministère ».

Extrait : conclusions du Grenelle

Pourquoi le Ministre prenait-il cet engagement alors même que de telles prestations existent déjà via l’action sociale ? A plusieurs reprises, le ministre fera le parallèle avec le comité d’entreprise, pointant son absence dans l’Éducation nationale. Méconnaitrait-il l’action sociale ? Celle-ci est pourtant inscrite dans nos statuts et les instances d’action sociale ont par ailleurs fait l’objet d’une refonte importante dans notre ministère en 2013.

Il existe ainsi des instances à tous les niveaux (CNAS, commission nationale d’action sociale, la CAAS, commission académique d’action sociale, CDAS, commission départementale d’action sociale). Le SNES et la FSU y siègent et interviennent pour défendre les droits des personnels. Par exemple, en Ile-de-France, grâce à l’impulsion des représentants FSU dans les différentes instances d’action sociale (départementales, académiques et nationale), la problématique du logement en Ile-de-France a été reconnue comme prioritaire par le précédent Gouvernement et confirmée depuis, via une allocation cumulée de près de neuf millions d’euros spécifique à ce sujet pour les académies de Créteil et Versailles, ce qui représente plus de 200 logements sociaux répartis dans tous les départements des académies de Créteil, de Versailles ainsi que dans Paris..

Alors que vient faire Préau dans cette architecture déjà existante et qui fonctionne ?

Le grand flou pendant des mois

Lors de la commission nationale d’action sociale (CNAS) du 8 juin 2021, soit à peine deux semaines après la parution des conclusions du Grenelle, la FSU et le SNES ont interpelé le Ministère sur la question, en rappelant leur attachement aux instances statutaires et en demandant des précisions sur PRÉAU : quel fonctionnement ? Quel budget ? Quelle gouvernance ? Et que pouvaient être son fondement et sa légitimité à proposer une offre de prestations d’action sociale, alors même que l’arrêté ministériel de 2013 rappelle précisément que, dans notre ministère, c’est la CNAS qui organise et gère les prestations d’action sociale ? Est-ce vraiment une surprise, le Ministère n’a alors pas été en mesure de nous répondre, indiquant que le bureau d’action sociale de la DGRH (direction générale des ressources humaines) avait découvert comme nous la création de PRÉAU lors des conclusions du Grenelle.

À la rentrée, une CNAS exceptionnelle en partie dédiée à Préau est convoquée. Aucun document préparatoire n’a été envoyé et la CNAS se transforme alors en un véritable exercice de communication et de service après-vente pour faire la promotion de PRÉAU aux représentants des personnels !

Pas question de faire de l’ombre aux instances statutaires (CNAS, CAAS et CDAS) et à l’action sociale existante, Préau viendrait en complément de celles-ci assure le ministère. Les académies continueront de verser les aides existantes. Il s’agit « juste » de créer une association des personnels à l’échelle du Ministère tout entier qui permettrait à l’ensemble des personnels d’avoir accès aux mêmes avantages et que cela se ferait en lien avec les différentes associations des personnels déjà existantes. Aucune réponse précise n’est apportée sur les problématiques déjà évoquées en juin, à savoir le fonctionnement, le budget et la gouvernance, puisqu’à ce moment-là il nous a été répondu que le travail n’en était qu’à son début et que tout était amené à évoluer.

Lors de la CNAS du 15 novembre 2021, peu de nouveauté sur PRÉAU si ce n’est la communication – enfin ! – des statuts de l’association. Mais pour finalement dire, après de nombreuses questions de la FSU, que ces statuts étaient provisoires et qu’ils étaient amenés à évoluer à l’issue de la première assemblée générale de l’association qui devrait se tenir au premier trimestre 2022. Et toujours aucune réponse précise sur la gouvernance, le fonctionnement ou le budget. Par exemple, qu’en sera-t-il des représentants des personnels dans PREAU ?

Lancement en grand pompe

Il aura fallu attendre le 14 décembre 2021 pour découvrir le lancement de PRÉAU. Comme à son habitude, le Ministre sera d’abord passé par les réseaux sociaux pour communiquer sur le sujet, le mail à la Profession n’arrivant sur les boîtes professionnelles que 24h après… Il est intéressant de noter la communication organisée par le Ministère pour faire la promotion de PRÉAU : le Ministre et un grand nombre de recteurs et rectrices postant quasiment le même message à quelques minutes ou heures d’intervalle sur les réseaux sociaux. Tout cela donnant une grande impression de sincérité et de spontanéité… !

Des questions toujours sans réponse

À la découverte du site, les problèmes pointés lors des CNAS évoquées ci-dessus n’ont pas manqué d’apparaître au grand jour et les collègues ne s’y trompent pas : qui est derrière PRÉAU ? Pourquoi faut-il payer une adhésion de 10 euros pour avoir droit à des « avantages » qui relèvent de la prérogative de l’État employeur ? Qui est le groupe Edenred qui propose un certain nombre d’offres commerciales sur une plateforme dédiée ? Quelle est la subvention de l’Etat allouée à cette association ?

Le Ministère se permet même de mettre en première entrée de la FAQ du site de PRÉAU « PRÉAU s’occupe-t-il de l’action sociale ministérielle ? Réponse : PRÉAU n’a pas vocation à traiter l’action sociale ministérielle et ne se substitue ni aux services d’administration centrale ni aux services académiques dans ce domaine. En revanche, elle assure l’information régulière de ses adhérents sur les différentes actions menées dans ce cadre. » ! Préau n’aurait vocation qu’à faire de l’information ? Il faudrait donc payer 10 euros pour être informé ?

Autres problèmes pointés : comment vont être gérées les données personnelles collectées via l’inscription sur le site ? Et pourquoi faut-il d’abord payer l’adhésion pour savoir exactement les prestations que propose PRÉAU ?

La confusion entretenue entre l’action sociale et Préau est inquiétante : s’agit-il d’une basse manœuvre visant à soustraire tout un pan de l’action sociale à l’examen par les élus des personnels, ces derniers étant désignés sur la base des résultats aux élections professionnelles ?

Enfin, dans un contexte de gel du point d’indice depuis plus de 10 ans et un déclassement salarial de près de 20 %, les prestations et « avantages » proposés par PRÉAU sont loin de ce qu’attendent les personnels en matière de revalorisation !

Dès janvier 2022, le SNES et la FSU interviendront auprès du ministère pour clarifier les contours de cette structure, dans l’attente et vu les incertitudes, il n’y a aucune urgence à adhérer à Préau !

Il existe de nombreuses prestations d’action sociale auxquelles les personnels ont droit (aide au logement, chèques vacances, aide à l’installation). Les représentants FSU interviennent dans toutes les instances pour une information efficace des personnels, et pour l’augmentation de l’enveloppe budgétaire allouée. L’action sociale est un combat syndical : répondre aux besoins réels des personnels suppose d’ouvrir largement l’accès à l’action sociale, notamment en terme de prestations individuelles, mais aussi d’investir massivement dans les structures collectives : logements, crèches et haltes-garderies, restauration, maisons de retraite, sites de vacances…plutôt que de développer une structure associative aux contours et à la gouvernance flous.

Le SNES et la FSU siègent dans les CAAS et CDAS, pour en savoir plus sur les prestations d’action sociale dans votre académie, contactez votre section académique.

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